Modibo Mao Makalou, économiste et gestionnaire financier: « La forte prévalence de l’économie informelle a des effets négatifs sur les recettes fiscales et l’efficacité des politiques publiques…. »

Selon le rapport du recensement général des unités économiques réalisé par l’INSTAT, 98% des unités économiques sont dans le secteur informel contre 2% dans le formel. Cette forte propension de l’économie vers l’informel n’est pas sans effets non seulement sur les droits et conditions de vie des travailleurs mais aussi et surtout les entreprises formelles, les recettes fiscales et l’efficacité des politiques publiques. Dans un entretien qu’il a bien voulu accorder à notre Rédaction, Modibo Mao Makalou, économiste et gestionnaire financier explique quelle stratégie adopter en faveur de la protection et de l’incorporation des travailleurs et des unités économiques de l’économie informelle dans l’économie formelle.

SelonModibo Mao MAKALOU qui cite l’Organisation Internationale du Travail (OIT), le secteur informel concerne la moitié de la main-d’œuvre mondiale et plus de 90% des micro-entreprises et petites entreprises dans le monde. « Le commerce international constitue 60% de la richesse nationale de notre économie. C’est-à-dire que le PIB repose en grande partie sur le commerce extérieur ». L’économie malienne  est  extravertie et fragile car elle est assujettie aux chocs exogènes (prix du pétrole, prix internationaux des matières premières, changements climatiques, insécurité….), elle est faiblement industrialisée et peu formalisée à cause des lourdeurs administratives. Ainsi, il me paraît plausible que plus de 90% de nos unités économiques soient informelles et concentrées autour des grands centres urbains ».

L’économiste Modibo Mao MAKALOU explique que Trois principaux produits constituent 95% de nos exportations (les biens et services vendus à l’extérieur). « L’or est le premier poste d’exportation avec environ 80% du total des exportations, le coton est le deuxième poste avec  environ 8% et les animaux vivants viennent en troisième position avec environ 5% des exportations Malheureusement, il y a très peu de transformation au niveau de ces exportations. Or, ce sont les exportations qui enrichissent un pays. Quand on vend à l’extérieur, on obtient des revenus ; par contre, quand on importe, on fait des dépenses. Le secteur primaire (agropastoral) représente 40% du PIB. Le secteur secondaire (industriel), quant à lui, constitue 20% du PIB. Le secteur tertiaire (services, transports, TIC,…) constitue 40%du PIB ».

Pour M. Makalou, les causes profondes de l’informalité comprennent des éléments liés surtout à l’environnement des affaires. « L’économie informelle est plutôt un terme générique qui désigne certaines manières d’exercer des activités économiques et  se manifeste sous diverses formes selon les pays en fonction des structures des économies. Le travail dans l’économie informelle est souvent caractérisé par des lieux de travail peu identifiables et dans des  conditions de travail assez précaires. Les travailleurs de l’économie informelle ne sont pas reconnus, enregistrés, régis ou protégés par la législation du travail ou la protection sociale. Les causes profondes de l’informalité comprennent des éléments liés surtout à l’environnement des affaires (le contexte économique, les cadres judiciaire, juridique, réglementaire et politique, le faible niveau d’éducation, l’absence d’accès aux ressources économiques, à la propriété, aux services financiers et autres services aux entreprises, ainsi qu’aux marchés….). La forte prévalence de l’économie informelle est un défi majeur pour les droits et les conditions de vie des travailleurs et a des effets négatifs sur les entreprises formelles, les recettes fiscales, et l’efficacité des politiques publiques ».

Par contre, explique-t-il, l’économie formelle est caractérisée par un niveau adéquat de compétences et de productivité, des rémunérations appropriées, une durée de travail limitée et les travailleurs de l’économie formelle sont reconnus, enregistrés, régis ou protégés par la législation du travail et/ou la protection sociale.

Quelle politique économique pour soutenir les unités économiques

A en croire l’économiste, Modibo Mao Makalou, les mesures et processus de formalisation visant à favoriser la transition vers la formalité doivent être adaptées aux conditions et  circonstances particulières rencontrées dans notre pays en tenant compte des catégories d’unités économiques et/ou de travailleurs. « La promotion du travail décent exige une stratégie globale et intégrée recoupant les politiques sectorielles et impliquant l’ensemble des  acteurs (État, secteur privé et société civile) à travers un dialogue public-privé en vue remédier aux aspects négatifs de l’informalité, tout en préservant l’important potentiel de création d’emplois et de génération de revenu de l’économie informelle. Cette stratégie devrait œuvrer en faveur de la protection et de l’incorporation des travailleurs et des unités économiques de l’économie informelle dans l’économie formelle ».

Pour réussir cette transition, dit-il, il faut transformer le secteur primaire pour avoir une agro-industrie.

« Depuis 60 ans, le Mali importe plus qu’il n’exporte. C’est en exportant l’or raffiné, le coton transformé et la viande, et les peaux et cuirs que nous pouvons augmenter substantiellement créer des emplois décents et des revenus pour la population malienne. Cela peut aussi baisser le taux de chômage. Nous ne transformons pas à cause du coût élevé des facteurs de production. Nous sommes un pays enclavé avec des infrastructures qui ne sont pas adéquates. La réglementation juridique et judiciaire est assez compliquée. Au niveau du climat des affaires, la réglementation est très lourde, le coût de l’électricité est élevé et le manque de transport public est important en zones urbaines etc. Ce sont les principales difficultés liées à la gestion de notre économie…Lire la suite https://linvestigateur.net/2023/09/12/modibo-mao-makalou-economiste-et-gestionnaire-financier-la-forte-prevalence-de-leconomie-informelle-a-des-effets-negatifs-sur-les-recettes-fiscales-et-lefficacite-des-p/

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