Vers les élections générales…: Exilés et détenus politiques en stand-by ?
Si la diaspora vote lors de l’élection présidentielle, les responsables et cadres politisés ; en délicatesse avec la justice, vont-ils observer en spectateur le processus électoral devant couronner la Transition malienne ? Des indices semblent le laisser penser.
Pour un processus électoral inclusif et participatif servant de base consensuelle à la refondation, l’ensemble des forces vives du pays doivent être impliquées.
Les autorités de la Transition sont désormais résolument engagées dans une dynamique de décrispation et d’apaisement du climat sociopolitique national. Cet nouvel élan est marqué par la série de concertations des forces vives que vient d’entamer le nouveau Premier ministre, chef du Gouvernement, le Général Abdoulaye Maïga. Il s’agit, assure-t-il de concrétiser la volonté du chef de l’Etat de réaliser « l’union sacrée » de tous les Maliens autour de la gouvernance du pays Ce rassemblement des acteurs sociopolitiques vise à susciter une adhésion populaire ou une assise nationale dans la prise des grandes décisions.
Ainsi, pour l’amorce de ce dernier virage de la Transition, il semble qu’aucun pan des forces vives du pays ne doit être laissé en marge. C’est le cas des voix audibles de la diaspora, en particulier les cadres et responsables politiques contraints à l’exil, surtout après les événements d’août 2020.
En effet, pour donner plus de chance de succès aux initiatives visant à renforcer la paix et la réconciliation entre les fils du même pays, il sied d’envisager des mesures de décrispation plus poussées en direction de ces Maliens. Car, l’on sait que le Mali a un fort contingent de ressortissants en Côte d’Ivoire. Et ce vivier est depuis, plusieurs années, renforcé par une fuite de cerveaux politiques, dont la plupart sont issus du régime IBK. C’est ainsi que l’on annonce que des personnalités comme l’ancien Premier ministre, Dr Boubou Cissé, des anciens ministres comme Tiéman Hubert Coulibaly, l’ancien député et fils du défunt président IBK, Karim Kéita séjournent régulièrement en Côte d’Ivoire… A ceux-là s’ajoutent bien d’autres hauts cadres qui sont hors des frontières maliennes depuis plusieurs années, comme les anciens ministres Mamadou Igor Diarra, Moustapha Ben Barka, Me Kassoum Tapo Parmi ce beau monde, certains sont sous le coup de mandats d’arrêts international pour divers dossiers. Ce qui les empêche de rentrer au bercail par ces temps pour, ne serait-ce qu’apporter leur modeste pierre à l’édification de la nation en refondation.
Or, pour davantage impliquer les compétences nationales enrichissantes, il urge que les hautes autorités élargissent les bases des actions politiques en vue. A titre d’exemple, les expertises nationales en matière de réformes politiques et institutionnelles dans divers secteurs ne manquent pas au sein de cette riche diaspora. Comment alors ménager ses efforts visant à tendre la main à ces Maliens ? Quel niveau d’assise auront des réformes n’ayant pas recueilli l’implication des pans entiers des forces vives nationales ?
En outre, nul n’ignore que la Constitution de la IV ème (promulguée en juillet 2023) République requiert une adhésion dans la majorité des Maliens. Cela ne semble pas être le cas ? Il est donc nécessaire que, dans la mise en œuvre de cette nouvelle Loi fondamentale, les autorités recherchent un véritable «consensus national » pour aller à des élections apaisées. Il faut donc que les exilés politiques et assimilés bénéficient de mesures exceptionnelles de confiance en vue de susciter leurs participations à ces échéances. Cela constituera un facteur solide d’entente nationale pouvant faire face à toutes les adversités d’origine néocoloniale. Et ce ne sont les défis de consolidation de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) qui freineront cette dynamique de rassemblement des forces vives nationales.
Par ailleurs, cette dynamique de l’union fait la force ne doit point permettre aucune déperdition d’énergie à laisser à quai. Il gaut lancer un grand appel de retour au pays pour aider les autorités de Transition à prendre des mesures appropriés de sortie de crise en vue de consolider la marche vers une paix définitive et la réconciliation dans des pays, lessivés par des crises multidimensionnelles. C’est dans cette optique qu’il urge d’accélérer les mécanismes de règlements politiques des dossiers de certains cadres politiques encore en détention. Car, il est hautement souhaitable qu’avant d’aller aux urnes, aucun détenu n’ait une coloration politique.
Bourama SYLLA