CARTES D’IDENTITÉ NATIONALES : Entre aveu d’incompétences et filon entretenu
Depuis le second trimestre 2024, les Maliens font face à des difficultés sans précédent d’accès à la pièce nationale d’identité. Un coûteux et honteux business qui perdure et dont on s’interroge de plus en plus sur les responsables et les bénéficiaires ?
Aller au commissariat avec les 2000 CFA requis et faire le rang de bonne heure n’est désormais plus la solution. Depuis plusieurs mois, il ne s’agit plus seulement de justifier de sa citoyenneté malienne. Tout prétendant au précieux sésame se doit de revoir à la hausse son budget à hauteur de pas moins de 25 000 voire sinon 30 000 ou 20 000 francs F CFA pour les plus chanceux. Les agents de police ainsi que ceux de la gendarmerie mettent en avant une pénurie d’imprimés de la carte d’identité. Aussi étrange qu’il paraisse, la pratique perdure dans le Mali Kura tant annoncé et qui a promis de circonscrire par la rectification les habitudes du passé.
À titre de rappel, entre 2013 et 2015, le pays avait vécu pareille crise. C’était du temps du Général Feu Sada Samaké aux commandes du département de la sécurité. Un élu de la nation avait porté une interpellation du gouvernement sur la pénurie de cartes d’identité à travers par le biais de laquelle le député de Kolondièba d’alors, l’honorable Oumar Mariko, a évoqué plusieurs problèmes qui minent le bon fonctionnement des forces de sécurité, notamment la Police et la Gendarmerie. Du face à face avec celui a occupé le département à deux reprises ne naîtra aucune solution et le ministre finira par quitter son poste et remplacé par le Colonel Salif Traoré. Ce dernier, fraîchement arrivé de Kayes, aura une alternative immédiate qui changera tout en redonnant à la carte NINA un statut temporaire de carte d’identité de fait avant de trouver la solution à l’accessibilité définitive des cartes d’identité.
Plus de 8 ans après, c’est désormais sous la Transition que la pénurie revient au galop. Tout citoyen désireux d’en disposer s’en sort avec des grincements de dents à défaut de détenir au moins deux billets violets et un autre de couleur verte pour avoir son salut. Le tout dans un silence intrigant des autorités, en l’occurrence le département de tutelle qui doit des explications à la population. Au lieu de quoi, il est laissé libre cours à la loi des espèces sonnantes et trébuchantes qui conditionne la citoyenneté à l’avoir.
En tout état de cause, le ministre Daoud Aly Mohammedine se doit de faire des communications sur l’évolution du phénomène et sa gestion. Dans un contexte où l’accessibilité aux documents administratifs prend le pas alors que la gratuité se dessine de plus en plus dans divers pays du monde et de la région, il importe de rassurer. Surtout que dans le Mali Kura les concours de recrutements dans les forces armées et de sécurité sont légion et occasionnent une ruée périodique vers les structures de délivrance de la carte d’identité.
A.KEÏTA
Le Témoin