Cercle de Kéniéba : L’ethnie Garanké victime de discrimination

La communauté Garanké (cordonniers) du village de Kéniékéniéba, dans la commune de Dialafara, cercle de Kéniéba, est confrontée à une discrimination ethnique persistante, accompagnée de préjugés, de haine et de violence. Malgré les appels à l’aide et à la paix lancés par l’Association des Garankés du Mali (AGK), la situation continue de s’aggraver, risquant de provoquer un conflit meurtrier.

Le lundi 29 juillet 2024, les Garankés du Mali, représentés par M. Baraka Diawara, président de l’AGK, ont exprimé leur ras-le-bol face à cette discrimination raciale et sociale lors d’une rencontre avec la presse. Ils dénoncent les injustices sociales dont ils sont victimes depuis longtemps, notamment de la part du chef de village de Kéniékéniéba et de ses partisans.

M. Diawara a accusé ouvertement le chef du village et ses alliés de pratiquer une discrimination outrancière à l’encontre des Garankés, qui souhaitent exercer l’orpaillage traditionnel comme les autres ethnies. En conséquence, les Garankés sont maltraités, emprisonnés, séquestrés, expulsés de leurs familles et du village, et leurs biens sont détruits.

Il a également averti les autorités nationales du risque d’implosion de la situation, pouvant conduire à des affrontements entre jeunes dans le village. Plus de cent Garankés, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont déjà été contraints de fuir le village, certains se retrouvant sans moyens de subsistance ou de soins.

M. Tibou Faiké, président de la Coordination des Associations pour le Développement de la Région de Kayes, a souligné que malgré l’article 1er de la nouvelle constitution, qui interdit toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la religion, la race, la couleur, l’ethnie ou le sexe, les Garankés du village de Kéniékéniéba continuent de subir des traitements inhumains. Parmi les mesures contraignantes imposées à la communauté, il y a l’interdiction pour les femmes Garankés de puiser de l’eau potable aux fontaines publiques, d’acheter des condiments comme la viande et le poisson, d’accéder aux boutiques ou encore de recharger leur téléphone.

La menace de mort est devenue une réalité quotidienne pour les familles Garankés, proférée par certaines notabilités du village. Le porte-parole des victimes, Bamba Diauné, a révélé que malgré plusieurs recours en justice, aucune mesure concrète n’a été prise, même lorsque des convocations de la gendarmerie ou du procureur de Kéniéba ont été ignorées par les responsables locaux.

Aujourd’hui, les regards sont tournés vers les autorités du pays pour désamorcer cette situation explosive. Un affrontement potentiel entre les communautés dans le village de Kéniékéniéba pourrait avoir des conséquences dramatiques pour tout le pays.

Affaire à suivre.

Mohamed Kanouté
Source : Mali24

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