Sécurité : les axes routiers devenus des nids criminogènes
mali24
De nos jours, les grands axes routiers et parfois même des routes nationales au Mali sont une véritable source d’insécurité. Outre leur état de délabrement avancé, nos routes sont également la cible de toutes sortes de criminels y compris les terroristes. Ces derniers vont même jusqu’à rendre certaines routes impraticables. De plus, l’hivernage qui a déjà débuté est loin d’arranger la situation.
À l’allure où les choses évoluent, le voyage à l’intérieur du pays ne sera possible que pour les plus nantis. Bientôt, pour rallier le Nord ou certaines parties du centre du pays, les seuls moyens de transport sécurisés seront les avions ou les embarcations. Du fait de cette situation, plusieurs parties du pays risquent de se retrouver isolées. C’est le cas notamment de la situation sur la Route Nationale 16 reliant Sévaré à Gao. Outre le fait que depuis sa construction depuis les années 1980, cette route n’a pratiquement jamais été rénovée en dépit des promesses d’acquisition de fonds faites par les régimes précédents.
Blocus autour de la ville de Boni imposé par la katiba Macina
Actuellement, cet axe routier très stratégique n’est que l’ombre de lui-même. Avec la saison des pluies en cours, c’est quasiment impossible d’emprunter cette route. À cette situation, il faut aussi ajouter l’insécurité. En effet, cette route est aussi très endommagée par la déflagration causée par les engins explosifs improvisés placés sur l’axe par les terroristes pour freiner la progression des patrouilles militaires. En plus de cela, depuis quelques mois, les terroristes de la Katiba Macina ont imposé un blocus autour de la ville de Boni menaçant de prendre pour cible tout celui qui emprunte cette route.
Du coup, les véhicules notamment les cars de transport venant de Gao sont obligés de passer plusieurs jours à Gossi pour attendre une escorte militaire. Il en est de même pour ceux venant de Bamako qui doivent séjourner sans savoir pour combien de temps à Douentza. Le cas est pratiquement similaire sur la Route Nationale 17 reliant Gao, Ansongo, Labbezanga jusqu’à la frontière du Niger.
Là, ce sont surtout les terroristes de l’Etat Islamique qui y règnent sur les deux rives du fleuve. Nos sources précisent aussi que la situation n’est pas si différente sur l’axe Dogofry-Goma Coura- Nampala, bloqué depuis novembre 2021 par la Katiba Macina (GSIM). En plus de ces attaques, les voies autorisées sont impraticables avec l’arrivée des premières averses. Ainsi, des localités comme Nampala, Léré, Niafunké, Goundam, Tombouctou sont quasiment coupées du reste du pays par route.
Et que dire de la route nationale 15, connue sous le nom de « la route du poisson » reliant Sévaré à Koro en passant par Bandiagara et Bankass. Depuis avril dernier, cette route est interdite à toute circulation de 16 heures à 8 heures du matin.
Une mesure visant à contenir les nombreuses attaques terroristes perpétrées sur cet axe routier et faisant plusieurs victimes et des dégâts matériels aussi bien les civils que les éléments des forces armées maliennes sont prises pour cible. À noter que cette mesure ne concerne pas les forces armées maliennes, les véhicules de la Minusma et les ambulances.
L’installation de postes de sécurité
À cette situation, il faut aussi ajouter celle de la Route Nationale 1 reliant Diema, Kayes jusqu’à la frontière du Sénégal. Récemment, c’est un Bus de transport et un véhicule de la société GREENTEC.sarl qui ont été la cible d’une attaque par des bandits armés non identifiés.
Leurs passagers ont été dépouillés de tous leurs biens avant que les rafales d’armes automatiques ne soient tirées en direction des véhicules sans faire de victime. La scène s’est déroulée la semaine dernière à Dalibera, un village situé sur l’axe Sandaré-Diéma.
À plusieurs reprises, des mouvements d’assaillants ont été signalés dans de nombreuses localités de la zone. On se souvient aussi qu’en début du mois dernier, deux travailleurs humanitaires de la Croix-Rouge ont été tués dans cette même zone. De plus en plus, les populations de ces zones exigent l’installation de postes de sécurité sur cet axe routier afin de contenir l’insécurité qui prend de graves proportions sur ces routes.
Cheick B. CISSE
LE WAGADOU