Transition prolongée :Le Général Assimi Goïta, reste president jusqu’à la pacification du Mali
Jeudi 3 juillet 2025 restera comme un tournant majeur dans l’histoire politique récente du Mali. À l’unanimité (131 voix pour, 0 contre, aucune abstention), le Conseil National de Transition (CNT) a voté la modification de la Charte de la Transition, ouvrant la voie à un nouveau mandat de cinq ans pour le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, avec une prolongation possible jusqu’à la pacification complète du pays.
Sous la présidence de l’honorable Général Malick Diaw, cette révision confère désormais une base juridique solide à la continuité du pouvoir des autorités de la transition , tout en introduisant plusieurs changements majeurs :
- Une durée de transition prolongée et ouverte :La Transition est fixée à cinq ans, mais elle reste extensible jusqu’à la stabilisation totale du pays. Si le texte prévoit la possibilité de raccourcir cette période si les conditions d’organisation d’élections crédibles sont réunies plus tôt, rien n’indique pour l’instant un calendrier électoral précis.
- Éligibilité du président et des acteurs de la Transition :Désormais, Assimi Goïta, les membres de son gouvernement et du CNT peuvent se porter candidats aux futures élections présidentielles et générales. Cette disposition, inédite depuis l’installation de la Transition, suscite déjà des réactions contrastées au sein de la classe politique et de la société civile, certains y voyant un verrouillage institutionnel en faveur du pouvoir en place.
- Incorporation de la Constitution de 2023 :Le texte révisé intègre la Constitution adoptée le 22 juillet 2023, renforçant la cohérence juridique entre les différents instruments régissant l’État malien.
- Hiérarchie des normes clarifiée :En cas de conflit entre la Charte de la Transition et la Constitution, cette dernière prime, réaffirmant la suprématie de la loi fondamentale.
Entre stabilité recherchée et craintes de confiscation du pouvoir
Pour les autorités de la Transition, cette réforme s’impose comme une nécessité face aux défis sécuritaires et politiques qui minent toujours le Mali, notamment la poursuite des attaques terroristes, la désorganisation institutionnelle et l’érosion progressive de la confiance citoyenne.
Cependant, pour de nombreux observateurs, cette prolongation institutionnalise la domination du pouvoir militaire et éloigne un peu plus l’horizon d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel. En rendant éligibles les acteurs actuels de la Transition, elle alimente également la perception d’une Transition instrumentalisée à des fins politiques, au détriment de son caractère initialement neutre et transitoire.
À Bamako comme à l’international, la décision du CNT ravive ainsi le débat sur la pérennisation du pouvoir militaire. Si la stabilisation du pays reste une priorité incontestée, la question essentielle demeure : vers quel modèle politique et institutionnel le Mali se dirige-t-il désormais, et à quel prix démocratique ?
Ibrahima Baba Traoré dit IB
mali24
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