Résultats du DEF 2023: Le cuisant revers des écoles publiques qui interpelle

Depuis le 24 juin 2023, les résultats du Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF) session de juin 2023 sont disponibles. Un résultat qui affirme la prédominance des écoles privées sur le public. Un véritable drame pour notre nation.

Disponible depuis le 24 juin 2023 dernier, les résultats du diplôme d’Etude Fondamentales, confirment la latente mort de l’école publique, qui demeure de loin, celle qui accueille le plus grand nombre d’enfant. A la différence de la session de 2023 qui avait un taux de réussite de 47,38%, celle de mai 2023 n’a enregistrée qu’un taux national d’admission de 30,32% soit un écart de 17% de recul. Sur les 245 288 candidats inscrits pour l’examen d’entrée en 7ème année fondamentale, seulement 74 375 candidats ont pu décrocher le précieux sésame.

 Dans le Centre d’Animation Pédagogique(CAP) de Djelibougou, ainsi que sur l’étendue du territoire national, les écoles privées ont une fois de plus malmenées l’école publique. Tandis que l’école privée ‘’ Les cimes’’ sur un effectif de 69 candidats présentés enregistre 98,55% avec 68 admis, le groupe scolaire de Boukassoumbougou III, qui a présenté 97 candidats se retrouve avec 1 seul admis soit un taux de 1,10%. Il en est de même pour le groupe scolaire (l’école publique) de Dioumanzana VII qui avait 109 candidats contre 00 admis soit un taux de 0,00%. Pendant que l’école privée ‘’ Le Zénith’’ de Boulkassoumbougou avec 19 candidats dont 11 filles et 8 garçons, faisait 100%, le Groupe scolaire de Dioumanzana III sur 53 candidats présentés (25 filles contre 28 garçons) s’est débrouillé pour faire un taux de réussite de 0,0%. Aussi, le groupe privé panafricain ‘’Enko Education’’ (ancêtre de Kalanso) avec un effectif de 78 candidats n’a pu glaner que 61,54% soit 48 admis dont 22 garçons contre 26 filles.

La même tendance se retrouve en commune I où le groupe scolaire de Korofina Nord sur 109 candidats présentés n’a que 19 admis, pendant que l’école privée ‘’ le Bi-centenaire’’ du même quartier se retrouvait avec 5 admis sur 6 présentés. En outre, le groupe scolaire de Banconi Razel a, à son actif, 9 admis sur 95 candidats. Dans la même lancée, le groupe scolaire ‘’ Ina Yaro ‘’ de Banconi Plateau sur 80 candidats se contente de la maigre moisson de 28 admis contre 20 admis sur un effectif de 208 candidats pour le groupe scolaire ‘’ Espana ‘’ de Banconi Djaguinebougou.

Paradoxalement, la performance de certaines écoles privées ne dépasse pas de loin celle du groupe scolaire de Nafadji II qui capitalise zéro admis sur un effectif de 102 candidats. Il s’agit des écoles privées ’’Liberté’’ avec zéro admis sur 16 candidats,’’ Bintou Diarra’’ 0/14, le ’’ Triomphe ‘’ 7 admis sur 30 etc.

L’analyse de ces résultats qui ne semblent d’ailleurs indignés personne, laisse transparaitre la prédominance des écoles privées sur l’école publique qui accueille pourtant le plus grand nombre d’enfant.

A y regarder de près, ce résultat mettant en avant les écoles privées (qui se retrouvent avec les 10 premiers nationaux du Diplôme d’études fondamentales) sur celles dites publiques ayant les enseignants les plus performants et mieux outillés, n’en demeure pas moins tributaire de plusieurs facteurs. Tandis que les écoles privées se retrouvent avec un effectif réduit, la pléthore y règne dans les salles de classes des écoles publiques. Elle est aussi due à des reformes pédagogiques préconisant dans le secteur publique l’utilisation des langues nationales comme medium d’enseignement (pédagogie convergente ou curriculum). Lesquelles ont plus ou moins un pourcentage élevé sur le français, pour dit-on, faciliter l’acquisition des connaissances par l’apprenant, pendant que les écoles privées y continuent avec l’enseignement syllabique, en violation du programme officiel de l’enseignement fondamental. A cela il faut aussi ajouter le peu de sérieux dans le secteur public caractérisé par des grèves à n’en pas finir et l’absentéisme caractériel des enseignants.

« La crise est complexe et due aux graves disfonctionnements à l’intérieur du système d’Etat. Tout le problème se situe au niveau du premier cycle de l’enseignement fondamental. La pédagogie convergente n’est pas en soi mauvaise mais sa non maitrise par les enseignants constituent une réelle difficulté. L’Etat a les meilleurs enseignants. Ce sont eux d’ailleurs qui animent les écoles privées », soutient mordicus un haut responsable de l’éducation nationale sous le couvert de l’anonymat.

Loin d’être réjouissante, cette prédominance des écoles privées sur le public contribue à accentuer les déséquilibres sociaux entre les enfants de la même République, plutôt que de les corriger. Avec d’un côté, une école privée plus ou moins performante pour les nantis et la classe moyenne, et de l’autre, une école publique en dégringolade pour les pauvres, représentant l’écrasante majorité de la population.

Des reformes structurelles sont indispensables pour mettre fin à la chienlit et favoriser la renaissance de l’école publique, condition sine qua non de tout processus de développement économique, social et culturel.

Alpha Sidiki Sangaré

Source: L’Investigateur

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