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Refondation de l’Etat :  Un téléchargement lent…

La refondation de l’Etat malien a-t-elle du plomb dans l’aile ? Son processus semble, plus de quatre ans après le début de la Transition, mal inspiré avec un téléchargement ralenti. 

La Transition en cours a débuté en septembre 2020, avec comme leitmotiv la refondation de l’Etat malien. Plus de quatre ans après, l’on se perd en conjectures quant à l’atteinte de cet objectif. Cela veut dire clairement, qu’il est difficile à l’observateur averti de dire, aujourd’hui, que le pays a véritablement progressé ou pas ; par rapport  à sa gouvernance. Le bilan du renouveau institutionnel du pays est plutôt mitigé, du fait de nombreuses exclusions et des tares du passé.

En effet, peut-on rassurer les Maliens que la gouvernance vertueuse est aujourd’hui une réalité concrète dans leur pays ? Rien n’est moins sûr. Car les rapports des structures de contrôle de la gouvernance sont encore bien fournis en irrégularités et cas de malversations. Idem pour les cas d’enrichissement illicites, de trafics d’influence et autres pratiques de gabegies voire de clientélismes dans la gestion des affaires publiques. La refondation de l’Etat ne devrait-elle pas s’opérer de facôn drastique dans ces domaines ? Sûrement ! Les attentes sont fortes et l’on est resté sur sa faim… Puisque les deniers publics sont encore victimes de nombreuses indélicatesses.

Par ailleurs, les autorités de la Transition  se sont récemment engagées dans une dynamique de décrispation et d’apaisement du climat sociopolitique national. Cet élan devrait être marqué par des concertations des forces vives. Mais cela s’est limité à quelques rencontres que le nouveau Premier ministre, le Général Abdoulaye Maïga a eues avec des partenaires sociopolitiques. Ces rencontres suffisent-elles pour concrétiser la volonté du chef de l’Etat de réaliser « l’union sacrée » de tous les Maliens autour de la gouvernance du pays Ce rassemblement des acteurs sociopolitiques vise simplement à susciter une adhésion à la prise des grandes décisions. Ce qui n’a pas encore donné une base inclusive aux chantiers de la refondation.

Ainsi, pour l’amorce de ce dernier virage de la Transition, il semble qu’aucun pan des forces vives du pays ne doit être laissé en marge. C’est le cas des voix audibles de la diaspora, en particulier les cadres et responsables politiques contraints à l’exil, surtout après les événements d’août 2020.

En effet, pour donner plus de chance de succès aux initiatives visant à renforcer la réconciliation entre les fils du même pays, il sied d’envisager des mesures de décrispation plus poussées en direction de ces Maliens. Car, l’on sait que le Mali a un fort contingent de ressortissants en Côte d’Ivoire. Et ce vivier est depuis, plusieurs années, renforcé par une fuite de cerveaux politiques, dont la plupart sont issus du régime IBK. C’est ainsi que l’on annonce que des personnalités comme l’ancien Premier ministre, Dr Boubou Cissé, des anciens ministres comme Tiéman Hubert Coulibaly, l’ancien député et fils du défunt président IBK, Karim Kéita séjournent régulièrement en Côte d’Ivoire… A ceux-là s’ajoutent bien d’autres hauts cadres qui sont hors des frontières maliennes depuis plusieurs années, comme les anciens ministres Mamadou Igor Diarra, Moustapha Ben Barka, Me Kassoum Tapo Parmi ce beau monde, certains sont sous le coup de mandats d’arrêts international pour divers dossiers. Ce qui les empêche de rentrer au bercail pour apporter  leur modeste pierre à la construction de l’édifice national. Il s’agit de celui de la refondation véritable de la patrie malienne.

Or, pour attirer les expertises nationales, les autorités doivent  élargir les bases des actions politiques en vue. A titre d’exemple, les hauts  cadres bloqués à l’extérieur et ceux rasant les murs à l’intérieur doivent jouer leur partition dans  le chantier des réformes politiques et institutionnelles. Ils doivent contribuer significativement aux initiatives nouvelles de gouvernance dans divers  secteurs. Comment alors ménager ses efforts visant à tendre la main à ces Maliens ? Quel niveau d’assise auront des réformes n’ayant pas recueilli l’implication des pans entiers des forces vives nationales ?

En outre, nul n’ignore que la Constitution de la IV ème (promulguée en juillet 2023) République requiert une adhésion dans la majorité des Maliens. Cela n’est pas le cas. Il est donc nécessaire que, dans la mise en œuvre de la nouvelle Loi fondamentale, les autorités recherchent un véritable «consensus national », pour aller à des élections apaisées, dans un Mali véritablement refondé. Il urge que tout l’establishment national bénéficie de mesures incitatives et courageuses, en vue de les associer aux mesures refondatrices. Cela constituera un facteur solide d’entente nationale pouvant dissuader toutes les adversités…

Par ailleurs, le principe de l’union fait la force ne doit autoriser aucune déperdition d’énergie, aucune marginalisation. Il faut lancer un grand appel de retour au pays pour aider les autorités de Transition ç consolider le processus de sortie de crise, en vue de consolider la marche vers une paix définitive et la réconciliation dans le pays. Comme cela est le cas dans des nations aussi touchées par des crises multidimensionnelles. C’est dans cette optique qu’il urge d’accélérer les mécanismes de règlements politiques endogènes des conflits. Ce qui permettra d’élargir des cadres politiques en détention. Car, il est fortement souhaitable qu’avant d’aller aux urnes, aucun détenu politique ne soit en prison.

Bourama SYLLA

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