4 ANS DE TRANSITION: Ce que nous attendions des militaires et leurs soutiens….

Au lieu du statu quo, ce que les Maliens attendaient plutôt de cette transition,  c’était  de les  réconcilier, pacifier le pays et baliser le terrain des refondations. Point de vue de Fabou Kanté.

Dans l’appréciation du bilan des 4 ans de la Transition, je m’en voudrais fort de ne pas m’étaler sur quelques aspects, dont je suis aussi comptable, pour avoir participé modestement à la révolte sociale qui a conduit à l’instauration de cette période exceptionnelle, dans la trajectoire républicaine et démocratique de notre pays. Ne pouvant être plus royaliste que le Roi, le mois d’août nous interpelle à un devoir de mémoire pour le vaillant peuple malien, et  singulièrement ceux qui ont consenti le sacrifice ultime pour le changement  lors  des contestions de juin à  août 2020.

Les manipulations,   l’instrumentalisation, les trahisons et les calculs politiciens qui ont fini par prendre le dessus sur les légitimes motivations des initiateurs de l’Appel au sursaut national du 14 mai 2020 lancé par le mouvement Espoir Mali Koura (EMK), n’enlèvent absolument rien à la valeur de la mobilisation des masses populaires maliennes d’alors.

C’est l’occasion de rappeler, à ceux qui sont dans les logiques visant à nous faire regretter notre combat contre le régime IBK, sous prétexte des résultats peu honorables enregistrés par ceux qui n’ont fait que profiter de nos luttes, que leur entreprise est vaine et de nul effet, car la dose de fierté que nous éprouvons, pour avoir  contrecarré et déjoué des projets politiques funestes  du défunt régime est inépuisable.

Quatre ans après le 18 août 2020, nous savourons toujours les délices de nos luttes citoyennes que nous espérons patriotiques car la Transition en cours, malgré quelques actes incontestablement salutaires, et positivement révolutionnaires, a quand même fini par mettre au grand jour non seulement la supercherie  dont les Maliens sont victimes, mais  également l’impérieuse nécessité de faire émerger une nouvelle alternative sociopolitique pour la renaissance de notre pays.

En effet, nous attendions des militaires, de leurs soutiens multiformes de l’ancien régime, et de la branche politique du M5 RFP incarnée par le Dr Choguel Kokola Maïga et ses partisans  issus des rangs du Fsd et de l’Urd, et auxquels une portion du pouvoir a été accordée par les 5 colonels, qu’ils réconcilient   les  Maliens  lacérés par 30 ans de gouvernance perverse, pacifient notre pays, et balisent le terrain  des refondations intégrant même celle de l’armée qui est une institution majeure de l’Etat ; pour un pouvoir qui serait l’expression de la volonté des Maliens exprimée par des élections propres et crédibles. Voilà le tableau de bord sur lequel cette transition devrait se pencher pour rentrer dans l’histoire des Transitions réussies au Mali. Hélas ! Les deux catégories citées plus haut, chacune dans ses spécialités et ses compétences, se sont malheureusement plutôt inscrites dans des schémas vindicatifs, de règlements de comptes, de conservation et de confiscation du pouvoir au détriment des exigences de la raison d’Etat, et des réponses à apporter aux besoins existentiels du peuple malien.

S’il est indéniable que le renforcement des capacités matérielle, opérationnelle et logistique de notre système de défense et de sécurité fait la fierté de tous les Maliens sans exclusive, l’échec de la politique sécuritaire de la Transition est sans appel. Le conflit au Nord du Mali en est l’expression la plus éloquente, qui est passé de l’objectif de recouvrer l’intégrité territoriale du pays, à réduire les mouvements signataires de l’ex – Accord d’Alger en belligérance avec l’Etat, à une situation de capitulation qui les contraindrait à quémander la paix aux autorités. C’est occulter à la fois l’histoire des conflits dans le Nord du Mali avant et après l’indépendance, les conditions qui ont prévalu à la violation du cessez-le-feu obtenu entre rebelles et Etat par la signature de l’Accord d’Alger,  mais surtout le socle des valeurs sociétales de notre pays en général et de celles particulières à la culture arabo-berbère.

Quant à la gouvernance du pays confiée au Premier ministre, celui-ci a trouvé en la Transition l’occasion historique de rendre la monnaie au mouvement démocratique, de discréditer la classe politique, de propager la haine entre les Maliens sur la base de communautarisme en s’appuyant sur le régionalisme comme instrument de conservation du pouvoir, et en maintenant une pression qui ne dit pas son nom sur ses employeurs, tout cela au détriment de l’efficacité économique et de la bonne gouvernance, plongeant ainsi notre pays dans une impasse totale, et mettant plus que jamais en mal l’équilibre national et républicain du Mali, qui restera malheureusement encore vacillant pendant de longues années, si bien que j’éprouve d’ores et déjà une grande pitié  pour les femmes et les hommes qui hériteront des commandes de l’Etat après cette Transition, tellement il sera laborieux et titanesque de remettre les Maliens en rang serré pour affronter les énormes défis qui nous assaillent de toutes parts.

Voilà, quoiqu’on puisse trouver à redire, mon avis sur la Transition.

Malgré tout, nous continuerons à œuvrer pour la multiplication de ponts entre les différentes couches sociale, politique, et économique de notre grand pays, le Mali, à appeler au dialogue et à nous accrocher aux solutions pacifiques à nos crises.

Fabou Kanté, Citoyen Lambda

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