Trois ans après la chute d’IBK : Quels changements observés au Mali

Le 18 août de cette année marque le troisième anniversaire de la chute de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita. Cette commémoration survient dans un contexte où la confiance du peuple malien envers son armée se renforce, mais également au moment où le coup d’État au Niger prend une dimension régionale, avec la menace d’une intervention de la CEDEAO pour rétablir Bazoum au pouvoir. Cette situation suscite l’indignation du Mali et du Burkina Faso, qui affichent leur solidarité envers les putschistes nigériens. En parallèle, la MINUSMA est contrainte de quitter le Mali, son départ étant prévu pour le mois de décembre prochain.

Sur le plan sécuritaire, le Mali enregistre des progrès notables en termes d’armement et d’équipement, renforçant ainsi le moral de ses troupes. À titre d’exemple, l’armée a réussi à reprendre le contrôle de Ber, une localité hautement symbolique dans la région de Tombouctou, grâce à une rétrocession de la MINUSMA en faveur de l’armée malienne.

Malgré ces avancées considérables suN r les fronts militaire et diplomatique, il est essentiel de maintenir une perspective globale. Le changement tant désiré ne doit pas être relégué au second plan. Bien que les autorités de la transition aient pris des décisions courageuses pour réaffirmer la position du Mali sur la scène internationale et restaurer sa réputation face à l’impérialisme rampant, il ne faut pas négliger l’ensemble du tableau. Le changement, qui avait été à la fois un slogan mobilisateur et le moteur du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) lors de sa lutte contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), aboutissant à sa chute le 20 août 2020, éprouve des difficultés à se concrétiser sous l’égide des autorités de la transition, composées de militaires et de membres dudit mouvement. Ces deux entités dirigent le pays depuis le départ du pouvoir de Bah N’Daw, président de la transition, et Moctar Ouane, Premier ministre, après l’ascension du Colonel Assimi Goïta le 24 mai 2021, suivi de la nomination de Choguel Kokalla Maïga en tant que Premier ministre en juin 2021. Dès leur prise de fonction, ces dirigeants avaient affirmé que rien ne serait plus comme avant. La question se pose : cette promesse a-t-elle été tenue ?

Certains considèrent que le bilan de la transition sous la conduite du Colonel Assimi Goïta est positif, tandis que d’autres le jugent mitigé. Les premiers estiment que la priorité de la transition est de rétablir la souveraineté nationale sur l’intégralité du territoire en éradiquant le terrorisme de nos frontières, tout en redorant le blason international terni par trois décennies de gestion chaotique, dont les principaux bénéficiaires se sont autoproclamés démocrates. Les accomplissements des autorités maliennes trouvent écho parmi de nombreux Maliens. La diplomatie malienne est en train de restaurer l’honneur et la dignité du Mali, et les succès des militaires ont contribué à redonner au pays son respect et sa valeur d’antan, comme en témoigne Soukalo Diarra, un habitant de Bamako : « Avec les militaires, le Mali renaît de ses cendres. Nous sommes fiers de nos forces armées qui rendent au Mali son respect et sa grandeur passée. » Cependant, d’autres observateurs estiment que le Mali fait face à une période de difficultés économiques marquée par une hausse des prix. Dans le domaine des médias, on constate une autocensure due aux enlèvements et aux intimidations visant certains journalistes.

Dily Kane

mali24

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