Assainissement de Bamako : OZONE et ses casserole
87 milliards de FCFA envolés entre 2014 et 2022, une gouvernance douteuse, des prestations surévaluées… Le scandale autour de la gestion de l’assainissement de Bamako par la société OZONE Mali lève le voile sur un système où opacité et gabegie semblent être la règle.
La Convention de gestion des services de propreté de Bamako, signée entre la Mairie du District et OZONE Mali, interpelle. Selon l’OCLEI, ce contrat, d’un montant annuel de plus de 9 milliards de FCFA, a été établi sans analyses préalables sur la faisabilité du projet, le volume réel des prestations ou encore les besoins en ressources humaines et matérielles. Aucune documentation technique ou financière n’a été produite pour justifier les montants engagés, mettant ainsi en lumière un amateurisme choquant, voire une volonté délibérée de contourner les procédures normales.
Pire encore, le Ministre de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, non habilité à conclure cette convention, en a pourtant assumé la signature. Une démarche qui soulève de graves interrogations sur les motivations derrière cette entorse flagrante aux règles de gouvernance.
Machine à siphonner les fonds publics
Entre 2015 et 2019, OZONE Mali a facturé ses prestations sur une base forfaitaire, atteignant un taux d’exécution prétendu de 100%. Cette pratique a permis à la société de réclamer plus de 42,5 milliards de FCFA, alors que les prestations réelles évaluées par l’OCLEI s’élèvent à 22,1 milliards de FCFA. Résultat : un excédent de plus de 20 milliards de FCFA empochés sans justification.
Le financement des activités d’OZONE repose quasi exclusivement sur le budget national, qui a couvert 97% des paiements effectués, soit 24,6 milliards de FCFA. La Mairie du District, pourtant initiatrice du contrat, n’a contribué qu’à hauteur de 3%, alimentant la question : pourquoi l’État supporte-t-il à lui seul un contrat mal ficelé, au détriment des contribuables ?
De surcroît, en juin 2020, le Ministre de l’Économie et des Finances a engagé l’État à garantir un prêt bancaire de 18 milliards de FCFA pour OZONE. Un acte pris sans consultation de la Mairie du District, la partie contractante, démontrant une centralisation abusive et des pratiques peu orthodoxes dans la gestion publique.
Des milliards pour quel résultat ?
Malgré les dizaines de milliards investis, Bamako peine à cacher sa crasse. Les montagnes de déchets continuent de s’accumuler, posant un problème de santé publique et d’environnement majeur. La question est claire : où sont passés les fonds ?
Massassi