Mali : l’ONU appelle les autorités à annuler l’abrogation de la charte des partis politiques
L’Organisation des Nations Unies a exprimé ce lundi de vives préoccupations suite à l’annonce par les autorités maliennes de la transition de l’abrogation de la loi portant charte des partis politiques le 13 mai 2025 – . Dans un communiqué publié par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, l’organisation exhorte les autorités de Bamako à revenir sur cette décision jugée attentatoire aux libertés fondamentales et au pluralisme politique.
Un recul démocratique selon l’ONU
« La décision des autorités maliennes de transition d’abroger la charte des partis politiques constitue une menace directe pour la liberté d’association et la vie démocratique dans le pays », a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat, lors d’un point de presse à Genève. Selon elle, cette mesure, prise en dehors d’un processus inclusif, compromet les efforts pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Le texte abrogé régissait le fonctionnement, le financement et les droits des partis politiques. Sa suppression ouvre la voie à une restriction accrue de la participation politique et à une gestion plus centralisée de l’espace civique.
Une décision controversée au plan national
Le gouvernement malien, par la voix du porte-parole du Conseil national de transition, a justifié cette abrogation par la nécessité de « refonder le système politique national » et de « lutter contre la fragmentation partisane », accusée d’avoir fragilisé les institutions de la République.
Cependant, cette décision est loin de faire l’unanimité. Plusieurs formations politiques, aujourd’hui suspendues, dénoncent une dérive autoritaire. Des organisations de la société civile parlent quant à elles d’une « confiscation du débat démocratique » dans un contexte où les libertés d’expression et de manifestation sont déjà sous pression.
Pour l’ONU, il est impératif que les autorités de transition garantissent un environnement propice à une transition démocratique apaisée. « La liberté d’association et d’expression est essentielle à la construction d’un État de droit. Nous appelons les autorités à engager un dialogue inclusif et à rétablir la charte des partis politiques ou à proposer un texte alternatif respectueux des normes internationales », insiste le Haut-Commissariat.
L’organisation internationale appelle également les partenaires régionaux, notamment la CEDEAO et l’Union africaine, à suivre de près l’évolution de la situation au Mali.
Vers une reconfiguration du paysage politique ?
Alors que la transition devait s’achever en mars 2024, la suspension du calendrier électoral et les décisions récentes tendent à alimenter les inquiétudes sur une éventuelle prolongation indéfinie du pouvoir transitoire. Pour nombre d’analystes, l’abrogation de la charte des partis pourrait s’inscrire dans une stratégie visant à remodeler le paysage politique selon des critères non consensuels.
Mohamed Kanouté – Mali24.info
.
En savoir plus sur Mali 24
Subscribe to get the latest posts sent to your email.