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Mendicité au Mali : Un visage familier des rues maliennes

 À Bamako comme dans plusieurs villes du Mali, il est presque impossible de traverser un carrefour, un marché ou une mosquée sans croiser des personnes tendant la main. Ou la sébile. Parmi elles, des enfants talibés, des personnes âgées, des handicapés et parfois même des familles entières. Pire, il y a ces vrais faux jumeaux ou jumelles voire ces jumeaux ‘’empruntés’’. La mendicité, phénomène ancien, s’est amplifiée avec la crise économique, l’insécurité et l’exode rural.

Selon des associations locales, une grande partie des mendiants viennent des zones rurales frappées par la pauvreté ou l’insécurité. Certains enfants sont envoyés en ville par leurs parents pour suivre des études coraniques, mais finissent dans les rues où ils mendient afin de survivre. Les causes du phénomène sont profondes et nombreuses. Parmi ces facteurs, il y a la pauvreté persistante évoquée par certaines études. A les croire, plus de 40 % de Maliens vivent sous le seuil de la pauvreté. Figure aussi parmi ces facteurs l’absence de protection sociale, avec peu de dispositifs publics qui assurent un revenu ou un soutien aux plus vulnérables.

En ce qui concerne les talibés, la base est la pratique religieuse qui a pris d’autres dimensions. Dans certaines communautés, donner l’aumône est perçu comme un devoir spirituel. Ce qui peut involontairement encourager la mendicité. Le phénomène s’est amplifié aussi avec la crise sécuritaire qui a frappé le pays depuis les années 2012. Les conflits et les déplacements forcés des familles, ont donné d’autres statuts à des familles entières qui s’adonnent à la pratique, faute d’accompagnement de l’Etat ou des organisations humanitaires. Ces crises sécuritaires ont  poussé des milliers de familles à se réfugier dans les villes sans moyens de subsistance.

Des initiatives locales malgré la crise économique

Certaines Ong essaient de donner le maximum d’elles-mêmes pour atténuer la situation. L’Ong Kanuya a ainsi lancé un programme de formation en couture et mécanique, pour d’anciens mendiants. En deux ans, plus de 120 jeunes ont été intégrés dans des ateliers, réduisant ainsi leur dépendance à l’aumône. Dans d’autres localités, des cantines scolaires ont été initiées pour les talibés. C’est le cas de l’association Yiriwa à Kayes qui collabore avec des maîtres coraniques, pour mettre en place des repas quotidiens gratuits dans les médersas.

Pour les femmes vulnérables, ce sont des microcrédits. A Bamako, Musow Ka Tila propose de petits prêts de 20 000 à 50 000 FCFA aux veuves et mères isolées pour lancer des activités génératrices de revenus. Selon les informations, plus de 60 % des bénéficiaires n’ont plus recours à la mendicité.

Si la mendicité semble profondément ancrée dans la société malienne, des expériences locales montrent qu’une approche combinant solidarité, formation et protection sociale peut changer la donne. L’enjeu est désormais d’élargir ces initiatives à l’échelle nationale, avec la participation de l’État, des collectivités, des associations et des citoyens. Comme le souligne Mariam, ancienne mendiante aujourd’hui vendeuse de fruits à Bamako, «ce n’est pas la main qui se tend qui change la vie, mais, c’est la main qui apprend un métier ».

Fatoumata Djourté, stagiaire

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