Coup d’État avorté au Bénin : l’ombre d’une intervention discrète de la France
Le dimanche 7 décembre 2025 restera gravé dans la mémoire politique du Bénin. Une tentative de coup d’État militaire visant à renverser le président Patrice Talon a été mise en échec grâce à une riposte rapide et coordonnée entre les forces loyalistes béninoises, la CEDEAO et un appui discret de la France.
Tout a commencé dans la nuit de dimanche à lundi, lorsque huit militaires armés sont apparus à la télévision nationale pour annoncer la « démission » du président Talon et la « prise du pouvoir par le Conseil de redressement national ». Quelques heures plus tard, les forces régulières ont repris le contrôle de la station publique, marquant le début de la contre-offensive.
Alerté par la situation, le Nigeria, principal voisin du Bénin et pilier de la CEDEAO, a déployé dans la nuit un dispositif militaire d’urgence, bombardant les positions tenues par les mutins aux abords de Cotonou.
Cette intervention rapide a permis d’empêcher les putschistes de s’organiser et de gagner le soutien d’une partie de l’armée.
Le rôle discret mais décisif de la France
Selon des sources diplomatiques, la France aurait joué un rôle déterminant mais en coulisse dans la neutralisation du coup d’État.
L’Élysée a confirmé avoir apporté au gouvernement béninois un « appui en matière de surveillance, d’observation et de soutien logistique », à la demande officielle de Cotonou.
Le président Emmanuel Macron a personnellement mené « un effort de coordination et d’échange d’informations» avec plusieurs chefs d’État de la région, notamment ceux du Nigeria et de la Sierra Leone, ce dernier assurant la présidence tournante de la CEDEAO.
Selon un conseiller de l’Élysée, « la France a accompagné discrètement la réponse militaire béninoise dans un esprit de solidarité régionale et de stabilité institutionnelle ».
Les affrontements ont été violents. Le bilan provisoire fait état de plusieurs morts et blessés, principalement du côté des mutins.
Sous la pression conjuguée des forces loyalistes, des 200 soldats de la CEDEAO et de l’appui logistique français, les assaillants ont finalement pris la fuite. Certains auraient traversé la frontière nord, tandis que d’autres sont activement recherchés par les forces de sécurité béninoises.
Dès le lundi 8 décembre, le président Patrice Talon a présidé le Conseil des ministres à Cotonou, envoyant un signal fort de continuité institutionnelle. La capitale a retrouvé son calme, même si la vigilance reste de mise.
Ce coup d’État avorté intervient dans un contexte de fragilité politique et sécuritaire en Afrique de l’Ouest, où les transitions militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont redéfini les équilibres régionaux.
Le Bénin, longtemps cité comme un modèle de stabilité démocratique, rejoint désormais la liste des pays touchés par la tentation putschiste.
Mais cette fois, la CEDEAO et ses partenaires ont voulu frapper fort pour éviter un effet domino, tandis que la France, plus discrète qu’à l’accoutumée, semble opter pour une diplomatie d’ombre et de renseignement, loin de ses interventions classiques du passé.
Modibo FOFANA
Source : Mali24
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