Journée internationale de sensibilisation à l’albinisme « L’albinisme n’est pas un frein à l’exercice d’un métier », dixit Mme Dembélé Lalla Aicha Diakité
L’Assemblée générale des Nations unies a adopté, le 18 décembre 2014, une résolution consacrant le 13 juin, Journée internationale de sensibilisation à l’albinisme. Mme Dembélé Lalla Aicha Diakité est Présidente de l’Association Solidarité pour l’Insertion des Albinos du Mali (SIAM). Créée en juin 2009, cette association appuie énormément les personnes atteintes d’albinisme. Elle œuvre pour l’insertion sociale et professionnelle des albinos, ainsi que pour leur santé et leur bien-être.
Titulaire d’une maîtrise en Langues étrangères appliquées et communication (Option Sciences Economiques et Juridiques), elle est responsable des risques et conformité au Fonds de Garantie hypothécaire au Mali (FGHM-Sa) et membre du Conseil d’Administration de l’Hôpital de Dermatologie de Bamako.
Dans le cadre de la célébration de la journée internationale de sensibilisation à l’albinisme, la rubrique de Femmes de Mali 24 a donné la parole à Mme Dembélé Lalla Aicha Diakité. Elle nous parle de l’albinisme, des albinos mais aussi de sa vie association.
Sa vie associative
Il faut savoir que j’ai une vie professionnelle bien remplie, et ma vie associative je la mène en parallèle. L’idée m’est venue de créer l’association avec un groupe d’amis tous atteints d’albinisme dans le seul but d’aider nos semblables.
L’association a comme domaines d’intervention :
– La prévention contre le risque des cancers de la peau à travers la distribution gratuite de crèmes solaires ;
– La prise en charge des cancers de la peau ;
– Les consultations gratuites et distributions gratuites de verres correcteurs ;
– Le financement des frais de scolarité des enfants atteints d’albinisme ;
– Le financement d’Activités Génératrices de Revenus ;
– Le suivi psychologique des personnes atteintes d’albinisme.
Comment faire face aux stigmatisations en milieu scolaire ?
Oui, j’ai été stigmatisée comme toute personne vivant avec l’albinisme. Mais avec le soutien de ma famille, j’ai appris à vivre avec et à surmonter les regards. Pour faire face à cette stigmatisation, il faut se doter d’une grande force de caractère. Et cette force de caractère, on ne peut l’avoir qu’avec le soutien de son entourage. La perception de la famille joue énormément dans le développement mental d’une personne atteinte d’albinisme, c’est ce qui vous permettra d’avancer dans la vie. Le rôle et le regard positif de l’entourage et de la famille sont primordiaux pour notre épanouissement.
L’albinisme ne l’a pas empêché d’exercer le métier qu’elle voulait
Non. Il faut savoir que sur le plan intellectuel, l’albinisme n’est pas un frein à l’exercice d’un métier. Par contre, les activités qui peuvent l’amener à s’exposer au soleil sont préjudiciables pour lui. Ou les professions qui nécessitent d’avoir une bonne vue. Autrement, avec un milieu familial favorable, on peut s’adapter à toutes les situations. J’ai eu à rencontrer des personnes atteintes d’albinisme qui ont occupé des hautes fonctions, des médecins, des financiers, des avocats etc.
Le soutien de son mari ne lui a pas manqué
Pour ma part, j’ai eu beaucoup de chance. Que ce soit mon mari ou mes enfants, ils me considèrent comme une personne à part entière et non comme personne atteinte d’albinisme. Contrairement à beaucoup de personnes, je n’ai pas connu de problème particulier. Avec les campagnes de sensibilisation, la population commence à s’habituer aux albinos et commence à comprendre ce qu’est l’albinisme. Donc, ce qui fait qu’il y a moins de rejet mais cela existe toujours et cela dépend aussi des zones dans lesquelles on se retrouve.
Par contre, j’ai connu des femmes au sein de l’association qui ont vu leur vie impactée et même basculée à cause d’un mari malveillant qui les avait épousées pour des croyances et non par amour.
Les conseils pour la jeunesse
Le premier conseil que j’ai à donner aux jeunes c’est d’abord accepter son albinisme, s’assumer et s’épanouir, et cela ne peut se faire sans l’assistance des proches. Ensuite, il faut étudier même si c’est difficile car notre vue faible nous pénalise. Ne pas s’isoler et avoir confiance en soi. Il est important d’accepter sa situation mais aussi de tout faire pour étudier, j’avoue que ce n’est pas facile parce que à cause de l’acuité visuelle qui est très basse mais il faut l’étudier parce qu’un albinos ne peut pas faire tous les métiers par exemple sous le soleil. Il est préférable d’étudier et d’avoir un travail de bureau, dans une entreprise, dans tous les cas, un travail à l’abri du soleil.
Il faut préciser que l’association est soutenue par l’hôpital de dermatologie de Bamako, des ONG et particuliers de bonne volonté qui l’accompagnent dans ses activités, par exemple des partenaires par rapport à l’optique, l’association des intervenants dans le domaine de l’optique, la Fondation irlandaise pour les albinos, la Fondation Pierre Fabre en France qui est leur partenaire essentiel depuis 2016.
Propos recueillis par Kada Tandina
Mali24
En savoir plus sur Mali 24
Subscribe to get the latest posts sent to your email.