Crise du carburant au Mali : voici la nouvelle technique des spéculateurs pour contourner les mesures gouvernementales
Le Mali traverse une crise de carburant. Derrière la pénurie dans les stations, ce ne sont pas uniquement les attaques terroristes contre les convois de camions-citernes qui paralysent l’approvisionnement, mais aussi un réseau d’individus mal intentionnés qui profitent de la situation pour s’enrichir au détriment de la population.
La coupure de l’approvisionnement des groupes terroristes autrefois ravitaillés par des complices depuis les centres urbains a provoqué une série d’embuscades visant les camions de transport d’hydrocarbures. L’objectif est de faire le blocus sur le carburant.
Mais si cette menace a pu être maîtrisée grâce aux efforts constants des autorités pour acheminer le produit, c’est une autre menace, parfaitement humaine celle-là, qui aggrave la crise, il s’agit de la spéculation organisée.
Pour remettre de l’ordre dans la distribution, le gouvernement a interdit la vente de carburant dans les bidons de 20 litres sans justificatif, déployé la police militaire dans les stations et ouvert des points d’approvisionnement réservés aux porteurs d’uniforme, souvent pointés du doigt pour des pratiques de corruption.
Ces mesures ont permis de réduire certains abu mais pas la créativité des spéculateurs qui ont développé une nouvelle technique qui consiste à faire le plein, vider, revenir et revendre. Privés de leurs bidons, ces opportunistes ont trouvé un nouveau filon. Ils remplissent entièrement le réservoir de leurs véhicules, rentrent chez eux pour transvaser le carburant, puis reviennent aussitôt refaire le plein, avant de revendre sur le marché noir à des prix scandaleux.
Ainsi, un bidon de 20 litres acheté à la pompe à 15 500 F CFA se revend aujourd’hui entre 30 000 et 80 000 F CFA, selon les quartiers et selon la demande. Une marge criminelle qui transforme littéralement le carburant en or liquide.
D’autres spéculateurs vont encore plus loin, ils se présentent en station avec des groupes électrogènes autorisés, les remplissent de carburant, puis vident le contenu pour l’écouler en douce dans le marché clandestin.
Si les autorités continuent de multiplier les efforts pour stabiliser la situation, la spéculation ne faiblit pas, elle s’adapte et est portée par des individus prêts à tout pour profiter de la détresse collective. Face à cela, la population a un rôle déterminant. Tant que ces pratiques ne sont pas dénoncées, tant que les spéculateurs ne sont pas identifiés et sanctionnés, la crise continuera d’être alimentée de l’intérieur.
Coulibaly A
Mali24
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