Mme Maly Sangho dite Bibi : L’amie protectrice des enfants
La fondatrice de l’Orphelinat Niaber Maly Sangho est devenue au fil des ans le symbole de l’aide aux enfants orphelins. Portrait de l’amie protectrice dont l’engagement cadre avec l’esprit de la journée internationale des droits, célébrée chaque 20 novembre.
De taille pas très grande et de teint noir et brillant, Maly Sangho dite Bibi est née un certain 22 septembre 1960, le jour où le Mali a proclamé son indépendance. Son père, un receveur des PTT (Postes, télégraphes et téléphones) décida de donner à son nouveau-né le nom : Mali. Elle ne sait pas pourquoi son père a décidé «de donner le nom de l’enfant au pays indépendant». A l’âge de 5 ans, Bibi, un surnom veut dire en langue sonrhaï « noir » perd son père. La jeune fille grandit alors sous l’ombre de sa mère, Niaber, une vraie amazone qui a pris en charge tous ses enfants ainsi que ceux du village en l’absence de son mari. Un exemple de courage et combativité.
Courage et détermination, hérités de sa mère !
Grace à sa mère, Maly Sangho est inscrite à l’école. En 1979, l’année où elle obtient son baccalauréat est vraiment mouvementée au Mali avec des grèves scolaires. La jeune bachelière avec pleins de rêves doit se marier. En fille révoltée, elle a essayé de protester sans avoir raison sur les parents qui avaient le dernier mot. De cette union, elle a eu sept (7) enfants (cinq filles et deux garçons). Elle n’est pas au bout de sa peine. Son époux la quitte très tôt. Elle se retrouve avec ses enfants. Comme sa mère, elle a tenu bon. Bercée par le courage et la détermination, elle reprend le chemin des études. Elle séjourne dans une grande école internationale de gestion, d’hôtellerie et de tourisme. Elle continue ensuite aux Etats-Unis son apprentissage en langue anglaise et en informatique de gestion.
En plus de ses progénitures, les enfants du quartier et ceux de la rue avaient pris l’habitude de manger chez elle. Et elle acceptait ce sacrifice malgré la modicité de ses moyens. C’est ainsi que Maly Sangho nourrit l’idée d’ouvrir un orphelinat. Elle fonde en 1993 l’Orphelinat Niaber en hommage à sa vieille mère. Situé à Sébénikoro en commune IV du district de Bamako, cet établissement est géré par l’Association pour la sauvegarde de l’enfance (ASE), une association à but non lucratif. Actuellement l’Orphelinat héberge plus de 200 enfants dont l’entretien au quotidien est assuré un personnel qualifiée de 13 agents. On y trouve des orphelins, des enfants abandonnés ou perdus de leurs parents ; des jeunes femmes avec un ou deux enfants qui sont sans abri. Mais aussi des enfants dont les parents sont incapables de s’en occuper, pour des raisons diverses, telles que la maladie, l’isolement social ou familial ou des situations tragiques comme les agressions sexuelles. L’Orphelinat Niaber s’est imposé au fil du temps comme un lieu de refuge et d’espoir pour de nombreux enfants issus des couches défavorisées.
La devise de Maly Sangho est « s’il y en a assez pour un, il y en a assez pour tous ». La fondatrice de l’Orphelinat Niaber incarne une vision de solidarité et d’entraide. Elle rappelle volontiers que chacun mérite une chance de vivre dans les bonnes conditions.
Les enfants qui se trouvent chez Bibi Sangho ont besoin d’accompagnement au quotidien. Ils doivent être nourris, soignés et scolarisés pour leur offrir un avenir meilleur. La Fondatrice de l’Orphelinat Niaber lance un cri de cœur aux plus hautes autorités afin qu’elles puissent prendre en compte le cas de ces enfants issus de couches défavorisées afin de ne pas rajouter une autre souffrance à celle qu’ils vivent déjà. Elle plaide aussi pour l’introduction du programme d’éducation aux valeurs dans le cursus scolaire. Mme Bibi Sangho accorde une importance toute particulière à l’éducation des enfants. Et le visiteur est impressionné par les premiers enfants croisés qui saluent avec un sourire aux lèvres.
Une dame au grand cœur
Femme battante et engagée pour la cause des enfants, Maly Sangho est une dame au grand cœur qui affectionne les enfants. Elle est devenue au bout de plusieurs années d’abnégation le symbole de l’aide aux enfants orphelins. Généreuse, Bibi Sangho se départit rarement de son sourire « qui masque de nombreux malheurs ».
Elle aime la perfection et rejette farouchement le désordre. Elle se pose comme une femme qui aime la paix et la cohésion. Mme Bibi Sangho déteste le mensonge. Car, pour elle, « le mensonge est à la base de tous les maux».
Son engagement pour la cause des enfants lui a valu plusieurs distinctions au Mali comme à l’extérieur. Officier de l’ordre national du Mali, l’amie protectrice des tout-petits a eu, en 2013, le prix de la meilleure maman en Turquie.
Korotoumou Doumbia