Entre Nous : Crise de l’emploi

La diffusion du Communiqué n°001395/CEMGA/S/CEM-RH/SG du 12 octobre 2023 du Chef d’Etat-major général des Armées relatif au recrutement des Forces de Défense et de Sécurité a suscité un engouement inédit au sein de la jeunesse en quête d’emplois. A en juger par les spectacles offerts ces dernières semaines. Des milliers de jeunes (garçons et filles) ont pris d’assaut tribunaux, commissariats et brigades de gendarmerie à la recherche des documents indispensables à la constitution des dossiers de candidature. Les difficultés d’accès aux documents administratifs ont poussé l’Etat-major général des Armées à prolonger la date limite de dépôt de candidatures au 3 novembre 2023. Les mêmes difficultés ont conduit à l’allégement des documents à fournir.

Pour ceux qui ont franchi cette étape, c’est ensuite la ruée vers les centres de dépôt des dossiers. L’accès à ces lieux est un véritable parcours de combattant pour les candidats. De nombreux postulants ont passé des nuits entières sur place dans des conditions très pénibles.

Insoutenables sont les images de ces jeunes couchés sur des cartons devant les centres de dépôt de dossiers ! Tout comme les attroupements devant les tribunaux, commissariats de police et brigades de gendarmerie laissent difficilement indifférents. A Bamako ou ailleurs à travers le pays, des personnes de bonne volonté se sont mobilisées pour apporter qui de l’eau, qui de la nourriture et des nattes à ces martyrs du chômage qui ont décidé de passer la nuit dans la rue dans l’espoir de voir leurs dossiers enregistrés.

Ces images sont révélatrices de la gravissime crise de l’emploi qui frappe le Mali à l’instar de plusieurs pays africains. Elles interpellent aussi les décideurs à prendre à bras le corps l’épineuse question du chômage des jeunes.

Le 13 décembre 2011, au cours du lancement des Journées de l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (APEJ), le Président Amadou Toumani Touré déclarait que «la problématique de l’emploi des jeunes est une question de sécurité nationale». Douze (12) ans après, ces propos demeurent d’une brûlante actualité.

Le pire à craindre est de voir ces jeunes désœuvrés constituer des proies faciles pour les groupes armés et, donc, des menaces potentielles pour la paix et la stabilité nationale. La lutte contre le chômage des jeunes en milieu rural et urbain est l’un des leviers à actionner dans le cadre de la guerre contre le phénomène  terroriste.

Ainsi à cette jeunesse désespérée en quête permanente d’emploi, les pouvoirs publics doivent impérativement proposer une alternative. Au-delà des discours, il faut donc des actes concrets tirés d’une vision articulée autour d’une meilleure répartition des ressources publiques. La solution existe : c’est juste un peu de courage de la part des décideurs qui doivent privilégier l’intérêt général dans la gestion des affaires de la cité.

Par Chiaka Doumbia

LE CHALLENGER 

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