La cellulite de la face et du cou : une complication  très dangereuse de la carie dentaire

Introduction :

La cellulite cervico-faciale est une infection diffuse de la peau de la face et du cou. Il s’agit d’une infection de « contiguïté » poly microbienne (plusieurs microbes), sévère (très grave), parfois nécrosante qui peut s’étendre aux tissus avoisinants et surtout au médiastin (le thorax)  dont les portes d’entrées sont principalement dentaires ou pharyngées (dents, gorge).

C’est une véritable urgence, elle a une fréquence élevée dans nos pays  liée le plus souvent  à l’automédication, aux mauvaises pratiques dentaires et à certaines croyances sociales et religieuses retardant la consultation chez les spécialistes.

Les principaux signes cliniques sont la tuméfaction cervicale (gonflement de la face ou du cou), la dyspnée (difficulté respiratoire), la dysphagie (difficulté à avaler) et l’hypersialorrhée (beaucoup de salive).

Les germes (microbes) impliqués se développent lors des caries dentaires négligées ou mal traitées, ainsi que lors des amygdalites (angines). Chez les enfants c’est généralement au cours des  accidents d’évolution de la dentition. Ces infections sont potentiellement mortelles.

Le traitement associe une antibiothérapie (traitement par les antibiotiques), un drainage chirurgical (incision du pus) de la collection et de suppression de la cause (soins de la carie dentaire ou extraction de la dent en cause).

Notre étude :

Nous avons réalisé  sur 3 ans sur les dossiers des patients (malades) ayant été hospitalisé dans notre service pour complication de carie dentaire ou d’angine. Sur 3 ans, nous avons trouvé 149 cas. Les études africaines sur le sujet ont trouvé des fréquences nettement inférieures à notre série. Dans une série à Douala au Cameroun 79 patients ont été répertoriés à 3 ans, une autre étude en Tunisie avait retrouvé 150 cas en 10 ans, tandis que THIEBAUT  à Dijon en France a colligé 17 patients en 5 ans.

Nos patients étaient le plus souvent des hommes (55,4%), encore jeunes (moins de 46 ans, 89,2% des cas). Un patient sur deux (53%) a été admis dans le service après plus d’une semaine d’évolution de la maladie. Nous avons noté chez ces patients que l’automédication a été le plus souvent la règle avec des molécules comportant des anti-inflammatoires non stéroïdiens (diclo, ibuprofène) et une antibiothérapie mal adaptée. Nos patients avaient des caries dentaires dans 79% des cas.

Les Facteurs de risques d’aggravation ou de complication de la maladie étaient le diabète, le  VIH SIDA,  une notion de prise de diclofenac ou ibuprofène et la grossesse. Ce rôle favorisant des anti- inflammatoires (diclo, ibuprofène) dans la propagation d’une infection bactérienne est lié à la diminution des principaux signes de l’inflammation qui est la fièvre et la douleur contribuant alors au retard de consultation.

Le rôle favorisant de la grossesse dans la genèse (survenue) de la cellulite cervicale (cou) diffuse (étendu)  s’explique par : une perturbation hormonale qui entraîne une dépression immunitaire (diminution des moyens naturels de défense de l’organisme), une diminution du pH buccal (la salive devient acide) favorisant la survenue des caries dentaires. De plus, la prescription de certains antibiotiques chez la femme enceinte n’est pas recommandée du fait du risque tératogène (risque de provoquer des malformations chez l’enfant.

Les Complications :

Nos patients ont consulté dans un tiers des cas dans un tableau de dyspnée (difficulté de respirer) avec toux et douleur thoracique. D’autres complications gravissimes ont été relevées : un état de sepsis sévère (défaillance de l’organisme), l’extension du pus dans les poumons ou au cœur.

Nous avons relevé un taux de mortalité élevé (15,5%) surtout des cas de décès constatés à l’admission (8%).

Recommandations:

Aux autorités socio sanitaires :

•La  Formation médicale continue à l’endroit des praticiens de la périphérie pour la reconnaissance des urgences les plus courantes ;

• La généralisation de la politique de réduction des coûts de prise en charge de ces pathologies.

A l’endroit du personnel de Santé :

•  L’information et la  référence à un échelon supérieur toute pathologie dont la prise en charge semble délicate.

• La collaboration pluridisciplinaire doit être au premier plan.

A la population :

• L’éviction de l’automédication

• La promotion d’une bonne hygiène bucco-dentaire

• Consultation dès les premiers symptômes dans les structures de santé.

REFERENCES :

BENZARTI S, MARDASSI A, BEN MHAMED R, HACHICHA A et al. Les cellulites cervico-faciales d’origine dentaire à propos de 150 cas. Journal tunisien orl .

NJIFOU N.A, ESSAMA L, KOUOTOU E.A, MOBY H et al. Cellulites cervico-faciales en milieu hospitalier Camerounais. Health Sci. Dis .

THIEBAUT S, DUVILLARD C, ROMANET P, FOLIA M. Management of cervical cellulitis with and without Mediastinal extension: report of 17 cases. Rev laryngol otol rhinol

Kassim DIARRA, Nfaly KONATE, Mohamed Amadou KEITA.

Service ORL-CCF Hôpital universitaire Gabriel TOURE BP:267. Bamako .Mali

Auteurs Correspondant : Dr DIARRA Kassim

Courriel : diarrakassim84@yahoo.fr

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