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06 Février, journée internationale de la Tolérance zéro à l’égard des MGF Mme Keïta Joséphine Traoré : une

Le nom de Mme Kéïta Joséphine Traoré est indissociable de la lutte contre la pratique de l’excision au Mali. Pendant plus de dix ans, elle a été l’une des architectes et artisanes de la Tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines. A l’occasion de la célébration du 6 février, journée internationale de la Tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines dont le thème est « Accélérer le rythme : Renforcer les alliances et créer des mouvements pour mettre fin aux mutilations génitales féminines (MGF) », la rubrique Femmes de Mali 24 revient sur le parcours de cette amazone.
Médecin spécialiste en santé publique, Mme Kéïta Joséphine Traoré a été de 1991 à 1997, directrice des Etudes du Centre de spécialisation des techniciens de santé (CSTS). En 1997, elle est nommée conseillère technique en charge des questions de santé au ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille. Première directrice du Programme National de Lutte contre la pratique de l’Excision (PNLE) porté sur les fonts baptismaux en 2002, Mme Kéïta Joséphine Traoré a fait valoir ses droits à la retraite, le 31 décembre 2015. De 1999 jusqu’à son départ à la retraite, elle a dirigé en qualité de secrétaire exécutive le Comité national d’action pour l’abandon des pratiques néfastes.
Figure emblématique du mouvement associatif féminin
Présidente fondatrice de l’Association malienne pour le bien-être de la femme et de l’enfant (AMBEFE), Mme Kéïta Joséphine Traoré est une grande militante des droits de la femme et de l’enfant et une figure emblématique du mouvement associatif féminin. Dès le début de sa riche carrière professionnelle, elle accorda une place particulière aux femmes et aux enfants. Elle est incontestablement un modèle dans la lutte pour l’émancipation de la malienne et le bien- être de ses sœurs. C’est elle qui a donné au PNLE toutes ses lettres de noblesse avec une équipe dévouée en appui.
Elle a su trouver des mots justes pour évoquer une question aussi sensible comme l’excision, une pratique traditionnelle dans plusieurs contrées du pays. Elle écoute, informe, sensibilise avec tact et savoir-faire. Mme Kéïta Joséphine Traoré ne s’est jamais découragée et a pris son courage en main pour convaincre les plus conservateurs à abandonner une pratique qui a des conséquences désastreuses sur la santé de la femme et de la fille. Grâce à ses efforts à la tête du PNLE, de nombreux villages ont abandonné la pratique de l’excision.
Au cours d’un entretien, le 04 février, en début d’après-midi, à l’hôtel Colibris à Magmambougou en marge d’un atelier de Wildaf-Mali, Mme Kéïta Joséphine Traoré évoque quelques-uns de ses succès enregistrés comme la création du programme national de lutte contre l’excision ; l’adhésion de beaucoup de leaders communautaires à la lutte ; l’abandon de la pratique de l’excision par de nombreux villages, voire des communautés entières ; la libération de la parole sur l’excision dans tout le pays. La lutte, nous confie-t-elle, s’est heurté aux pesanteurs socio-culturelles, à la sensibilité de la question, à l’ampleur du phénomène et à l’insuffisance de moyens. « L’excision est une question tabou », souligne-t-elle.
Celle qui ne se sépare jamais de son généreux sourire a dû être sourde et aveugle durant sa croisade contre l’excision aux attaques personnelles et insultes en tous genres. Face aux attaques, cette femme de grande conviction a fait preuve de pédagogie en puisant dans sa foi catholique. Mme Kéïta Joséphine Traoré a un sens très élevé de la responsabilité et du travail bien fait. Elle a toujours affiché un optimisme quant à l’aboutissement de la lutte contre les pratiques néfastes à la santé de la femme notamment l’excision.
« Kadidia » en lieu et place de Joséphine
Quand l’ancienne directrice du PNLE évoque ses souvenirs teintés d’anecdotes, elle marque quelques minutes de réflexions. « Quand nous commencions, on disait que nous avons l’argent des blancs et que nous sommes des gens achetés », se souvient-elle. Elle rappelle avec des détails précis ses discussions souvent houleuses avec certains ressortissants des villages. Avec du recul, elle s’interroge si c’était une résistance non fondée ou la méconnaissance des conséquences de l’excision. Un leader communautaire a eu l’honnêteté de reconnaitre, avoue Mme Kéïta Joséphine Traoré, « mon engagement, mon humilité et mes arguments solides ». « Vous avez des bons arguments qui tiennent la route sinon on n’allait pas être d’accord. Ce que vous avez développé nous amène à changer d’avis». Elle a eu les encouragements et les félicitations des leaders communautaires pour son courage. « Il y a des leaders communautaires qui m’ont encouragé et m’ont félicité pour mon courage parce que n’eut été mon engagement, mon humilité on n’allait pas arriver à ce niveau-là parce qu’ils ont vu d’autres passés et que je me suis mis à la disposition des gens ». A Sikasso, un leader religieux m’a dit qu’il va me rebaptiser avec un prénom musulman, se rappelle-t-elle. Et c’est Kadidia, le nom qui avait été choisi pour elle.
A en croire Mme Kéïta Joséphine Traoré, l’excision est une question importante de santé qui concerne tout le monde. « Si c’est une question importante de santé, c’est une question importante de développement », explique-t-elle.
Disponible, humble, dynamique
Mariée, mère de quatre enfants et grand-mère, Mme Kéïta Joséphine Traoré consacre une grande partie de son temps à l’animation de l’AMBEFE. Cette Ong intervient dans les domaines de la promotion et la protection des droits de la femme et de l’enfant ; de la santé et de l’éducation ; l’autonomisation des femmes ; la protection de l’environnement et la bonne gouvernance. Toujours disponible pour la patrie, elle était membre de la Commission d’organisation du dialogue inter-malien.
Chevalier de l’Ordre National depuis 2015, elle est aussi récipiendaire de la médaille de l’ordre de mérite de la santé. On retient d’elle l’image d’une femme disponible, humble, dynamique et rigoureuse. Très ouverte, elle déteste l’hypocrisie et aime la sincérité, comme en atteste son franc-parler. A 72 ans, elle consacré ses temps libres à son jardin notamment et surtout au sport. Et sans oublier ses petits-enfants qu’elle affectionne tant.

C.Doumbia

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