Déplacés : Ces Maliens oubliés de tous
Le Mali fait face à des crises complexes, qui ont entraîné des déplacements massifs de populations à l’intérieur de nos frontières. Elles y sont contraintes par les tensions et conflits communautaires armés, les attaques terroristes, les conditions climatiques extrêmes qui obligent de nombreuses personnes à l’abandon du bercail et de leur domicile pour trouver refuge dans des camps de déplacés internes. La ville de Bamako en compte à elle seule 4 sites de déplacés, notamment le centre Mabilé, le site de Faladjè, le camp de réfugiés de Senou et le site de Niamana. Ces déplacés internes vivent souvent dans des conditions précaires et pour certains même l’eau est devenue un luxe. Dépourvues de tout revenu fixe leur permettant de subvenir à leurs besoins, ils ne doivent leur survie, selon eux, qu’à l’assistance humanitaires du gouvernement, des ONG, des partenaires et d’associations de bienfaisance. Ces canaux de subsistance, selon témoignages recueillis par nos soins, sont en passe de tarir parce qu’elles connaissent un considérable ralentissement depuis Ramadan, la période où les aides humanitaires affluent le plus. Ainsi, les apports et assistances se caractérisent par une irrégularité telle que le sentiment d’être oubliés, isolés et laissés pour compte prédomine chez la plupart de ces concitoyens juchés dans leurs abris délabrés et exposés aux caprices de l’hivernage. Ça n’est pas la seule précarité qui les affecte. Aucun des quatre sites d’accueil de la capitale ne dispose d’un service de santé alors que leur vulnérabilité est accentuée par la détérioration croissante d’un environnement insalubre à nul autre comparable. Las de désillusions et d’espoirs déçus, certains occupants comptent de moins en moins sur l’Etat et ses assistances approximatives. C’est le cas de MD, un homme d’un certain âge qui a dû fuir son village dans le centre du pays. «Nous voulons avoir du travail afin de pouvoir subvenir à nos besoins, au lieu d’attendre toujours de l’aide de la part des autres», nous a-t-il fièrement confié.
Aly Poudiougou
Le Témoin