Fermeture des espaces aériens : l’Algérie provoque, le Mali riposte

Depuis quelques jours, les relations entre le Mali et l’Algérie traversent une zone de turbulences sans précédent. La récente attaque présumée contre un drone malien, survenue mardi  dernier dans une zone frontalière sensible, a jeté un froid diplomatique entre les deux pays voisins. En toile de fond : la question du contrôle des frontières, de la souveraineté nationale, et des enjeux géostratégiques dans la bande sahélo-saharienne.

Un drone malien ciblé : le début de la crise

L’incident qui a mis le feu aux poudres s’est produit dans la région frontalière entre le nord du Mali et le sud algérien, plus précisément dans une zone où l’armée malienne mène régulièrement des opérations de reconnaissance pour surveiller les mouvements des groupes armés. Selon des sources sécuritaires maliennes, un drone de surveillance appartenant aux Forces armées maliennes (FAMa) a été pris pour cible, dans ce qui s’apparente à un acte hostile. Bien que l’Algérie n’ait pas officiellement revendiqué cette attaque, plusieurs analystes pointent vers une implication directe ou indirecte des autorités algériennes.

La réaction de Bamako : fermeture de l’espace aérien

En réponse à ce qu’elle considère comme une atteinte grave à sa souveraineté, les autorités maliennes ont décidé de prendre des mesures fermes. Selon des informations relayées par plusieurs sources proches du ministère de la Défense, le Mali a temporairement fermé son espace aérien à tout appareil provenant du territoire algérien, y compris les vols humanitaires ou de coopération sécuritaire. Cette décision, bien que symbolique, envoie un signal fort sur la volonté du Mali de ne plus tolérer des intrusions jugées hostiles.

L’Algérie sous pression : provocation ou stratégie régionale ?

Du côté algérien, le silence officiel est interprété par certains observateurs comme une stratégie d’escalade maîtrisée. Depuis plusieurs mois, Alger exprime ses inquiétudes concernant l’évolution politique et sécuritaire du Mali, notamment après le retrait des forces françaises et onusiennes, et le rapprochement de Bamako avec d’autres partenaires comme la Russie. Certains y voient une volonté de l’Algérie de reprendre l’initiative sur le plan régional, en affirmant son influence sur la bande sahélienne.

Enjeux de fond : souveraineté, influence et sécurité

Au-delà de l’incident aérien, cette montée de tensions met en lumière des enjeux beaucoup plus profonds. Le Mali, depuis le coup d’État de 2021, affirme avec insistance sa souveraineté et rejette toute ingérence étrangère, y compris celle de ses voisins. L’Algérie, de son côté, s’est toujours positionnée comme un acteur incontournable dans les processus de paix, notamment à travers l’Accord d’Alger de 2015, aujourd’hui en grande difficulté.

Quel avenir pour les relations entre Bamako et Alger ?

Le risque d’une rupture diplomatique n’est pas à exclure si les tensions ne sont pas désamorcées dans les jours à venir. Des canaux de médiation restent toutefois envisageables, notamment à travers des partenaires comme l’Union africaine . Mais pour le moment, la méfiance règne. Le climat est à la riposte, plus qu’au dialogue.

Dily Kane

Mali24