Discours anti-impérialiste au Mali : Un crédo qui n’enchante plus !
Quand le pouvoir séducteur d’un invariable discours perd de sa magie et se métamorphose en dégoût aux oreilles de l’auditoire, le risque de révolte prend forme. Et oui, dans le Malikoura du colonel-président, il semble qu’on en a assez de constater que la poussière soit balayée sous le tapis notamment avec les délestages d’électricité, la précarité financière, l’inertie de l’administration… autant de maux qui ne trouvent leur fausse réponse que dans un discours anti-impérialiste qui a perdu de sa superbe et de sa raison d’être pour être de moins en moins pertinent et opportun.
«La France et la MINUSMA sont parties, le soleil se lève et se couche au Mali». Voilà le propos saillant que le colonel Assimi Goita a servi aux sommités conviées à l’ouverture de la phase nationale du dialogue inter-Maliens. Si cette allégation jadis levait les foules suscitait l’allégresse populaire, de nos jours la crise multidimensionnelle que traverse le pays pousse bon nombre de Maliens à crier haro dans la plus grande logique du monde. Certes le panafricanisme et le combat anti-impérialiste restent d’actualité dans ce siècle, mais il paraît de plus en plus insipide de n’avoir pour seule arme que les discours creux à la teneur propagandiste face à l’agonie des peuples et aux aspirations qu’ils expriment à gré des fluctuations économiques.
Somme toute, en dépit de prouesses comme l’héroïque et salvatrice expulsion de l’armée d’occupation de l’ex-puissance coloniale et ses acolytes, la reconquête de Kidal et les bravades à la tribune des Nations Unies -, le Malikoura est manifestement en deçà d’exploits retentissants qui puissent résister à l’exaspération légitime du peuple sur bien d’autres aspects.
Seydou Diakité