#BenbereVerif : Faux, cette image ne montre pas un véhicule blindé détruit par la Minusma

Dans le sillage du retrait de la Minusma du Mali, une image d’un véhicule estampillé “UN” en feu est faussement présentée comme une destruction volontaire de matériel par la Minusma.

“Mali/La @UN_MINUSMA met hors service des équipements, des véhicules, des munitions ou des générateurs, faute de pouvoir les emporter !  Vous quittez un Pays en guerre que vous étiez venus soutenir, vous détruisez matériels en partant. C’est quoi comme logique ça ?”. Ce texte a été publié sur le réseau social X (Twitter), par Issa Sissoko Elvis le 29 octobre 2023. La photo qui l’accompagne est celle d’un véhicule blindé en feu de couleur verte et portant les inscriptions  “UN” et “42”.

La publication, largement partagée dans des groupes Whatsapp et Telegram au Burkina Faso, a été vue par plus de 33.000 abonnés de X à la date du 29 novembre 2023. Cette image, montre-t-elle vraiment des équipements militaires détruits par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) lors de son départ du Mali ?

D’où vient l’image ?

Une recherche inversée d’image avec l’outil Google reverse Image, a permis de retrouver la même photo dans une publication effectuée le 28 octobre 2023 par la page Facebook Alkebulan Infos. La page indique qu’il s’agit d’une attaque du JNIM contre un convoi transportant des engins de la Minusma en direction de Dakar. Le JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) est un groupe armé crée en 2017. Il résulte de la fusion de plusieurs groupes armés au Mali affiliés à Al-Qaïda dont al-Mourabitoun, la branche saharienne d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Ansar Dine et la Katibat Macina. Fasocheck a contacté Menastream, une organisation spécialisée dans le monitoring et la recherche sur la sécurité et les conflits au Sahel et en Afrique du Nord. Elle a confirmé que le véhicule blindé incendié appartient à la Minusma. Le véhicule incendié était dans «un convoi logistique qui se dirigeait vers le Sénégal dans le cadre du plan de retrait de la mission de maintien de la paix de la MINUSMA». Et «le JNIM a revendiqué la responsabilité et déclaré que ses combattants avaient incendié quatre véhicules, dont les deux véhicules blindés» a détaillé Menastream. Cet incident, a poursuivi Menastream, a eu lieu le 27 octobre 2023 entre Didiéni et Diéma, respectivement situés dans les régions de Koulikoro et Kayes.

Un départ progressif mais difficile

Sur demande des autorités maliennes, le Conseil de sécurité de l’ONU a entamé le 30 juin 2023, le démantèlement des 13 bases de la Minusma d’ici le 31 décembre 2023. Dans le cadre de son retrait progressif, la Minusma a annoncé le 18 novembre 2023 que les Casques bleus ont quitté Ansongo, leur 9è base. Le 31 octobre 2023, le contingent tchadien avait lui aussi quitté sa base de Kidal après que le camp d’Aguelhoc a été fermé 12 jours plus tôt. Une partie des convois transportant les troupes et leurs matériels a été la cible d’attaque à engins explosifs, a informé la Minusma sur son site internet. La mission de maintien de la paix au Mali a précisé, dans un communiqué de presse, que son retrait de Kidal a été accéléré en vue de préserver la vie des Casques bleus. Elle a ajouté avoir été contrainte «en dernier ressort» de «détruire et de mettre hors service des équipements sensibles» conformément aux dispositions des Nations-Unies. Si la fermeture de cette base a été dénoncée par les autorités maliennes qui ont déploré sa non-rétrocession à l’armée malienne «comme stipulé dans le calendrier d’occupation des emprises Minusma», l’organisation onusienne, elle, invoque le fait que «les 200 camions en attente à Gao depuis le 24 septembre» n’ont «pas été autorisés à faire mouvement vers Tessalit, Aguelhok et Kidal pour collecter lesdits équipements en vue de leur expédition hors du Mali».

La Minusma autorisée à détruire les équipements sensibles

Les équipements des missions de maintien de la paix de l’Onu sont la propriété des pays contributeurs de troupes et de police et «toutes les armes, munitions, véhicules blindés, avions et autres équipements militaires sensibles ne peuvent faire l’objet de don ou de vente» a déclaré la Minusma dans une fiche d’information. Ces matériels, a poursuivi l’organisation, «sont gérés avec soin et sont soit renvoyés dans leur pays d’origine, soit éliminés». Concernant les articles qui peuvent être vendus ou cédés, seuls les pays contributeurs troupes et de police peuvent décider, soit de les vendre, de les donner à d’autres pays contributeurs, à la Mission, à des agences des Nations unies, à des organismes gouvernementaux locaux ou à des organisations non gouvernementales. Le matériel endommagé qui ne peut être réparé ou vendu peut être confié à la Mission qui se chargera de l’ «éliminer». En fin de mandat, appartient en principe aux pays contributeurs de troupes et de police la décision sur la manière de gérer ces ressources leur appartient, leur offrant la possibilité de rapatrier, d’en faire don, de vendre ou de transférer les équipements à la Minusma.

Conclusion

Faux ! Le véhicule blindé en feu n’a pas été détruit par la Minusma. Il s’agit plutôt d’image de l’attaque perpétrée par le JNIM sur un convoi logistique de la Minusma se dirigeant vers le Sénégal dans le cadre du plan de retrait de la mission de maintien de la paix de la paix. L’image a donc été sortie de son contexte.

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