Escroquerie, arnaque et extorsion de fonds sur Internet : La ‘’Pyramide de Ponzi’’ fait des victimes au Mali
La pratique est entrain de s’incruster dans la vie des Maliens. De plus en plus, des citoyens se font avoir par ces nouveaux cybercriminels qui extorquent des montants allant d’un peu moins de 100 à plusieurs milliers de dollars US à travers un système d’investissement totalement faux et utopique. Les mauvaises pratiques ont la vie dure, dit-on. Les cybercriminels se sont mus pour mieux arnaquer les citoyens à l’abris des yeux. Pour y parvenir, ils ont adopté l’un des systèmes les plus subtiles d’escroquerie sur Internet.
Cette escroquerie doit son nom à son inventeur, Charles Ponzi, employé du bureau de poste de Boston, qui mit en place la toute première arnaque de ce type en 1919. Depuis ce jour, le système pyramidal de Ponzi a été repris à plusieurs reprises, notamment par Bernard Madoff, arrêté en 2008 pour avoir instauré une pyramide de Ponzi de 65 milliards de dollars. Selon le journaldunet.com, (https://www.journaldunet.com/pyramide-de-ponzi/), la pyramide de Ponzi est un montage financier frauduleux qui fait miroiter des taux de rendement très élevés à des investisseurs, pour un risque pris extrêmement faible. L’offre est alléchante, et consiste à générer des revenus pour les anciens investisseurs grâce aux apports financiers des nouveaux arrivants.
La pyramide de Ponzi repose sur un système d’investissement totalement faux et utopique. Il s’agit d’attirer des investisseurs et leur promettre des taux d’intérêt particulièrement attractifs par rapport au risque pris et à leur mise de départ. Par exemple, le client A investit 10 euros. L’entreprise s’engage à lui reverser le double deux mois plus tard. Entre-temps, la société démarche de nouveaux clients en leur faisant la même promesse. Les clients B investissent à leur tour. Leur argent sert à reverser les 20 euros promis au client A… et ainsi de suite.
A en croire au site web journaldunet.com, le système pyramidal de Ponzi est viable tant que des clients affluent et qu’ils se laissent tenter par ces promesses financières très alléchantes. Cette organisation peut alors subir une croissance exponentielle, jusqu’à ce que la chaîne se brise et que les nouveaux investisseurs soient lésés.
C’est la nouvelle méthode d’escroquerie et d’extorsion de fonds des cybercriminels. Dans la sous-région et singulièrement au Mali, des citoyens et des personnalités de haut rang ont été victimes de ce système.
C’est une multitude de plateformes qui existent à travers lesquelles, des citoyens sont attirées par un système de bonification très avantageux planifié par des escrocs. Parmi les plateformes on peut citer Global Orders, GO Shop, Easy Buy… etc. La durée de vie est fonction du plan alambique mis en place par les administrateurs pour mieux soutirer l’argent aux adhérents.
La plateforme Global Order
Les organisateurs de cette escroquerie invitaient les gens à s’inscrire en misant 100 dollars US pour le niveau VIP1. L’inscription se fait avec le numéro de téléphone. Dès l’inscription, on vous donne un bonus de 15 dollars. Chaque jour, vous recevez 3 à 4 dollars et cela pendant au moins 25 jours. Ce qui vous permet d’avoir un portefeuille de plus de 200 dollars US. Selon le système, ce n’est qu’à partir de ce montant que le nouvel adhérent rentre dans le lot des bénéficiaires du bonus rétribué aux membres. C’est alors qu’il est autorisé à faire un retrait de 100 dollars via Orange Money. Ce n’est pas tout, le retrait est soumis à la validation des administrateurs qui peuvent décider de le bloquer. Les membres nantis sont démarchés et embringués dans des contrats de représentants ou autres pour les faire miser beaucoup d’argent.
L’adhérent qui a souscrit avec 100 dollars a, la possibilité, de faire un retrait de 75.000 FCFA chaque mois. Une somme suffisamment attrayante pour attirer du monde surtout les chômeurs. Il existe plusieurs niveaux d’inscription (VIP1, VIP2, VIP3 etc.) avec des montants de soumission variés et des procédures de retrait singulières. Pour les niveaux supérieurs (VIP 2, 3, 4), les adhérents qui ont misé assez d’argent ont la possibilité de faire des retraits allant de 200.000 ; 300.000, 400.000 FCFA et plus par semaine ou par mois.
