Qui sera succèdera au pape François ? “Ce candidat transcende un peu tous les continents”
Qui sera le prochain pape ? C’est la question qui se pose sur toutes les lèvres dans les couloirs du Vatican, alors que quelques noms circulent déjà. “Cette élection est presque toujours le fruit d’un compromis”, explique le professeur de droit canonique Rik Torfs, qui envisage plusieurs options possibles. “Le nouveau pape n’est jamais une copie conforme de son prédécesseur.”
Avec la mort du pape François, Rome se prépare à de nouvelles élections. Les cardinaux se réuniront en conclave et voteront pour désigner le nouveau chef spirituel de l’Église catholique. Ils sont 136, mais seuls ceux de moins de 80 ans ont le droit de voter. Une limite qui en écarte de facto six de la course au Saint-Siège. Puisqu’il faut une majorité des deux tiers pour élire le nouveau pape, il faut donc qu’un minimum de 87 cardinaux s’accordent sur un seul nom.
“Ils n’y réussissent jamais du premier coup”, note le professeur Rik Torfs. “Il y a toujours plusieurs tours de scrutin. Les candidats souvent cités par les rumeurs figurent souvent parmi les premiers choix de nombreux cardinaux et obtiennent parfois de bons résultats au premier tour. Ensuite commence la recherche du consensus et du compromis, qui peut aboutir à l’élection de personnalités qui n’avaient jamais été évoquées auparavant.”
Le pape François a toutefois fait en sorte que le conclave soit rempli de personnes partageant les mêmes idées. Les deux tiers des cardinaux ont été nommés par lui au cours des douze dernières années. Cependant, la probabilité que le nouveau pape soit une copie conforme du précédent est très faible. “Depuis la Seconde Guerre mondiale, le nouveau pape a toujours eu un profil différent du précédent”, explique Rik Torfs. “À Pie XII, rigide et plutôt conservateur, succéda Jean XXIII, jovial et progressiste. Puis Paul VI, un intellectuel réfléchi et lui aussi un peu plus conservateur, est arrivé. Jean-Paul II et Benoît XVI avaient ensuite un profil encore plus conservateur, mais leurs styles et leurs méthodes de gouvernance différaient grandement. Benoît XVI était ainsi un pape beaucoup moins autoritaire. François, en revanche, était beaucoup plus progressiste.”
Un mouvement de va-et-vient
“Il y a effectivement toujours un mouvement de pendule”, affirme Emmanuel Van Lierde, ancien rédacteur en chef du magazine d’opinion chrétien Tertio et auteur d’un livre sur le défunt pape. “Un représentant d’un nouveau courant sera presque certainement élu, mais la probabilité qu’il s’agisse d’un ultra-conservateur est, compte tenu de la composition du conclave, vraiment très faible.”
Parmi les nouveaux cardinaux nommés par François ces dernières années figurent de nombreux évêques d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique, des continents où la foi catholique est encore en pleine croissance. L’Asie, en particulier, semble être un bon terreau pour choisir le prochain pape selon Van Lierde. “Le Vatican tente depuis des années de renforcer ses liens avec la Chine, qui représente un vaste ‘territoire à conquir’, pour ainsi dire. Un pape asiatique pourrait contribuer à atteindre cet objectif. Les Philippines sont devenues le pays le plus catholique du monde, et deux cardinaux y sont mentionnés comme candidats : Ambo David, récemment nommé et qui a étudié à Louvain, et Luis Antonio Tagle, qui travaille désormais à la curie à Rome. Le nom de Charles Maung Bo, originaire du Myanmar, circule également.”
Tant Torfs que Van Lierde considèrent qu’il est peu probable que nous assistions à l’élection du premier pape noir. “Parce que ces cardinaux africains sont presque tous très conservateurs”, explique Torfs. “Ils se sont par exemple unanimement opposés à Benoît XVI lorsqu’il a commencé à une ouverture sur les couples homosexuels. De nombreux étrangers pourraient trouver un pape noir branché et y voir le signe d’un progrès, mais ses choix politiques ne le seraient certainement pas. Peter Turkson, du Ghana, est un homme brillant, et son nom circule également dans les médias catholiques conservateurs comme candidat, mais lorsque l’UE a commencé à soutenir un centre pour personnes transgenres dans son pays, il a protesté avec véhémence. De plus, plusieurs cardinaux africains, inspirés par les troubles dans leurs pays d’origine, sont ouvertement anti-islamiques. Cela représente également une difficulté pour leurs candidatures.”
Cinquante nuances d’Églises
Progressiste ou conservateur, noir ou blanc, etc : en réalité, dans l’Église catholique, il y a toute une palette de nuances ecclésiastiques. Mais ces différences ne sont jamais très grandes. “Le rôle des femmes dans l’Église, l’homosexualité, la maltraitance infantile, les scandales financiers… représentent autant de sujets qui sont toujours restés en suspens. L’Église ne connaît pas de grands succès sur ce plan”, affirme Rik Torfs.
La probabilité que le prochain pape soit ouvertement progressiste est donc elle aussi très faible. “Les progressistes se trouvent principalement en Europe. Mais le pouvoir de l’Europe au sein de l’Église catholique diminue”, explique le professeur. “Des représentants d’autres continents leur demandent : ‘Est-ce que vous agissez si bien que cela?’ L’inconvénient de nombreux cardinaux non européens est qu’ils ont peu ou pas d’expérience à Rome, et disposent d’un réseau relativement restreint.”
Pour ces raisons, Cristobal Lopez Romero représente l’un des noms à garder à l’esprit, selon Van Lierde. Espagnol de naissance, missionnaire en Amérique latine et aujourd’hui archevêque de Rabat, au Maroc. Il transcende un peu les continents.
Disposer d’un réseau est nécessaire pour avoir une chance d’obtenir le titre de pape. Impossible d’y parvenir par soi-même. Une personne qui tenterait de s’imposer seule n’y arriverait probablement pas. “Les tentatives du cardinal Godfried Danneels en est un bon exemple”, explique Torfs. “Vous ne devez pas faire preuve d’empressement et vous avez besoin de soutiens qui vous présenteront à d’autres cardinaux et défendront vos intérêts.”
Rik Torfs identifie un autre critère-clé pour devenir pape, et l’illustre avec un des favoris pour succéder à l’ancien pontife : “L’un des soi-disant candidats les plus prometteurs est Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican. C’est un homme d’une grande noblesse, mais à mon avis, trop bon pour devenir pape. Cela peut paraître ironique, mais pour réussir en tant que pape, on ne peut pas être le portrait craché de Jésus, et être ne serait-ce qu’un peu malicieux suffit pour réussir.”
Source : HLN
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