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Dr Mahamane Maïga, Promoteur de l’Institut Islamique Al HIKMA, « L’autonomisation de la femme que dit l’islam ? »

La question de l’autonomisation reste une énigme pour une société patriarcale qui n’encourage pas souvent la femme dans sa quête d’indépendance financière. Une incompréhension qui peut se répercuter sur l’avenir des couples. L’imam Dr Mahamane Maïga apporte son éclairage dans une interview accordée à la rubrique femme de Mali 24. Interview !
Mali24 : Dr Maïga, pouvez-vous présenter à vos lecteurs ?

Dr Maiga : Je suis Mahamane Maïga, médecin généraliste, encadreur titulaire au Centre Islamique de Formation et de Documentation (CIFOD), promoteur de l’Institut Islamique Al HIKMA, qui évolue sur trois axes majeurs : la formation, l’expertise et le conseil. En outre, je suis secrétaire général de plusieurs associations influentes de la jeunesse islamique du Mali, ce qui me permet d’être actif sur les questions de leadership religieux et d’éducation islamique. Mon parcours m’a amené à traiter des questions religieuses depuis plus d’une décennie, en particulier sur des thématiques liées à l’éducation islamique, la santé et les valeurs familiales en Islam.

Selon vous, quelle place occupe la femme dans l’islam ?

