Affaire d’assassinat du gendre de la famille Konaré : La suspecte est une porteuse d’uniforme
C’est l’une des plus grandes affaires criminelles de ces derniers mois. Les populations ne cessent de se poser des questions. Mais il est curieux de savoir que des soupçons pèsent sur un porteur d’uniforme. Que faire lorsque ceux à qui nous devons notre sécurité deviennent des bourreaux ? Et comment le tueur et son éventuel complice ont sévi ? Où en est-on avec les enquêtes ? Nous avons mené nos propres investigations.
Nous sommes le samedi 29 juillet 2023 lorsque les parents de la victime, les associations de jeunesse et des commerçants détaillants ont animé un point de presse sur la situation. C’était à la Maison des jeunes et de la culture de KATI. Occasion pour les acteurs d’exiger que toute la lumière soit faite sur ce crime odieux.
Les faits
Boureïma Djomassi Sissoko dit «John» pour les intimes, et «Papa» ou «Pappus» pour la famille, a été froidement abattu de deux balles dans la tête. Sa dépouille a été trouvée dans sa voiture, de couleur blanche, marque Toyota immatriculée BQ 0344 M2. Il avait 39 ans, Prestataire Interprète au compte de la société d’exploitation minière de Loulou à Djidian Kéniéba, Région de Kayes.
BOUREÏMA a fait l’École Militaire Interarmes (EMIA) de Koulikoro qu’il abandonna pour continuer ses études à l’ENSUP (Ecole Normale supérieure de Bamako) dans la filière professeur d’enseignement, Série «lettres et langue».
Il était marié à la dame Assetou Bah, benjamine de la famille de l’ex-Première Dame, Adam Bah Konaré, et père de 4 enfants dont 2 filles.
Boureïma D. Sissoko gagnait bien sa vie avec un salaire conséquent. Et toute sa famille profitait de ses largesses. Ses amis aussi. Par compassion, il lui a été attribué le nom d’un enfant après son assassinat. John était aussi un bon vivant. Mais il ne fumait ni ne buvait. Il avait cependant une fiancée qu’il s’apprêtait à épouser.
Venu à KATI le 25 juin 2023 pour la tabaski en famille, il sera assassiné le lendemain de la fête, jeudi 29 juin 2023. Le drame se serait produit probablement vers 14h. Et des témoignages corroborent cette assertion. Des témoins affirment en effet avoir entendu des coups de feu à cette heure-ci et semblant provenir du lieu du drame. C’est aux environs de 16 h que la police de Kati-Coura (ex-premier arrondissement) arriva sur les lieux. Le corps gisait-là avec deux traces de balles dans la tête et du sang maculant son boubou Bazin violet.
Le sang presque coagulé sur le corps et dans le véhicule indiquait tout bonnement que la mort remontait à quelques temps avant l’arrivée de la police. Une enquête fut ouverte par le commissariat de Kati-Coura. Le même jour, la Police Technique et Scientifique (PTS) a été dépêchée sur les lieux pour enquête, études balistiques et identification de l’arme du crime et prélèvement d’empreintes.
Une suspecte, porteuse d’uniforme
Une amie du défunt, porteuse d’uniforme habite, elle aussi, à Kati. Elle est fortement soupçonnée d’être l’auteure ou la commanditaire du meurtre. Selon nos sources, elle a été la dernière personne à être en contact avec la victime, quelques heures auparavant. Elle aurait même été aperçue sur le lieu du crime, derrière le Lycée Mamby Sidibé dans la zone de recasement de Kati-koko plateau, appelée «Malaisie ATT-bougou».
Il s’avère que les deux personnages (la suspecte porteuse d’uniformes et John de son vivant) se connaissaient parfaitement. Ils se sont rencontrés à l’École Militaire Interarmes (EMIA) de Koulikoro avant que John ne quitte les lieux pour l’ENSUP. Leurs relations allaient-elles au-delà de la seule amitié ? Par contre, plus d’une dizaine d’appels téléphoniques manqués de la suspecte ont pu être retracés par les enquêteurs.
Plusieurs fois convoquée à la police, elle se rendit finalement au commissariat avec un cathéter sur le bras, indiquant qu’elle était malade. L’était-elle vraiment ?
Selon nos sources, elle aurait confirmé que la victime était, en effet, son ami et confident de longue date. Niant toute relation intime, elle sollicitait même le concours de John pour apaiser les tensions dans son foyer, car dit-elle, son couple traverse des moments très difficiles et serait même en voie de séparation. Et John contribuait à apaiser les ardeurs de son époux. C’est du moins, ce qu’elle aurait prétendu. Elle rejeta en tout cas, toute allégation d’intimité avec John. Mais celui-ci est constamment en déplacement. D’où ses appels téléphoniques manqués, incessants, prétendit-elle.
