Afrophobie : Notre part de responsabilité selon Cheick Boucadry Traoré
Les Africains continuent d’être maltraités par d’autres nations, avec la complicité de leurs dirigeants. Une contribution de Cheick Boucadry Traoré.
Ces dernières années, au fur et à mesure que l’Afrique se prononce sur le plateau mondial, les discours de haine, la violence et les politiques afrophobes augmentent à travers le monde.
En effet, le gouvernement américain est conscient depuis longtemps des mauvais traitements auxquels les migrants africains seraient systématiquement soumis à la frontière entre le Yémen et l’Arabie saoudite, mais a gardé cette question hors de la scène publique, a rapporté le New York Times. Les abus et tueries généralisés à l’encontre des migrants ont été portés à la connaissance des diplomates américains au moins dès le mois de décembre 2022, a affirmé le journal. Washington a cependant choisi de garder le silence sur la question, dans un effort apparent pour ne pas tendre davantage ses liens avec Riyad.
Il semblerait que les vies des Africains peuvent toujours être sacrifiées sur l’autel des intérêts géopolitiques de ces pays. L’histoire des traites atlantique et arabo-musulmane en dit plus sur les relations entre l’Afrique et ces pays. Les Africains doivent comprendre cela. Car, si nous ne comprenons pas cela, nous allons nous détruire en tentant de résister à l’avenir.
Effectivement, l’Occident et les pays du Moyen-Orient ont toujours considéré les peuples d’Afrique à travers le voile déformé de l’idéologie postulant une hiérarchie de races. Conséquemment, leurs politiques migratoires sont sans aucun doute façonnées par ce voile afrophobique. Les stéréotypes brutaux du continent africain perdurent, encouragés par les responsables de ces gouvernements qui devraient savoir mieux. Les Africains continuent d’être exposés à des formes particulièrement graves de racisme et de discrimination raciale, notamment aux stéréotypes raciaux, à la violence raciste, au profilage racial dans les services de police de ces pays et même au niveau des pratiques de leur soi-disant Cour internationale de justice (Cij), mais aussi, à des pratiques qui perpétuent les inégalités économiques sur l’arène internationale. Et, c’est ceux-là mêmes qui prétendent toujours détenir les meilleures valeurs humaines ou de société. Alors que nous voyons tous comment les Africains continuent d’être maltraités par d’autres nations, les dirigeants africains ne sont pas décisifs ou sans équivoque dans leur condamnation, choisissant plutôt d’obscurcir et d’assainir cette afrophobie en la traitant autrement.
D’ailleurs, ces maltraitances se font souvent avec la complicité de certains gouvernants africains. Pourtant, ce sont ces mêmes cyniques dirigeants africains qui sont sans-gênes pour imposer des sanctions immorales sur nos peuples dans leur quête d’authenticité sociale ou pour une Afrique indépendante et prospère. Le mutisme des dirigeants africains face à ces abus et malices démontre que nos pays sont toujours vulnérables face aux menaces et à la séduction des forces externes dans le but d’imposer leurs intérêts géopolitiques. Malheureusement, comme à leur habitude, les gouvernants africains ont encore failli à leurs responsabilités envers leurs peuples.
Mieux bâtir l’avenir avec les leçons apprises du passé
Les objectifs de la politique africaine de l’occident et de ses alliés n’ont réellement pas changé depuis des siècles. Ces pays ne changeront pas ces politiques de leur propre gré. C’est une grande naïveté que de croire le contraire ! Quant à nous, nous ne pouvons point changer, ni oublier ou encore effacer le passé. Cependant, les leçons apprises doivent nous préparer pour mieux bâtir l’avenir. Il est temps pour les nations africaines de commencer à travailler ensemble et plus intelligemment afin que les erreurs du passé ne se répètent tout au long de notre histoire. Il est temps que les dirigeants africains soient courageux et ambitieux, et qu’ils exigent avec autorité la cessation de la maltraitance des Africains.
Il est temps que nos gouvernants élaborent des politiques et des stratégies pour forcer ces pays à mettre fin à leurs pratiques immorales à l’égard du continent africain et de rejeter catégoriquement l’imposition des valeurs sociétales de ces paternalistes politiques. Il est temps d’agir fermement pour mettre un terme à leurs politiques et pratiques consistant à contenir nos pays. Il est grand temps de dire catégoriquement non à leur aversion pour le peuple africain-afrophobie née du colonialisme et des traites africaines. Si la vie des Africains et le développement du continent ne comptent pas pour eux, il est peut-être temps de changer de cap et de rebattre les cartes car la vie et le bien-être des Africains ont des valeurs et comptent pour nous-mêmes et le reste de l’humanité. Mais encore, il est surtout grand temps que les résultats de nos propres programmes de développement économique et social entrepris depuis les indépendances reflètent les espoirs tant suscités de nos peuples afin de mieux faire face à ces challenges et déséquilibres.
Cheick Boucadry Traoré