Modibo Sissoko à Kati Coco-plateau: Le génie de la maroquinerie !
Modibo Sissoko est un jeune Katois pour qui l’industrie des cuirs fins n’a de secret. Désormais, il y consacre toute sa vie avec amour, passion et dévouement. Animé d’une grande ambition qu’il nourrit depuis un certain temps, Sissoko n’entend pas seulement se contenter de la satisfaction de ses seuls clients ; il rêve de créer un centre de formation en maroquinerie afin de former beaucoup de jeunes comme lui. Et pour cela, le jeune Modibo ayant suivi des formations en la matière au Mali et à l’étranger, a besoin de l’appui et le soutien de tout un chacun. Nous l’avons trouvé dans son atelier, ce soir-là à Kati Coco-plateau pour qu’il nous parle davantage de son métier de cœur. Voici l’entretien.
Présentez-vous s’il vous plait
Je suis Modibo Cissoko, je fais de la maroquinerie, c’est-à-dire la fabrication en cuir des sacs à main pour homme et femme, des portefeuilles, chaussures, ceinturons des policiers, étuis à arme, etc. Nous fabriquons des produits personnalisés ou non, c’est-à-dire en inscrivant le prénom et nom du client.
Depuis combien d’année exercez-vous ce métier ?
Je l’exerce depuis 2015. Swisst contact a lancé un appel d’offre pour la formation de 10 jeunes en maroquinerie, j’ai eu la chance d’être sélectionné. J’étais d’abord à San, puis en Côte d’Ivoire où j’ai suivi deux années de formation. En 2018, je suis rentrée au Mali et j’ai effectué une année à l’Artisanat, c’est ainsi que je suis allé m’installé à San pour ouvrir mon atelier. Et c’est suite à la retraite de mon père que je suis revenu à Kati pour continuer mes activités auprès de mes parents.
Avez-vous des apprentis ?
J’ai formé 5 personnes et présentement mon magasin de San est occupé par l’un de mes apprentis.
Quels sont les matériaux utilisés dans le cadre de ton travail ?
La base c’est le cuir qui constitue de la matière première, de la colle, ciseaux, pression, du fil, une machine qui est fondamentale.
Comment vous vous procurez le cuir ?
C’est une vielle dame qui me fournit en matière première : des peaux d’animaux, notamment des moutons ; chèvres que nous utilisons beaucoup. Pour les ceintures, certains préfèrent la peau de python ou de Caïman.
Avez-vous des difficultés à vous en procurez ?
A part la peau de caïman, pour le reste il n’y a pas de problème.
Pouvez-vous nous parlez de la fabrication d’un de vos produits ?
Pour la fabrication d’un sac à main par exemple ou tout autre produit, la première des choses, on trace un format soit de 35 sur 40 cm ou 40 sur 50 cm. On fait le moule, puis on prend le cuir. Pour un sac, il faut souvent 4 à 5 peaux d’animaux. On fait le devant, derrière et le milieu, enfin on relie ces différentes parties avec la machine.
Il y a toute sorte de clients, il y a certains qui font des commandes sur place, d’autres sur rendez-vous. En une journée, je peux fabriquer 20 portefeuilles surtout avec la machine qui me rend la tâche facile. Pour un sac il en faut une journée au maximum.
Quels sont les règlements intérieurs en vigueur dans votre atelier ?
Quand un client vient faire une commande sur place, je le fais asseoir et fais son travail. Mais quand tu viens faire une commande sur rendez-vous, j’exige le paiement d’une avance d’abord, car il y a certains qui viennent commander mais qui ne reviennent plus.
Qui sont vos clients ?
Tout le monde. Hommes, femmes, vieux, jeunes tout sexe confondu. Parfois je reçois beaucoup de commandes émanant des forces de sécurité pour les étuis et ceinturons, parfois des professeurs pour des sacs, des dames pour les portefeuilles. Il y en a qui font des commandes en gros. La majorité de mes clients sont des étrangers.
Quelles difficultés rencontrez-vous dans l’exercice de ce métier ?
En ma qualité de formateur certifié, l’une de mes difficultés aujourd’hui, c’est l’espace et tout ce qu’il faut pour créer un centre afin de former de nombreux jeunes. Ce métier c’est ma passion, après le baccalauréat je n’ai voulu autre chose que l’exercice de l’industrie des cuirs fins. C’est mieux que d’aller perdre son temps dans nos universités. Malheureusement, on postule toujours pour des appels d’offres mais sans suite. Il existe des machines plus sophistiquées qui permettent de booster la production, notamment pour la fabrication des chaussures, de broderie sur le cuir, des designs dont j’ai véritablement besoin. Je veux valoriser ce métier mais je manque de moyens.
Votre mot de la fin
Mon souhait le plus ardent est la création d’un centre de formation en maroquinerie, une école de métier. Et je vous remercie pour la chance que vous m’offrez de parler de mon métier, c’est une première pour moi.
Moussa DIARRA
Source: Le Sage