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Docteur Smaïl DICKO, épidémiologiste, spécialiste du VIH/SIDA « En 2024, sur les 4361 femmes enceintes séropositives anticipées, seulement 2003 femmes ont été placées sous-traitement »

Docteur Smaïl DICKO est Epidémiologiste de Terrain Niveau Intermédiaire du Programme de formation en épidémiologie de terrain et laboratoire (FELTP). Chef de Division Santé, Médecin Santé de la Reproduction et Point focal VIH/SIDA-TBH (Tuberculose et Hépatites) et PTME (Prévention de la Transmission Mère-Enfant) à la Direction Régionale de la Santé de Kidal, il est ancien Coordinateur National des Clubs antisida scolaires et universitaires du Mali.  

Dans le cadre du mois de décembre, mois de lutte contre le sida, Docteur Ismaïl DICKO a accordé un entretien à la rubrique Femmes de Mali24. Selon lui, le Sida continue de faire des ravages et la prévalence en 2024 a été de 0,76% avec 4003 nouvelles infections et 3236 décès. Entretien !

C’est quoi le VIH/SIDA ? 

Le VIH est un acronyme qui signifie Virus de l’Immunodéficience Humaine, il s’attaque au système de défense de l’organisme, principalement les lymphocytes CD4, il affaiblit l’organisme et permet aux infections opportunistes d’envahir ce dernier.

Le VIH est responsable de l’acronyme SIDA qui signifie Syndrome d’Immunodéficience Acquise. Le VIH est responsable de la maladie du SIDA lorsque le porteur du VIH ne bénéficie pas de traitement ; sinon il est possible d’avoir le virus dans le sang sans tomber malade, surtout lorsqu’on suit correctement le traitement.

Comment se transmet cette maladie ? 

La maladie du SIDA se transmet classiquement par 3 voies. Il s’agit de la plus fréquente est la voie sexuelle par des rapports intimes non protégés ; la voie sanguine par des objets tranchants et piquants contaminés tels que les couteaux, les lames, les aiguilles. Cela arrive souvent avec imprudence ou accident en milieu sanitaire, mais surtout avec l’utilisation de la même aiguille chez les toxicomanes communément appelés les utilisateurs de drogues injectables et la voie verticale de la mère à l’enfant durant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement.

Entre les hommes et les femmes, qui sont les plus exposés ? 

Les femmes sont plus exposées puisqu’elles sont beaucoup plus vulnérables aux infections du fait de leur anatomie naturelle, des microtraumatismes causés au niveau de la muqueuse vaginale lors des rapports intimes et même des facteurs socioéconomiques peuvent intervenir (pauvreté, dépendance à l’homme, violences sexuelles) ;

Qu’en est-il des statistiques en ce qui concerne les femmes affectées par le VIH ?

Dans le cadre de la PTME au niveau des structures sanitaires du pays en 2024, plus de 672 000 femmes enceintes ont été dépistées et plus de 1500 sont revenues positives avec un taux de séropositivité de 0,22%. Cette année, selon le Haut Conseil National de Lutte contre le SIDA (HCNLS), seulement 2003 femmes ont été placées sous traitement sur les 4361 femmes enceintes séropositives anticipées, soit une couverture de 46%.

Quel est l’état de la prise en charge des PVVIH au Mali ?

Plus de 75 000 patients étaient sous traitement en 2024. La prise en charge se porte bien avec les efforts inlassables du Gouvernement et ses partenaires à travers le Haut Conseil National de Lutte contre le Sida et ses démembrements régionaux, les Cellules Sectorielles de Lutte contre le Sida des différents départements ministériels.

Les ressources deviennent rares avec le retrait de nombreux partenaires étrangers et le thème, cette année, de la journée internationale de lutte contre le Sida en dit long : ‘’Sida, crise de financement extérieur, une opportunité pour le financement souverain’’.

Les dépistages se font désormais avec les tests en 3 séries pour minimiser les erreurs diagnostiques. Les Antirétroviraux sont quasiment disponibles dans tous les centres de prise en charge du pays et la dotation aux PVVIH (Personnes Vivant avec le VIH) se fait avec les règles de l’art par des agents de santé qualifiés. Avec la triple combinaison médicamenteuse, les patients VIH sont soulagés avec peu de médicaments à prendre par rapport aux années antérieures.

Quels conseils avez-vous à l’endroit des femmes pour éviter la contamination ?  

De façon générale et comme les hommes, elles doivent s’informer sur la maladie, épouser les mesures de prévention (abstinence, fidélité, préservatif), éviter les comportements à risque mais surtout connaitre leur statut sérologique avec un dépistage régulier ou à chaque fois que l’occasion se présente.

De façon plus spécifique, elles doivent fréquenter les structures de santé à chaque grossesse afin de bénéficier des différents services offerts par la Prévention de la Transmission Mère-Enfant pendant les consultations prénatales.

Propos recueillis par Kada Tandina

Mali24.info

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