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VBG en milieu scolaire et universitaire : la région de Kayes enregistre les prévalences les plus élevées selon une enquête 

À l’occasion de la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG), la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion (FSEG) a servi de cadre, le jeudi 11 décembre 2025, à une importante session de sensibilisation des étudiants sur un fléau encore trop présent en milieux scolaire et universitaire. Soutenue par le Projet d’Harmonisation et d’Amélioration des Statistiques en Afrique de l’Ouest et du Centre (PHASAOC), la rencontre s’est tenue sous le thème national : « L’utilisation responsable des réseaux sociaux, gage de protection, de promotion et de préservation des valeurs culturelles des femmes et filles au Mali ».

Coprésidée par Dr Arouna Sougané, Directeur général de l’Institut National de la Statistique (INSTAT), et le Professeur Boubacar Sanogo, Doyen de la FSEG, la rencontre a réuni étudiants, enseignants et chercheurs autour d’un débat franc, appuyé par des données statistiques édifiantes.

Dans son mot d’ouverture, le Doyen de la FSEG a salué l’initiative et invité les étudiants à s’impliquer activement afin de transformer les échanges en véritables leviers de changement. Il a également rappelé l’existence de mécanismes de prévention qui gagnent à être mieux connus et utilisés. Pour sa part, le Directeur général de l’INSTAT a insisté sur l’importance d’aborder les VBG à partir de données fiables, soulignant que cette journée visait avant tout à nourrir une discussion documentée et responsable.

Les chiffres présentés par les panelistes donnent la mesure du défi. Plus de 8 millions de personnes bénéficient aujourd’hui de dispositifs de prévention des VBG à travers des actions de sensibilisation, la mise en place de comités d’alerte précoce et la collaboration avec des réseaux traditionnels. Pourtant, le phénomène reste préoccupant, notamment chez les jeunes.

Selon une étude de l’INSTAT sur l’ampleur des VBG en milieux scolaire et universitaire, 27,3 % des élèves et étudiants interrogés déclarent avoir été victimes d’au moins une forme de VBG. Les disparités régionales sont marquées à Kayes avec 35,2 % et Sikasso avec 34,9 % et affichent les taux les plus élevés, tandis que Koulikoro (19,4 %) enregistre la prévalence la plus faible. Le District de Bamako demeure la zone ayant signalé le plus grand nombre de cas, avec 310 incidents, suivi de Sikasso (238).

Le profil des présumés auteurs interpelle également. Les violences sont majoritairement commises par des camarades ou amis fréquentant l’école (45 %) et par des enseignants (32,8 %). Viennent ensuite les amis hors cadre scolaire (9,7 %), certains parents (5,7 %) et, plus rarement, des inconnus (3,6 %).

Quant aux formes de violences, les agressions physiques dominent largement dans toutes les régions, avec des proportions allant de 61,3 % à 78,5 %. Les violences émotionnelles restent également très répandues (44,2 % à 61,6 %). Les viols sont plus fréquemment signalés à Kayes (4,7 %), tandis que les mariages d’enfants concernent davantage le District de Bamako (2,6 %) et Koulikoro (1,8 %). Les déni de ressources, eux, sont particulièrement cités dans la région de Ségou (23,6 %).

En matière de prise en charge, les données révèlent un recours massif aux administrations scolaires, avec 762 cas signalés, loin devant les centres de santé (371) et la police ou la gendarmerie (47). En revanche, les One-Stop Centers, dédiés à une prise en charge holistique des victimes, restent très peu sollicités, traduisant un déficit criant d’information sur leur existence au sein des établissements scolaires et universitaires.

Au-delà de ces données qui interpellent, cette journée a mis en évidence l’urgence d’intensifier la communication sur les mécanismes de lutte contre les VBG et de promouvoir une utilisation responsable des réseaux sociaux, désormais au cœur des dynamiques de prévention comme de propagation des violences.

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