PORT DE CONAKRY : L’équation de la désertion malienne
Dans un contexte où les terroristes prônent le blocus économique pour parvenir à leurs fins, les corridors dont celui de Conakry restent déterminants quoiqu’en deçà des besoins.
Stratégiquement et économiquement , la Guinée reste la zone la plus proche de la capitale malienne, qui se remet laborieusement d’une pénurie de carburant sans précédent. Elle fait notamment figure d’axe d’approvisionnement moins coûteux et plus optimal pour le Mali, mais elle n’a joué le moindre rôle en tant qu’alternative au blocus djihadiste sur le ravitaillement pétrolier de Bamako.
Pourtant, le Mali-Kura peut toujours compter sur Conakry qui s’apprête à boucler son processus transitionnel via la présidentielle du 28 décembre 2025. Sauf que l’affluence affichée en janvier 2022, dans la foulée des sanctions sous-régionales, n’a nullement été du rendez-vous. D’une part, la faible capacité de stockage du port le moins distant du Mali est passée par là. Or Abidjan et Dakar ont disposent de cet avantage que la capitale guinéenne n’a pas su atteindre, en dépit de l’ouverture du port de Conakry à des concessions françaises et turques. Un processus ouvert par Alpha Condé et que son successeur a maintenu, sans pouvoir en faire une alternative plus durable que celle qu’elle fut du temps de l’embargo imposé par la CEDEAO.
Il se trouve que les ouvertures dérogatoires accordées par le régime militaire du CNRD, en son temps, lui ont été rendues en monnaie de singe. En effet, les importations maliennes ont fortement déserté le Port de Conakry alors que le Groupe Alport y avait misé au point de le rendre plus attractif dans le stockage et le transit d’exportations maliennes comme le coton de la CMDT. Les investissements du plus proches des voisins côtiers vont malheureusement passer par pertes et profits aussitôt les échanges avec l’espace CEDEAO normalisés. Divers acteurs économiques qui affluaient à l’ambassade de Conakry ont rallié au fil du temps leurs corridors
traditionnels, au mépris des dizaines de milliards consentis par les autorités guinéennes pour la réalisation de commodités portuaires plus attractives.
La chambre du commerce et de l’industrie du Mali ne dira pas le contraire. Bamako a vu affluer, après le référendum de 2023 et sur les 9 premiers mois de 2025, d’importantes délégations afin de redresser la barre. Même les groupements d’opérateurs pétroliers locaux furent approchés par ces visiteurs huppés dont des Turques, à l’effet de maintenir l’affluence et l’attractivité du port de Conakry.
Après une année 2025 marquée par l’absentéisme malienne, il va sans dire que Conakry ne paraisse plus disposée à consentir des investissements similaires pour une exploitation éphémère. Mieux, la priorité du Général Mamadi Doumbouya reste le mega projet juteux de Simandou pour lequel son gouvernement a préféré créer un autre port : celui de Moribaya.
Keita Idrissa
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