Chute de la filière cotonnière du Mali : La CMDT affiche un déficit de près de 20 milliards de FCFA
le conseil sécuritaire de la CMDT s’est tenu le mercredi 31 janvier dans un contexte de crise crise sans précédent a présenté un déficit plus faible, d’au moins 15 milliards de FCFA, tant les difficultés de trésorerie de la CMDT sont énormes. La production de coton graine a chuté à 350 000 tonnes environ, soit une chute de 40% par rapport aux prévisions de comptages des capsules au mois d’octobre. Le déficit serait très élevé, beaucoup plus que celui affiché par le conseil budgétaire. La réalité des chiffres serait d’au moins 20 milliards de francs CFA, selon nos sources du milieu économique et financier malien. Un article de l’hebdomadaire ‘’Les Secrets bancaires’’ publié sur le site laviesahel.com ne dit pas le contraire.
Tous les indicateurs de performance de la CMDT sont aujourd’hui au rouge, à cause d’une chute de la production graine à 350 000 tonnes environ, soit une chute de 40% par rapport aux prévisions de comptages des capsules au mois d’octobre, de 560 000 tonnes. Les causes de l’hécatombe, de toute évidence, sont à rechercher dans la mauvaise gouvernance par l’équipe dirigeante de la CMDT.
Partant du principe que la production d’équilibre de cette société (produits nets = 0 après déduction des charges et des frais) est de 500 000 tonnes de coton graine, il n’est pas incertain que la CMDT fera un déficit très élevé d’au moins 20 milliards de francs CFA.
Cependant, par le truchement de tripatouillage des chiffres, notamment en diminuant les charges, les investissements et autres, le Conseil budgétaire de la CMDT qui s’est tenu le mercredi 1er février 2023 dans un contexte de crise sans précédent a présenté un déficit plus faible, d’au moins 15 milliards de FCFA, tant les difficultés de trésorerie de la CMDT sont énormes.
Des huileries en détresse
La CMDT a vendu cash aux huiliers 53% de la prévision d’octobre, plus de 290 000 tonnes de graines à triturer. Les huileries se sont endettées auprès des banques pour payer au comptant. Les dirigeants de la CMDT ont ainsi entrainé les huileries sur un terrain glissant, pour « vendre la peau de l’ours avant de l’avoir abattu », pour ainsi dire, selon l’adage.
Malheureusement avec la chute de la production à 350 000 tonnes, la CMDT ne pourra honorer son engagement vis-à-vis des huiliers qu’à hauteur de 185 000 tonnes de graines à triturer (53% des 350 000 tonnes de coton graines). Ainsi, les huileries n’auront que presque 60% des quantités dont la valeur a déjà été payée à la CMDT.
Incidences financiaires et/ou judiciaires
Les huileries payeront des agios inutiles aux banques et verront leur trésorerie affectée négativement, d’où un contentieux prévisible à juste titre entre elles et la CMDT au profit des banques, car dit-on, les banques ne perdent jamais: agios, intérêts et autres pénalités.
Les huiliers sont conscients des enjeux actuels et futurs de cette chute du géant du coton malien, d’où le cri de détresse de ce jeune opérateur huilier désabusé. « La CMDT nous a arnaqué. Sur la base de sa fausse promesse en graines, j’ai pris un prêt de 300 millions de francs CFA dont les intérêts courent à présent. Malheureusement, la CMDT m’a livré de graines que pour 150 millions, donc je paie des intérêts inutiles pour les autres 150 millions. Si ce n’est que j’ai peur d’empester mes relations futures avec la CMDT, j’aurais porté plainte pour qu’elle m’en dédommage. Mon entreprise risque d’aller au dépôt de bilan…», craint-il, essoufflé.
Le PDG NANGO dans le tourbillon
Il nous revient que c’est le 3ème Conseil auquel les producteurs de coton qui sont aussi actionnaires n’ont pas participé à cause de l’ostracisme du PDG NANGO vis-à-vis de ceux-ci pour des raisons dont lui seul a le secret. Le comportement du PDG pourrait s’expliquer par son jeu favori qui consiste à faire l’omerta sur les résultats (3 campagnes durant, la CMDT n’a pu ni mettre un kopeck dans le fonds de stabilisation, ni restituer aux paysans leurs parts dans le bénéfice).
Une forte interpellation des Administrateurs, qui doivent être le meneur du sursaut, donc avoir la conscience patriotique et professionnelle en diagnostiquant en profondeur les maux actuels de la CMDT, seul gage de donner la bonne information aux autorités et au peuple maliens sur la gestion de la filière cotonnière, fleuron de l’économie nationale.
Certes il y a eu des attaques de jassides sur le coton dans tous les pays africains, malgré, le Bénin, le Burkina Faso confirment leurs rangs de 1er et 2ème producteurs africains avec des productions plus élevées, le Mali est au coude à coude avec la Côte d’Ivoire et ne produira que presque la moitié de la production du Bénin.
Qui pourra tirer la CMDT de ce trou abyssal avant la fin de la Transition ? En tout cas, pas l’actuel PDG qui a atteint le plafond d’incompétence et n’est plus l’interlocuteur crédible des producteurs dont 90% le rejettent à cause de sa gestion clanique et politique de la filière. Travail très laborieux pour son futur successeur, à moins qu’il ne soit véritablement rompu à la tâche.
B. Daou
Source: Lerepublicainmali