LUCARNE: UNE ANALYSE TROP SIMPLISTE ET À CHARGE DU PR MAKAN MOUSSA SISSOKO SUR LES COUPS D’ÉTAT AU MALI

Pour le professeur Makan Moussa Sissoko, la République du Mali en moins de soixante-dix (70) ans d’existence a déjà connu une multitude d’intrusions de l’armée sur la scène politique nationale. L’ancien ministre de la République, croit que ces intrusions n’ont été que les conséquences d’actes irresponsables de certains hommes politiques, qu’il qualifie de nains politiques qui n’ont rien compris au jeu démocratique.

 

L’intellectuel commence par donner une leçon sur la démocratie en affirmant que les acteurs du jeu doivent juste accepter les résultats du scrutin. Il a quand même oublié de signaler quelque part que le processus même, peut être mis en cause suite aux malversations des structures impliquées dans son organisation entre autres. De ce fait, accepter de perdre des élections sans rancœur doit impérativement résulter de sa bonne organisation avant tout.

 

Ensuite, le haut cadre fait l’éloge de l’alternance en ce qui concerne la démocratie sénégalaise, en citant d’abord le président Wade, qu’il qualifie d’être un très bon perdant. Il faut rappeler au professeur que durant sa campagne en 2000, Wade a demandé à l’armée de faire respecter la volonté de changement du peuple sénégalais en cas de fraude du pouvoir. Également Me Wade a dit ceci pendant les moments de troubles sociaux pendant la précampagne de 2000 « L’armée et les jeunes doivent prendre leurs responsabilités », Sud Quotidien, 31 décembre 1999. Le professeur doit intégrer que la résilience n’a pas toujours été le fort de Me Wade.

 

Par ailleurs, pendant la dernière campagne pour la présidentielle sénégalaise qui a vu le succès de Bassirou Diomaye Faye, lors de l’interview exclusive que le président Sall a accordée à l’agence de presse américaine « The Associated Press» Il a ravivé la contestation de son pouvoir dans des menaces à peine voilées, Macky Sall a demandé aux acteurs politiques de faire attention parce qu’ils ne sont pas seuls sur la scène.

 

En outre, la défaite de Donald Trump en 2020 a secoué l’une des plus grandes démocraties, sinon la première du monde, nous rappelant que ce système est une quête permanente malgré qu’elle soit le meilleur système.

 

Alors, quand le professeur soutient qu’au Mali tous les coups d’Etat perpétrés ont été initiés par des hommes politiques, j’y mets réellement un bémol parce que les hommes politiques seuls ne peuvent initier un coup d’Etat, et les militaires ne sont pas obligés de suivre ces politiques initiateurs. Ils peuvent simplement refuser, sinon ils deviennent aussi co-initiateurs.

 

Au Sénégal, les militaires ont toujours refusé catégoriquement de faire un coup d’Etat, avançant que leur rôle était de protéger leur pays contre les agressions extérieures, je me souviens encore de la vidéo d’un officier de l’armée sénégalaise au plus fort de la crise sous Macky Sall allant dans ce sens, répondant précisément au président Sall.

 

Le professeur doit savoir que l’armée est la véritable garante de la démocratie. D’ailleurs c’est celle des États-Unis qui a fortement montré son engagement républicain, pour que Donald Trump soit contraint de respecter les règles établies aux USA, rendant ainsi effective la continuité de l’alternance. Quant au Sénégal, les religieux, et les officiers supérieurs décideurs au sein de l’armée savent mettre le pays au devant de tout, le politique qui oublie cela va certainement l’apprendre à ses dépends.

 

Il faut seulement constater qu’au Mali la faiblesse dans la gestion de nos institutions, la cupidité de beaucoup de nos cadres, la mauvaise influence d’un grand nombre de nos animateurs mal formés au sein de nos médias, l’ignorance de la chose politique par une bonne proportion de nos populations, sont les facteurs qui ont contribué à affaisser amplement notre démocratie.

 

Le professeur a dit également, que pour lui, la seule alternative est le régime parlementaire. Mais il pense en même temps qu’un tel régime ne peut fonctionner en Afrique, que sauf si dans le couple exécutif, un ne soit pas un élu. Il nous cite le cas du Brésil avant la démocratie, où le militaire le plus ancien dans le grade le plus élevé devenait Chef de l’Etat. Qu’est-ce qu’il veut expliquer concrètement aux maliens? L’acceptation d’un régime parlementaire militaire ou militarisé comme solution ? Si c’est cela il doit encore mieux l’apporter.

 

Ou, veut-il juste se dissocier des politiques en perte de vitesse auprès de l’opinion nationale ? Si c’est cela je ne trouve pas bien sa démarche, car on est, pour moi, a  un moment ou nous devons entendre nos intellectuels autrement, c’est-à-dire dans la posture de proposer des solutions véritables sans aller dans les critiques du passé. On doit aujourd’hui dire aux maliens que des erreurs ont été commises, même des fautes graves, cependant, comme les dirigeants de l’ANC l’ont préconisé, un moment donné, les fautifs, car tout le monde n’a pas fauté, donc que ceux qui ont mal agit, reconnaissent officiellement leurs forfaitures, qu’ils soient sanctionnés durement ou mollement selon la volonté affichées du peuple sous une conduite éclairée des autorités, qu’ensuite, nous partons vers des solutions efficaces pour un développement véritable.

 

En guise de conclusion, nous allons juste dire au professeur que le Brésil a fini par revenir à la démocratie réelle, après beaucoup de maux subis par les citoyens, à travers les agissements du régime militarisé. Aussi, pour sa gouverne, le Cap-Vert à côté de nous, est en train de devenir un pays extraordinaire avec un régime parlementaire dans lequel, les deux pivots du couple exécutif sont civils et élus.

 

Nous, nous croyons sincèrement au bonheur des maliens, seulement si l’on prône d’abord l’amour de la patrie, puis la cohésion réelle, ensuite à l’engagement pour une vision solide résultante de réflexions véritables venant d’intellectuels dépourvus de toute recherche de notoriété personnelle ou autres. Si les maliens arrivent à réunir ces éléments énumérés, nous serons certains que ce pays formidable se dressera avec dignité et fierté dans le concert des nations.

 

Moussa Sey Diallo.

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