Décryptage : Les crises sahéliennes
A l’aune des crises, les Sahéliens semblent être les citoyens africains les plus à subir. Le Sahel est le corps malade de l’Afrique. Les différentes analyses le démontrent. Le constat est troublant : la criminalité se développe, l’impunité est garantie, les injustices font légion et les conflits armés pullulent.
En cause, la mauvaise gouvernance et les ruptures constitutionnelles à répétition. Un contexte où phosphorent des réflexes de divisions et de mépris. Entre crises à répétition et absence de solutions durables, les choix des exécutifs sont diversement appréciés. Certains exécutifs butent et adaptent leurs politiques. D’autres se contredisent. A l’exception de quelques-uns, comme les Sénégalais, qui ont toujours su éviter la catastrophe : la rupture constitutionnelle. Le pays de la Teranga est mieux outillé et mieux organisé.
Divisions et rejets
Pourtant, l’histoire sociopolitique du pays montre que les Sénégalais sont un peuple critique et moins gouvernable. Comme l’illustre le bras de fer actuel entre le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko. Mais, les Sénégalais protègent la forme républicaine de l’État. La démocratie fonctionne encore.
D’autres peuples y parviennent difficilement. En Côte d’Ivoire, la crise ivoirienne après la mort de Félix Houphouët Boigny (1er président ivoirien) s’est soldée par un putsch militaire du général Robert Gueï contre Henri Konan Bédié en décembre 1999. La suite, ce sont des divisions politiques et des rejets (ivoirité) qui émaillent la vie de la nation ivoirienne. Enfin, en septembre 2002, le général Robert Gueï est assassiné alors qu’il n’exerce plus la fonction de chef d’Etat.
Contradiction des intérêts
Chez notre voisin nigérien, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le 07 avril 1999, le président Ibrahim Baré Mainassara est assassiné par son aide de camp, Daouda Mallam Wanké. Dans le Sahel, les rapports de pouvoir riment avec rapport de force. Chez notre voisin guinéen, le 15 janvier 2010, le capitaine Moussa Dadis Camara est grièvement blessé à la tête par son aide de camp Aboubacar Sidiki Diakité.
Alors que Camara venait de prendre le pouvoir au nom du Conseil national pour la démocratie et le développement à la suite de la mort du général Lansana Conté. Sur le continent, la violence structure les rapports de pouvoir. Enfin, chez nous au Mali, le 30 mars 2012, l’éviction du président Amadou Toumani Touré par le capitaine Amadou Haya Sanogo plonge le pays dans l’incertitude. Signe des temps : le Sahel est rongé par la contradiction des intérêts : personnel et général.
Perte des moyens de subsistance
Aujourd’hui, le président Assimi Goïta et son Premier ministre Abdoulaye Maïga affrontent d’importants défis sécuritaire, énergétique, diplomatique, etc. Ces défis menacent de dérégler nos sociétés : perte de repère, confusion des normes, etc. Les exemples de solidarité sont rares. L’intérêt personnel semble primer sur l’intérêt général. Entre désemparement et impuissance, la violence des inégalités détruit tout. De nouvelles fêlures apparaissent. Elles révèlent les situations d’abus et de souffrance : réfugiés, déplacés, assassinat, abus. Les habitants perdent leurs moyens de subsistance : bétail, commerce, école, environnement, terre…
Pour terminer, il faut souligner l’importance d’avoir une gouvernance utile, c’est-à-dire qui n’échappe pas à la compréhension des Sahéliens. Une gouvernance inclusive, fondée sur l’exemplarité et le respect des règles.
Écoutons Saat-e-Brand d’Aryana Sayed.
Mohamed Amara
Sociologue
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