Avortement clandestin : Un mal récurrent au Mali

Dans la société malienne, plusieurs sujets restent tabous, parmi eux, figure l’avortement. Pourtant, des constats, plusieurs jeunes filles font recours à cette pratique pour préserver leur honneur. Ne pouvant pratiquer l’avortement au vu et au su de tous, celles-ci optent pour l’option avortement clandestin.

L’avortement clandestin se définit comme toute interruption de grossesse effectuée en dehors du cadre légal défini par le pays de résidence de la femme. Il est clair que l’avortement non sécurisé constitue un véritable danger pour la vie d’une femme et favorise le décès maternel.

Elle peut même entraîner des complications physiques et mentales ainsi qu’une charge sociale et financière pour les femmes, les communautés et les systèmes de santé. Mais est-ce que ces arguments sont assez pour dissuader les adeptes de cette pratique au Mali ? La réponse est négative, car la réalité porte à croire que l’avortement clandestin est une pratique très fréquente dans notre société.

Selon les statistiques, en Afrique subsaharienne, plus de 77 % des avortements seraient, selon les estimations, non sécurisés. Au Mali, cette pratique est récurrente et constitue un véritable danger de santé pour la gent féminine. Cet acte qui se fait nombreux a des conséquences multiples sur le plan social et médical.

Parlant de l’aspect médical, Drissa Traoré, psychologue explique que l’avortement clandestin peut causer des troubles mentales chez la concernée. “L’avortement clandestin n’est autre que le fruit de la peur et la honte. Sur le plan psychologique, la femme peut passer sa vie entière à se reprocher l’acte. Car elle aura détruit un être qui n’a rien demandé. Dans le pire des cas, la personne tombera dans la dépression et le regret. Car l’avortement peut amener la stérilité”, dit-il.

Sikou Sidibé, un religieux musulman, rappelle que l’avortement est formellement interdit en l’islam. De ses explications, il ressort que l’islam n’autorise à aucune personne d’interrompre sa grossesse de façon volontaire. “A l’exception d’un choix médical à faire entre sauver la vie de la maman et celle du fœtus. L’avortement n’est nullement toléré en islam”, édifie-t-il.

Sur le plan juridique, il faut noter que  l’article 211 du code pénal du Mali criminalise l’avortement pour tout motif autre que la sauvegarde de la vie de la femme. Et plus de cela, la personne est amendée 20 000 à 200 000 francs avec des peines de prison allant de 6 mois à 3 ans. De plus, les interdictions de séjour et la suspension de l’exercice de la profession du couple et du pratiquant sont prévus. Et c’est le tribunal correctionnel qui sera en charge de l’affaire et prononcera la sanction.

Malgré les interdictions, certaines personnes continuent de pratiquer l’acte en catimini pour des raisons d’honneur et de dignité. C’est en tout cas ce que nous confie M. D., une jeune dame d’une vingtaine d’années. Elle avoue avoir pratiqué l’avortement clandestin une fois pour ne pas être la risée de tous.

“L’erreur m’est une fois arrivée de tomber enceinte. J’ai donc été obligée d’interrompre ma grossesse clandestinement pour pouvoir préserver mon honneur parce que je n’étais pas prête à accueillir un enfant dans ma vie”, se confesse-t-elle.

Tout comme notre interlocutrice, de nombreuses jeunes filles maliennes pratiquent l’avortement clandestin. Pour mettre fin au phénomène de grossesse non désiré, Dr. Drissa Traoré encourage les jeunes filles à prendre des mesures pouvant les aider à éviter des grossesses qu’elles ne souhaitent pas.

Siguéta Salimata Dembélé

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