Contrôleur Principal de Police, Assitan Traoré : Une pionnière de la lutte contre les VBG
Le 10 Décembre qui marque la journée des droits de l’homme met fin aux 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG), la rubrique Femme de Mali24 a rencontré à cette occasion Mme Assitan Traoré, Contrôleur Principal de Police, une pionnière dans la protection des populations vulnérables. Responsable du Centre Djiguiya – One Stop Center de la Police Nationale du Mali, elle mène au quotidien des actions pour la défense des droits humains, la lutte contre les VBG, la lutte contre la consommation de drogues entre autres.
Juriste de formation et spécialiste des questions de genre, Mme Assitan Traoré est un haut cadre de la Police Nationale du Mali. Après son baccalauréat en Sciences Humaines au Lycée Mabilé, elle consacre ses études universitaires en droit privé couronnées par une maîtrise et un Master 2 en Genre et Développement obtenu à la Faculté des Sciences Administratives et Politiques de Bamako.
De femme de droit à policière, passage remarquée à l’OCS
La jeune Commissaire de Police débute sa carrière en tant Chef de la Voie Publique au Commissariat de police du 2ᵉ Arrondissement de Bamako. Elle développe ainsi une maîtrise fine des enjeux de terrain, qui marquera durablement sa trajectoire professionnelle. Femme de principe et de rigueur, Mme Assitan Traoré gravit rapidement les échelons grâce à son sens du devoir et son aptitude à diriger. Elle est ainsi plongée au cœur des réalités sociales urbaines : accidents, violences, conflits, sécurité quotidienne.
Par la suite, la Compol Assitan Traoré rejoint l’Office Central des Stupéfiants (OCS), où elle a occupé des postes stratégiques entre 2011 et 2018 : Chef de Groupe d’Intervention, Chef d’Antenne Rive Gauche, puis Chef de la Section Prévention, Communication et Sensibilisation.
Dans ses missions, elle a mené des opérations contre le narcotrafic, le démantèlement des réseaux criminels, la sensibilisation de la population sur les dangers de la drogue et la formation des acteurs publics. Son passage à l’OCS lui permettra d’avoir une vision globale du lien entre criminalité, vulnérabilité sociale, consommation de stupéfiants et violences faites aux femmes et aux filles.
Centre Djiguiya – One Stop Center, un pas dans l’enseignement
En 2019, elle devient la Responsable du Centre Djiguiya – One Stop Center, une structure unique dédiée à la prise en charge intégrée des victimes de violences basées sur le genre. Sous sa direction, le centre offre un accompagnement complet : assistance médicale, soutien psychologique, protection sécuritaire, aide juridique, médiation familiale et programmes de réinsertion socio-économique. « Pour moi, ce travail est une mission de vie : redonner dignité, sécurité et espoir à celles et ceux qui ont subi l’injustice. » a-t-elle témoigné. Elle marque les esprits et s’impose comme une figure emblématique de la lutte contre les VBG. Chaque étape la pousse davantage à épouser ses convictions.
Une expérience riche à travers ses activités, Mme Assitan Traoré intervient comme instructrice temporaire à l’École Nationale de Police et l’Ecole de Maintien de la Paix Alioune Blondin Bèye de Bamako. Elle forme ainsi les nouvelles générations civiles et policières aux enjeux des violences basées sur le genre, l’éthique policière et de la lutte contre la drogue.
Formatrice passionnée et militante du changement social, elle est l’incarnation d’une nouvelle génération de femmes policières : compétentes, influentes et déterminées à bâtir un Mali plus juste et plus sûr pour tous.
Un combat acharné pour les femmes survivantes
Devenue aujourd’hui une voix forte pour toutes les femmes victimes de VBG, la brave policière œuvre pour briser le silence autour des violences mais aussi pour améliorer la prise en charge des survivantes et inscrire la question du genre au cœur des politiques sécuritaires. Le Centre DJIGUIYA One Stop Center de la Police de sa création en 2018 à nos jours a accompagné plus de 300 cas de VBG de toutes les catégories confondues.
En partenariat avec d’autres structures telles que WILDAF, APDF, CLINIQUE DEMESS0, AVOCAT SANS FRONTIERE etc., le centre apporte une assistance psychosociale, médicale, sécuritaire, juridique et judiciaire. En plus de l’assistance, il a également permis la réinsertion et l’insertion de plus de 100 survivantes dans des Activités Génératrices de Revenus telles que (la saponification, la transformation agro-alimentaire et la cuisine), la médiation sociale.
Après toutes les actions du centre, des manquements se font sentir entre autres : l’insuffisance d’équipements médicaux, de fonds d’aide juridique et judiciaire, de fonds alimentaire pour les survivantes hébergées et de visibilité.
Des défis et convictions fortes
« Je me distingue par mes convictions fortes : la nécessité de renforcer la présence des femmes dans la Police Nationale, l’importance de la prévention dans la lutte contre les VBG, et l’urgence de développer une police de proximité plus empathique et plus proche des citoyens», a-t-elle souligné.
Comme conseils pour réduire les VBG, Mme Assitan Traoré demandent aux couples de communiquer, de se considérer comme des partenaires et non comme des ennemis.
Kada Tandina
Mali24.info
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