Devoir de mémoire : le Mali aussi a offert son territoire comme base arrière aux Moudjahines
Le Mali a notamment «offert son territoire comme base-arrière aux Moudjahidines», rappelle le gouvernement malien, invitant les autorités algériennes à se remémorer leur grande «responsabilité» dans la «détérioration» de la situation sécuritaire au Sahel. «S’il est vrai que l’intervention de l’Organisation du Traité de l’Atlantique nord (OTAN) a exacerbé la menace terroriste, il n’en demeure pas moins que c’est l’installation dans le Sahara du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) algérien, puis son allégeance à Al-Qaida qui marquent l’avènement du terrorisme international dans la région».
Autant le Gouvernement note un changement de posture de certains groupes signataires de l’Accord d’Alger «devenus des acteurs terroristes et poursuivis par la justice malienne, après avoir commis et revendiqué des actes terroristes», autant il s’indigne et déplore «l’incapacité» de la médiation internationale à «assurer» le respect des obligations incombant aux groupes armés signataires, malgré ses plaintes formulées à travers la lettre du ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale, en date du 24 Février 2023, adressée aux Autorités de la République Algérienne Démocratique et Populaire, chef de file de la médiation internationale.
Plus grave selon les autorités maliennes «les actes d’hostilité et d’instrumentalisation de l’Accord de la part des Autorités Algériennes dont le pays est le chef de file de la médiation» ont poussé tout simplement Bamako, à constater «l’inapplicabilité absolue» de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, signé en 2015 et par conséquent, à annoncer «sa fin, avec effet immédiat»
Toutefois, le Gouvernement de la Transition rassure de sa volonté à «œuvrer» pour le règlement pacifique de la crise malienne, en tirant les «enseignements des accords précédents et en consolidant leurs acquis». En outre, le gouvernement invite tous les autres groupes signataires du «caduc» accord de paix, non impliqués dans le terrorisme, ainsi que les partenaires du Mali à s’inscrire dans l’esprit du «dialogue direct inter-malien» ouvert à tous les Maliens.
La réponse du berger à la bergère
La partie algérienne n’a pas mus du temps à réagir. «L’Algérie a pris connaissance, avec beaucoup de regrets et une profonde préoccupation, de la dénonciation par les autorités maliennes de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger». Dans ce communiqué en date du 26 janvier 2024, le département des Affaires étrangères souligne que l’Algérie «prend acte de cette décision dont elle tient à relever la gravité particulière pour le Mali lui-même, pour toute la région qui aspire à la paix et à la sécurité, et pour l’ensemble de la communauté internationale qui a mis tout son poids et beaucoup de moyens pour aider le Mali à renouer avec la stabilité par la réconciliation nationale».
Selon le texte, «l’Algérie a un devoir d’information envers le peuple malien frère. Ce dernier sait que l’Algérie n’a jamais failli à travailler à la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, avec sincérité, bonne foi et solidarité indéfectible envers le Mali frère». Le peuple malien, rapporte le communiqué, doit aussi savoir et doit se convaincre que la longue liste des raisons invoquées à l’appui de la dénonciation de l’Accord ne correspond absolument ni de près ni de loin à la vérité ou à la réalité.
Le ministère algérien des Affaires étrangères se défend : «les signes avant-coureurs depuis deux ans en ont été leur retrait quasi-total de la mise en œuvre de l’Accord, leur refus quasi-systématique de toute initiative tendant à relancer la mise en œuvre de cet Accord, leur contestation de l’intégrité de la médiation internationale, leur désignation de signataires de l’Accord, dûment reconnus, comme dirigeants terroristes, leur demande de retrait de la Minusma, l’intensification récente de leurs programmes d’armement financés par des pays tiers et leur recours à des mercenaires internationaux. Toutes ces mesures systématiquement mises en œuvre ont soigneusement préparé le terrain à l’abandon de l’option politique au profit de l’option militaire comme moyen de règlement de la crise malienne… Le peuple malien frère doit savoir que des décisions aussi malheureuses et aussi malvenues ont prouvé par le passé que l’option militaire est la première menace à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali, qu’elle porte en elle les germes d’une guerre civile au Mali, qu’elle diffère la réconciliation nationale au lieu de la rapprocher et qu’elle constitue enfin une source de menace réelle pour la paix et la stabilité régionales».
Ousmane Tangara
source: le challenger