Le Mali écarté de la TICAD 8 en Tunisie : /Les raisons, les combines et coups bas contre la transition */La main visible de l’Union africaine
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La huitième édition de la Conférence international de Tokyo sur le développement de l’Afrique, « TICAD 8 » s’est tenue à Tunis, les 27 et 28 août derniers, avec la participation de 48 pays africains. Le Mali qui a activement participé en mai 2022, aux travaux préparatoires de cette importante rencontre politique et économique entre l’Afrique et le Japon, n’a pas été invité à prendre part à la Conférence de Tunis, devant marquer l’apothéose de la huitième édition de ce nouveau partenariat – qui a débuté en 1993 à Tokyo. Le Mali garde cependant de très bonnes relations de coopération avec la Tunisie de Kaïs SAÏED, ainsi qu’avec le Japon. Quelle ne fut pas notre surprise, côté malien, de ne pas recevoir d’invitation ? Qui a donc décidé d’écarter le Mali de la TICAD 8 tenue à Tunis ? Nous avons enquêté. Nous avons tapé aux portes, tour à tour, des ministères maliens de l’Economie et des Finances (MEF) ; des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, mais aussi des Ambassades de Tunisie et du Japon au Mali.
« Nous avons participé en mai dernier, bien même que notre pays était sous les sanctions, aux travaux préparatoires du Sommet à Tunis. Mais malheureusement, le Mali n’a pas été invité à prendre part à la Conférence de la TICAD 8 qui s’est tenue les 27 et 28 août 2022 à Tunis. On ignore également les motifs », nous indique un haut cadre du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale (MAECI). Le département de Abdoulaye Diop était notre recours après des recherches infructueuses auprès du MEF, la TICAD étant une affaire éminemment économique, même si elle est à moitié politique aussi.
A l’hôtel des Finances, notre source nous confie qu’il n’y a pas eu de délégation du Ministre Alousséni Sanou à Tunis, et qu’il était toutefois indiqué de voir du côté du MAECI. Ce que nous fîmes. Nous étions à l’évidence, il n’y a pas eu de délégation du Mali à la TICAD 8. Pourquoi donc, sommes-nous absents à cette importante rencontre entre l’Afrique et le Japon, où le pays de Fumio Kishida annonce un soutien de 30 milliards de dollars au continent noir pour les trois dernières années ? Cette conférence qui a vu la participation d’officiels, d’hommes d’affaires, d’organisations internationales et de dirigeants de 48 pays, parmi lesquels le président tunisien, Kaïs SAÏED, et le président sénégalais, Macky SALL, le ministre japonais des Affaires étrangères, Yoshimasa Hayashi.
Le Sommet TICAD est un forum multilatéral qui réunit le Japon, plusieurs pays africains, des organisations internationales, des pays partenaires au développement et des institutions.
Au cours de ce sommet afro-nippon de deux jours, 82 projets ont été programmés, pour une valeur de 2,7 milliards de dollars. Le sommet réunit 300 hommes d’affaires, parmi lesquels 100 hommes d’affaires japonais, représentant les 50 plus grandes institutions économiques japonaises et internationales, 100 hommes d’affaires africains et 100 hommes d’affaires tunisiens.
Parmi les participants, figurent également les délégations de la Banque africaine de développement, de l’Organisation mondiale du commerce, de la Banque mondiale, de l’Union africaine et des Nations unies. Le PM japonais a indiqué que la somme sera donnée au cours des trois prochaines années, au profit des secteurs de la croissance verte, de la santé, de l’éducation, des ressources humaines, de l’agriculture et de la promotion des investissements. KISHIDA a affirmé que le Japon « tait à être un partenaire d’une Afrique qui grandit avec elle et œuvre pour surmonter les défis ». « Le Japon adoptera sa propre approche, en mettant l’accent sur les personnes ou les ressources humaines pour parvenir à une société africaine agile et résiliente », at-il fait savoir.
Depuis 1993, le Japon a lancé l’initiative de la conférence TICAD, dans le but d’accélérer le dialogue politique entre les différents dirigeants africains et les partenaires au développement, portant sur les défis auxquels le continent est confronté. Les langues se délient Pourquoi diantre, notre pays, qui a participé aux travaux préparatoires, a été laissé sur le quai, irrecevable ! L’Ambassadeur de Tunisie au Mali nous doit bien une explication. Le contact est noué avec l’ambassade de Tunisie au Mali. A l’occasion, nous comprenons que la représentation diplomatique de la Tunisie n’est plus domiciliée près de l’Obélisque (bougiba), mais plutôt à côté de celle de la Côte d’Ivoire, mais toujours à Hamdallaye ACI 2000. Le chargé d’Affaires de l ‘Ambassade de Tunisie, Mohamed Amine Ben Aoun, nous donne une piste claire : ce n’est pas la Tunisie qui invite les participants. Commentaire ? Est-ce pour disculper le Président tunisien Kaïs SAÏED ? Non, la Tunisie est certes le pays organisateur de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 8), mais c’est l’Union africaine qui invite les participants.
Nous y sommes ! L’Union africaine renvoyée par le Président Macky Sall, lui-même qui était au Mali, il y a quelques jours, pour y couler des larmes de crocodiles, a savamment et de sang-froid écarté le Mali d’Assimi Goïta. Ce n’est donc pas la Tunisie, mais l’Union africaine de Macky Sall, qui a fait le coup. Comment en être si sûr ? Il ne nous reste plus qu’à taper à la porte de l’Ambassade du Japon, une imposante maison blanche, jouxtant l’hôtel des Finances à Hamdallaye ACI 2000.
Accueil chaleureux, atmosphère d’étendue du début à la fin de notre entretien avec Koji Fukuhara, chef de mission adjoint et Kenji Kawano, chef de Section des Affaires politiques et culturelles. Chez le partenaire japonais du Mali, les explications sont claires comme l’eau de roche. « Comme l’Union africaine est coorganisatrice, elle n’a pas été invitée au Mali pour prendre part à la TICAD 8 en Tunisie. La raison avancée est que le Mali est suspendu comme membre de l’Union africaine et au sein de la CEDEAO. Elle n’a pas invité le Mali, la Guinée Conakry, le Burkina Faso, le Soudan, qui sont tous suspendus comme membres de l’Union africaine.
Malheureusement ! Ça me parait être l’impact des considérations politiques », selon le Japonais Koji Fukuhara. Et c’est également la Commission de l’Union africaine qui a invité unilatéralement le Sahara occidental, contre l’avis du Japon, poussant le Maroc à boycotter la TICAD 8, et le Président tunisien Kaïs SAÏED à réserver un accueil royal au chef du front séparatiste, Brahim Ghali. Le Maroc at-il compris que le président tunisien était plutôt victime que coupable, coincé entre l’invitation du Sahara occidental digne d’un État et la colère du Maroc, qui a boycotté la Conférence et rappelé en consultation son Ambassadeur à Tunis ? Le vrai coupable de la confusion, c’est la Commission de l’Union africaine ! Nous y reviendrons ! B. Daou