Activités politiques gelées au Mali : prévenir la déstabilisation ou étouffer le débat ?
Bamako, 7 mai 2025 – Au Mali, les autorités de transition ont une nouvelle fois suspendu les activités des partis politiques et mouvements associés sur l’ensemble du territoire national. Un décret présidentiel, publié ce mercredi, invoque un climat de tension et des risques pour l’ordre public pour justifier cette décision. Une mesure qui ravive le débat sur l’ouverture de l’espace politique et la liberté d’expression en période de transition.
Ce n’est pas une première. En avril dernier, un décret similaire avait déjà gelé les activités politiques pour des motifs liés à la « sécurité nationale ». Cette fois encore, les autorités brandissent la menace d’une tentative de déstabilisation, alors que plusieurs partis politiques avaient prévu un grand rassemblement ce vendredi sur le boulevard de l’Indépendance. En parallèle, un contre-meeting était en préparation, faisant planer le risque d’affrontements.
D’après des sources proches du gouvernorat du district de Bamako, plusieurs demandes d’autorisation de manifestation avaient été déposées par des partis et des mouvements de jeunes leaders, tous souhaitant occuper l’espace public le même jour, de 10h à 18h. Face à cette configuration explosive, les autorités affirment avoir pris leurs responsabilités pour éviter des débordements.
Cependant, la mesure est loin de faire l’unanimité. Une frange importante de la classe politique et de la société civile dénonce une volonté manifeste de restreindre les libertés fondamentales. « Ce décret est un recul démocratique », s’indigne un responsable d’un parti d’opposition sous couvert d’anonymat. À ses yeux, il s’agit d’« une stratégie visant à étouffer toute contestation à l’approche d’échéances électorales encore floues ».
Du côté du gouvernement, on insiste sur le caractère « provisoire » de la mesure, assurant qu’elle vise avant tout à « préserver la paix sociale dans un contexte de fragilité sécuritaire et institutionnelle ». Les autorités promettent que l’espace politique sera rouvert « dès que les conditions le permettront ».
En attendant, les partis et mouvements politiques sont réduits au silence, dans un climat de plus en plus tendu. Alors que la transition est censée préparer un retour à l’ordre constitutionnel, les voix critiques réclament plus de transparence, de dialogue et de garanties démocratiques. Une équation encore loin d’être résolue.
Dily Kane
mali24
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