Finance : le Mali prend le contrôle total de la BNDA et affirme sa souveraineté économique
Le Conseil des ministres du 13 août 2025 a entériné une décision historique qui marque un tournant majeur dans la politique économique et agricole du Mali. L’État a racheté les parts détenues par l’Agence Française de Développement (AFD) au sein de la Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA), portant ainsi sa participation à 100 % du capital.
Une banque désormais totalement nationale
Avec cette opération, la BNDA devient un instrument entièrement souverain au service de la politique agricole du Mali. Le gouvernement entend désormais orienter les financements vers des priorités strictement nationales, à l’abri de toute influence extérieure.
Créée en 1981, la BNDA avait pour mission de financer le développement rural, l’agriculture, la pêche, l’artisanat et l’habitat. Jusqu’ici, l’État détenait 77,33 % du capital, contre 22,67 % pour l’AFD. Le retrait de cette dernière s’inscrit dans une réorientation de sa stratégie, laissant le Mali maître de son outil financier.
Un levier pour la souveraineté alimentaire
Cette acquisition donne à l’État les moyens d’orienter directement les crédits agricoles afin de soutenir la souveraineté alimentaire et de stimuler la transformation locale. Désormais, la BNDA pourra adapter ses produits financiers aux réalités maliennes sans se plier à des exigences extérieures.
Les agriculteurs et cotonculteurs seront les premiers bénéficiaires de cette réforme. L’accès au crédit agricole sera élargi pour faciliter l’acquisition d’intrants, de matériels et soutenir les campagnes cotonnières. L’État pourra aussi réguler les conditions de prêt et stabiliser les taux d’intérêt afin de protéger les petits producteurs.
Des retombées pour le Trésor public et l’écosystème bancaire
En devenant l’unique actionnaire, l’État pourra mieux coordonner les flux financiers entre la BNDA et les autres institutions publiques. Cette nationalisation permettra également de réduire les coûts liés aux négociations avec les bailleurs étrangers et de recapitaliser la banque selon les priorités budgétaires nationales.
Ce repositionnement ouvre aussi de nouvelles perspectives pour l’écosystème bancaire. La BNDA, renforcée dans sa spécialisation agricole, pourra collaborer avec la BDM-SA (banque commerciale dominante) et la BMS-SA(spécialisée dans l’habitat et le commerce) afin de développer des financements hybrides, tels que l’agro-industrie, l’agro-habitat ou l’agro-commerce.
Défis et perspectives
La réussite de cette réforme dépendra néanmoins de la gouvernance interne de la BNDA. L’État devra garantir une gestion rigoureuse et transparente pour éviter les dérives. Une meilleure coordination entre les banques publiques sera également indispensable pour maximiser l’impact de cette nouvelle orientation.
Un acte politique fort
Au-delà de l’aspect financier, cette décision illustre la volonté du Mali de renforcer sa souveraineté économique et de bâtir une agriculture résiliente, autonome et tournée vers la transformation locale. Elle place la BNDA au cœur d’une dynamique de développement où la finance devient un levier majeur de transformation sociale, économique et environnementale.
Bien pilotée, cette réforme pourrait devenir l’un des piliers du « Mali Kura », le nouveau Mali que le gouvernement entend construire sur des bases de souveraineté et d’autonomie.
Assetou Samaké
Mali24
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