De nouvelles conditions de retraits sont régulièrement instaurées et imposées aux adhérents sans leur accord avec comme objectif de limiter ou retarder les retraits de fonds. Ainsi, tout est mis en œuvre pour amasser le maximum d’argent dans le compte de la plateforme dont les escrocs sont les seuls à contrôler la sortie du magot. Une fois leur objectif atteint c’est à dire, après avoir escroqué des centaines de personnes avec à la clé des milliers de dollars, ils décident de cramer purement et simplement le système. Résultat, des milliers de personnes escroquées.
La plateforme Global Order qui n’a duré que quelques mois selon ces victimes, a détourné en fin août dernier, par ce procédé, des centaines de millions de FCFA à des citoyens de la sous-région. Si les premiers adhérents ont pour la plupart tiré leur épingle du jeu, les membres inscrits au mois d’août n’ont pas eu cette chance. Certains ont lancé leur premier retrait de 100 dollars et n’ont malheureusement pas eu le OK des administrateurs, d’autres par contre n’ont pas eu le temps de lancer leur premier retrait.
« J’ai perdu près de 24.000 dollars soit plus de 15 millions FCFA… »
Dans le groupe WhatsApp des adhérents dénommé Global Assistant 39 qui affiche 2357 membres l’angoisse et les mots de déception traduisent le degré de la gravité de l’escroquerie. «…Vous savez nous somme dans le même Bateau. Nous souffrons de ce que vous souffrez maintenant car on a tous investi et on n’a pas accès aussi comme vous tous… Mais il y a certaines personnes qui, très énervées pourront émettre des paroles pour peut être supprimer la petite chance que nous avons. Moi je suis en contrat et ce contrat termine le mois d’octobre. Je suis obligé d’attendre jusqu’en octobre pour me décider. Mon solde aujourd’hui est à 23927 dollars soit plus de 15 millions FCFA et d’autres me dépassent. Donc attendons voir la fin de ces contrats mes frères. Si je pouvais rentrer dans l’application retirer ça…hééé Dieu ! », écrit un adhérent qui supplie les autres membres à mettre leur colère de côté pour ne pas provoquer la suppression de la plateforme. Difficile de mesurer l’ampleur de l’escroquerie puisque, beaucoup ont choisi de taire leur peine sur le groupe.
Au Mali spécifiquement, certains amateurs de ce jeu sont devenus riches. Les plus fortunés qui ont misé gros sur le site de Global Order (VIP4) pouvaient par exemple faire des retraits de 500.000 à 700.000 FCFA par semaine.
Selon une personne qui a requit l’anonymat, Global Order lui a permis de mener des activités régénératrices de revenus. « Je me suis inscrit avec 100 dollars et au bout d’un mois, j’ai fait mon premier retrait. Et chaque mois je faisais un retrait de 100 dollars soit 75.000 FCFA/mois. Ça m’a un peu aidé avant la disparition du site », nous confis-t-il avant de reconnaître que beaucoup n’ont pas eu cette chance. A l’en croire, ce sont des centaines de personnes qui ont été victimes de ce système qui a cramé en août 2022. « J’ai inscrit toute ma famille (femmes et enfants) à Global Order, mais aucun de nous n’a pu faire un retrait », témoigne une victime sous anonymat. A l’image du site Global, d’autres comme GO Shop, Easy Buy ont escroqué des citoyens par le même système.
La pyramide de Ponzi ouvre la voie à une possibilité de blanchiment d’argent pour les délinquants financiers. Les autorités maliennes chargées de la Lutte contre le Blanchiment des Capitaux et le Financement du Terrorisme (LBC/FT) et celles chargé de traquer les cybercriminels doivent se saisir de ce dossier.
En France, conformément à l’article L 122-15 du Code de la consommation, le système de vente pyramidale est totalement interdit. Le non-respect de cette interdiction est sanctionné d’une amende maximale de 300 000 euros et/ou d’un emprisonnement de deux ans, ainsi que de l’interdiction d’exercer une fonction publique ou des activités commerciales.
Daouda T Konaté
Source : L’Investigateur