Tension entre Mali et Algérie: Une Bombe à désamorcer

La diplomatie entre le Mali et l’Algérie se trouve actuellement à un point critique, marqué par le rappel des ambassadeurs des deux pays au nom de la réciprocité.

Du point de vue géostratégique, le Mali partage plus de 1300 km de sa frontière avec l’Algérie, créant ainsi des liens étroits en termes économiques, de sécurité, humains, et surtout avec l’accord d’Alger qui est désormais menacé en raison de la reprise des hostilités entre le Mali et les groupes armés. La situation est encore exacerbée par l’intervention inattendue du Maroc, jetant de l’huile sur le feu de cette crise déjà tendue.

Le rappel diplomatique, invoquant le « principe de réciprocité, » a atteint son apogée lorsque le Mali a décidé de rappeler son ambassadeur en Algérie. Cette décision, annoncée le 22 décembre par le ministère malien des Affaires étrangères, est une réponse directe aux actes jugés « inamicaux » et à l’ingérence présumée d’Alger dans les affaires intérieures maliennes.

L’ambassadeur du Mali en Algérie a été rappelé pour consultation, mais aucune information n’était disponible quant à un rappel similaire de l’ambassadeur d’Algérie à Bamako. Cette escalade diplomatique a été précédée de réunions entre l’ambassadeur algérien et des séparatistes touareg, sans l’implication des autorités maliennes. De plus, l’Algérie a reçu l’Imam Mahmoud Dicko, une figure malienne influente et critique du pouvoir en place, amplifiant les tensions dans une période déjà critique pour le Mali.

Certains observateurs géopolitiques estiment que l’Algérie a une position floue dans la crise malienne, avec des allégations de soutien tacite aux terroristes et aux rebelles sur son territoire. D’autres suggèrent que l’Algérie pourrait être liée à une politique d’extensionnisme visant à contrôler le territoire malien. Malgré ces défis, la nécessité de préserver la stabilité régionale et les relations de longue date entre les deux pays appelle à une révision de la collaboration, avec un accent particulier sur la sécurité frontalière.

La crise malienne a besoin d’une médiation sincère de l’Algérie, en coopération avec les pays du Sahel, pour établir une base de collaboration solide. La présence de groupes armés ayant la nationalité algérienne et des concessions dans le pays soulève des questions sur la transparence de la position de l’Algérie dans la résolution de la crise.

La transition malienne devrait également privilégier le rassemblement pour la paix et établir un climat de collaboration avec l’Algérie, élément clé de la résolution de la crise malienne. La préservation des relations bilatérales et la recherche de solutions communes sont essentielles pour désamorcer cette bombe géopolitique et favoriser la stabilité dans la région du Sahel.

Modibo Fofana

Mali24

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