Elle aurait avoué avoir effectivement rencontré John le 29 juin, jour de l’assassinat de ce dernier. Mais, souligne-t-elle, pour uniquement parler de son foyer et de la menace de divorce de son mari. Et ensemble, poursuit-elle, ils auraient tenté de joindre l’époux se trouvant au Sénégal, au téléphone, via Wathsapp. En vain !
A ses dires, elle et John se sont séparés quelques instants plus tard devant une quincaillerie située à environ 1 kilomètre du lieu du crime. Il se trouve en tout cas, que le corps de la victime a été retrouvé deux heures de temps plus tard, après cette rencontre.
Il s’avère, toujours, selon nos sources, que notre suspecte est une dure à cuire, autoritaire et très attachante. Ses désirs devraient être des ordres. Normal, car après tout, c’est une porteuse d’uniforme et pas des moindres ! Mais John lui, n’acceptait pas être commandé ! D’ailleurs, il avait quitté l’Ecole Militaire (EMIA) pour plus de liberté. Deux postures inconciliables donc !
Témoignages et enquêtes
Un détail et non des moindres : de source proche de la famille, le corps du défunt a été retrouvé sur une parcelle de terrain lui appartenant et qu’il s’apprêtait à construire. Il aurait, dans cette optique, procédé à un retrait de plus de 10 millions de francs CFA sur son compte bancaire le même jour. Cette somme a mystérieusement disparu.
Le jour du drame (le 29 juin 2023), il s’était rendu avec son père sur la parcelle en question. Et pendant qu’il était encore avec lui, son téléphone n’arrêtait pas de sonner. Et l’on sait désormais qui appelait et qui a été la dernière personne à avoir vu le malheureux avant sa mort. Aussi, des témoins affirment avoir entendu des coups de feu ce 29 juin 2023 vers 14 heures et semblant provenir du lieu du drame. Un autre témoin soutient avoir aperçu deux 02 véhicules de couleur blanche et un homme sur une moto Djakarta se dirigeant sur le lieu qui sera plus tard celui du crime. Et quelques instants plus tard, un des véhicules est retourné suivi du conducteur de la moto Djakarta avec son engin.
Il nous revient que les unités d’enquêtes n’ont pas pu vérifier les données whatsapp capitales, susceptibles de les orienter. Tout simplement parce qu’il n’est pas aisé de retracer et d’exploiter les communications et messages téléphoniques (appels, vidéos et autres) transmis via les réseaux sociaux comme whatsapp. Difficile voire impossibles de les décrypter, nous dit-on.
Les enquêtes sont menées par six unités d’enquêtes : la Police Technique et Scientifique (PTS) qui a été dépêchée sur les lieux le jour du drame, laquelle procède à des études balistiques en vue d’identifier l’arme du crime et les empreintes de l’assassin, les commissariats de Kati-coura (ex-premier arrondissement), de Kati Yérémakono (ex-deuxième arrondissement), de Koulouba (ex-huitième arrondissement) et la Gendarmerie du Camp 1 de Bamako et la Gendarmerie de Kati.
Si c’est le commissariat de Kati-coura qui est territorialement compétent pour enquêter sur ce dossier, au regard de la portée de l’affaire et certainement pour diligenter rapidement, d’autres unités ont été sollicitées.
Bien entendu, de nombreux faisceaux se dirigent vers la suspecte porteuse d’uniforme. Mais en sa qualité d’Officielle, son interpellation, ne serait-ce que pour une simple audition ou mise à disposition, nécessite l’approbation de la hiérarchie et du Tribunal militaire. Nul besoin de jeter des cauris pour savoir que cette option n’est pas aisée.
La population au bord de la rupture
Aux dernières nouvelles, les populations environnantes, sont sur la défensive soupçonnant les autorités de vouloir étouffer l’affaire à cause de la qualité de la principale suspecte. Une marche de protestation a été évitée de justesse. Mais un point de presse a eu lieu ce jour 29 juillet 2023 à 10 heures à la Maison des jeunes et de la culture de KATI. Un point de presse sous contrôle.
Il faut dire que la victime (John) était très populaire dans son environnement communautaire.
La Population de KATI est tout simplement choquée et scandalisée. Elle ne comprend pas et se pose désormais des questions : pourquoi le mystère autour de cette affaire nonobstant l’existence d’éléments d’appréciation matériels susceptibles de l’élucider ?
A suivre donc.
Source : Bamananden JKK
le matinal