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Le Mali face à une crise multidimensionnelle: Le Professeur Kissima Gakou propose une analyse lucide et des pistes stratégiques pour une sortie de crise durable.

Voici la contribution à la réflexion sur la situation malienne du Professeur Kissima Gakou, analyste politique et enseignant à l’Université du Mali.

Le Mali traverse aujourd’hui une crise d’une profondeur exceptionnelle. Une crise où se mêlent insécurité, tensions politiques, souffrances humanitaires, fragilisation économique et ruptures sociales. Face à cette situation complexe, nous devons adopter une approche globale et cohérente. Aucune réponse isolée, ni strictement sécuritaire, ni purement politique, ne pourra suffire.

L’objectif collectif est clair : restaurer la sécurité, renforcer la gouvernance, alléger la souffrance des populations, relancer l’économie et reconstruire la cohésion sociale. Ce sont là les fondations indispensables d’une paix durable.

PRIORITES STRATEGIQUES.

  1. Sécurisation du territoire et protection des populations

La première urgence est la sécurité. Elle doit redevenir une réalité tangible pour chaque citoyen.

Cela passe par la sécurisation des corridors logistiques essentiels : carburant, vivres, médicaments. Il s’agit aussi de renforcer la présence sur le terrain, de déployer des patrouilles mixtes dans les zones vulnérables et de structurer un renseignement communautaire digne de confiance.

Là où cela est possible, des arrangements locaux de réduction de la violence doivent être encouragés pour soulager immédiatement les populations.

  1. Gouvernance, transition politique et restauration de la confiance

Aucune stabilité durable n’est envisageable sans un cadre politique clair.

Il est impératif de publier un calendrier de transition crédible, précis et suivi publiquement.

Nous devons également réactiver un dialogue national inclusif, rassemblant partis politiques, société civile, autorités religieuses et communautés locales.

Le retour de l’espace civique est indispensable à la restauration de la confiance envers l’État.

  1. Diplomatie régionale et coopération internationale

La crise malienne ne peut être gérée dans l’isolement.

Il est urgent de normaliser nos relations avec les voisins sur la base des liens historiques (nécessité de détente) l’Union africaine et les Nations unies.

Une coopération sécuritaire extérieure peut exister, mais elle doit être transparente, encadrée et conforme aux intérêts souverains du Mali.

De plus, la coordination transfrontalière avec nos voisins du Sahel est essentielle pour réduire la mobilité des groupes armés et stabiliser les zones frontalières.

  1. Réponse humanitaire et services sociaux essentiels

La priorité humanitaire doit rester au cœur de l’action publique.

Nous devons établir des corridors humanitaires sécurisés, renforcer l’accès à la santé, à l’eau, à la nutrition et à l’éducation, et soutenir les personnes déplacées internes dont la situation est alarmante.

Rouvrir progressivement les écoles dans les zones stabilisées est un geste vital pour les enfants, pour les familles, et pour la cohésion de demain.

  1. Relance économique et emploi

La crise économique pèse lourdement sur les ménages.

Il faut instaurer des mesures anti-inflation, encourager des emplois temporaires pour les jeunes, soutenir l’agriculture, le pastoralisme et les petits commerces.

Le développement des infrastructures de base — routes, irrigation, énergie — demeure un levier essentiel pour la résilience et la croissance.

  1. Cohésion sociale, justice et réconciliation

La paix ne peut exister sans justice.

Nous devons relancer les mécanismes de justice appropriés, renforcer la médiation communautaire, et mettre en œuvre un DDR réaliste, fondé sur la réinsertion sociale et économique.

Cela permettra d’apaiser les tensions, de reconstruire la confiance entre communautés et d’ancrer une paix véritable.

  1. Résilience climatique et gestion des ressources

Enfin, la gestion durable des terres, de l’eau et des pâturages est essentielle pour réduire les conflits liés aux ressources.

La modernisation de l’irrigation, l’agroécologie et la protection du pastoralisme sont des outils puissants de stabilisation sociale.

En conclusion, la sortie de crise exige une vision claire, une action déterminée et une coordination sincère entre l’État, les collectivités, les communautés, et nos partenaires.

Le Mali dispose des ressources humaines, culturelles et sociales nécessaires pour surmonter cette épreuve.

En unissant nos efforts, en agissant avec courage et lucidité, nous pouvons faire émerger un Mali plus stable, plus juste et plus solidaire.

Par Pr Kissima Gakou

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