Afrik’actu : Niger : la pire des solutions !
A l’issue d’un sommet réuni d’urgence à l’initiative du Nigeria le dimanche 30 juillet 2023, les chefs d’État de la Cédéao ont menacé d’intervenir militairement au Niger si le président Bazoum n’était pas rétabli dans ses fonctions. A-t-elle les moyens de ses ‘’ambitions’’? Sur quel appui compte-t-elle ? Celui du Nigéria ? De la France et ou des Usa ?
Théoriquement, la Force en attente de la Cédéao -Fac- est une force multidisciplinaire composée de militaires, de policiers et de civils issus de ses États membres. Elle met habituellement du personnel à la disposition des missions et opérations de soutien à la paix dans les sous-régions et sur le continent.
Mais cette force n’est pas structurée pour affronter l’armée régulière d’un pays comme le Niger de plus d’un million et demi de Km2 de superficie et près de 20 millions d’habitants, dont la majorité est hostile à la présence des forces étrangères.
La décision de la Cédéao de mener une expédition punitive pilotée par l’armée nigériane contre l’armée nigérienne n’est pas la bonne. C’est une aventure dont le succès n’est pas certain. Encore qu’elle provoquerait une catastrophe sécuritaire dans tout l’espace communautaire. L’armée nigérienne ne serait pas seule face à ‘’l’ennemi Cédéao’’ : elle bénéficierait de l’appui militaire de ses deux voisins et partenaires du Liptako-Gourma, le Burkina Faso et le Mali.
Déjà les autorités de transition dans les deux pays ont produit un communiqué conjoint sur leur soutien indéfectible à l’armée et au peuple frère du Niger. ‘’Toute intervention armée contre le Niger’’ serait considérée « comme une déclaration de guerre » à leurs deux pays et entraînerait leur retrait de la Cédéao.
Cette menace doit être prise au sérieux par les décideurs de la Cédéao et leurs mentors occidentaux. Les armées, malienne et burkinabè disposent d’effectifs et de moyens militaires conséquents leur permettant de contrôler leurs espaces aériens de même que celui du Niger.
Les vas- t-en guerre espèrent –ils un éventuel appui militaire de la France et des Usa ?
Après la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Nigéria, les nouvelles autorités du Niger ont déjà dénoncé tous les accords militaires qui lient leur pays à la France. Mais l’évacuation des troupes françaises, dont des soldats de l’opération Barkhane et Sabre, chassés respectivement du Mali et du Burkina, n’est « pas à l’ordre du jour », selon l’état-major des armées françaises. Pas question non plus pour les Etats-Unis de rapatrier ses milliers de soldats stationnés au nord du Pays. Alors, les soldats français et américains pourraient-ils prêter main forte à la force d’intervention de la Cédéao ?
Quid de la Russie dans tout ça ?
Gaoussou Madani Traoré