L’Islam accorde à la femme une place centrale et noble dans la société. Elle est reconnue en tant que mère, épouse, fille et actrice de la communauté. Allah dit dans le Coran : « Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils ordonnent le bien, interdisent le mal, accomplissent la prière, s’acquittent de la zakât et obéissent à Allah et à Son messager. » (Sourate 9 At-Tawbah, Verset 71). Ce verset montre que la femme, tout comme l’homme, a une responsabilité sociale, spirituelle et morale. Elle a droit à l’éducation, au respect et à l’épanouissement personnel. Le Prophète (ﷺ) a dit : « Les meilleurs d’entre vous sont ceux qui sont les meilleurs envers leurs femmes. » (Rapporté par At-Tirmidhi et Ibn Mâjah). L’Islam insiste donc sur l’équité et le respect des droits des femmes dans tous les aspects de la vie.
Que dit l’Islam concernant l’autonomisation de la femme ?
L’Islam honore la femme et lui accorde des droits tout en respectant sa nature et son bien-être. Elle peut s’épanouir dans tous les domaines tant qu’elle respecte les principes de sa foi. Allah dit : « Aux hommes revient une part de ce qu’ils ont acquis, et aux femmes une part de ce qu’elles ont acquis. » (Sourate 4, An-Nisa, verset 32). Ce verset confirme que les femmes ont droit à leur propre revenu. Les épouses des compagnons du Prophète (ﷺ) travaillaient : Khadija (qu’Allah l’agrée) était une grande commerçante, Asma bint Abu Bakr (qu’Allah l’agrée) aidait son mari dans des activités agricoles, etc.
En effet, l’Islam a été la première religion à garantir à la femme : le droit à l’éducation (Iqra’ – Lis ! fut la première révélation), le droit au travail et à la propriété (Sourate An-Nisa, verset 32), le droit à une rémunération équitable, le droit à la dignité et au respect. Ainsi, toute initiative qui vise à donner aux femmes les moyens d’accéder à l’éducation, aux soins de santé et à l’indépendance financière dans un cadre conforme aux principes de l’Islam est bénéfique. Une femme peut choisir de travailler ou de rester au foyer, mais ce choix doit être fait en toute liberté, sans pression sociale ou familiale.
En quoi l’Islam s’oppose à l’autonomisation de la femme ?
L’Islam valorise la complémentarité entre l’homme et la femme, alors que certains courants féministes prônent une lutte des sexes qui pousse à une opposition systématique entre hommes et femmes. Des pratiques qui entrent en contradiction avec l’islam telles que : l’application d’un modèle de vie individualiste où la femme est encouragée à rejeter le mariage et la maternité comme des contraintes ; l’adoption des modèles de vie et des comportements qui ne respectent pas les règles de la pudeur et de la décence islamique (abandon du hijab, mixité excessive, rejet des rôles familiaux traditionnels) ; la rupture avec les valeurs de la modestie et de la responsabilité spirituelle, etc. Ces pratiques dévalorisent le rôle de la femme au foyer alors que l’Islam considère qu’une mère qui élève des enfants pieux accomplit une mission honorable et mérite une récompense énorme auprès d’Allah.
Un homme peut-il interdire à sa femme de travailler ?
Dans la charia, le mariage repose sur la bienveillance et le respect mutuel. Le mari ne doit pas être injuste envers sa femme, ni lui imposer un choix douloureux. Allah dit dans le Coran : « Et comportez-vous convenablement envers elles. » (Sourate An-Nisâ’ 4:19). Le travail de la femme n’est pas interdit en Islam tant qu’il respecte certaines conditions (respect de la pudeur, pas de mixité excessive, équilibre avec les obligations familiales, etc.). Le Prophète ﷺ n’a jamais empêché les femmes de travailler. Par exemple, Asma bint Abou Bakr et d’autres femmes travaillaient à l’époque du Prophète ﷺ. Cependant, un mari peut exprimer son avis si le travail de sa femme nuit à sa famille. Mais il ne doit pas l’interdire sans raison valable ni la contraindre par des chantages émotionnels. Utiliser la menace ou le chantage pour forcer une femme à choisir entre son travail et son mariage est une attitude injuste qui va à l’encontre des principes islamiques de justice et de respect. Le Prophète ﷺ a dit : « Le meilleur d’entre vous est celui qui est le meilleur envers sa femme. » (Rapporté par At-Tirmidhi, 3895 ; Ibn Majah, 1977 – authentifié par Al-Albani).
La femme peut-elle se battre pour ses droits en Islam ?
Oui, l’Islam reconnaît les droits de la femme et lui permet de les revendiquer d’une manière respectueuse et légitime. Allah dit : « Et ne convoitez pas ce qu’Allah a attribué aux uns plus qu’aux autres. Aux hommes, une part de ce qu’ils ont acquis, et aux femmes, une part de ce qu’elles ont acquis. Demandez à Allah de Sa grâce. » (Sourate An-Nisâ’ 4:32).
Une femme a donc le droit de revendiquer ses droits sans transgresser les règles de l’Islam. Par exemple, une femme à l’époque du Prophète ﷺ est venue protester contre une injustice, et Allah a révélé : « Allah a bien entendu la parole de celle qui discute avec toi au sujet de son mari et se plaint à Allah. » (Sourate Al-Mujadila 58:1). Cette révélation montre que les plaintes des femmes sont prises en compte par Allah et que la femme peut demander justice.
Quels sont les conseils que les couples peuvent tirer de l’autonomisation ?
La femme a le droit de travailler si cela ne nuit pas à ses obligations familiales. Comme l’a dit le Prophète ﷺ : « L’injustice sera ténèbres au Jour de la Résurrection. » (Rapporté par Muslim, 2579). En Islam, l’équilibre entre les responsabilités familiales et professionnelles est essentiel. Une femme qui donne la priorité à son travail au détriment de son foyer peut être confrontée à plusieurs dangers, tant sur le plan spirituel que social. Cependant, l’Islam ne lui interdit pas de travailler, mais lui recommande de respecter un certain équilibre. L’Islam reconnaît la femme comme un pilier central du foyer. Le Prophète ﷺ a dit : « La femme est la gardienne du foyer de son mari et responsable de ce qui lui est confié. » (Rapporté par Al-Bukhari et Muslim). Cela signifie que sa responsabilité principale est de veiller sur son foyer, ses enfants et son mari. Si elle néglige cet aspect pour privilégier son travail, des conséquences peuvent en découler telles que : le déséquilibre familial, les problèmes conjugaux et l’impact sur l’éducation des enfants car une présence maternelle insuffisante peut impacter le développement spirituel et moral des enfants.
Le Prophète ﷺ a dit : « La meilleure des femmes est celle qui, lorsqu’on la regarde, elle réjouit (son mari), lorsqu’on lui ordonne, elle obéit, et lorsqu’il est absent, elle préserve son honneur et ses biens. » (Rapporté par Ibn Majah, 1857, et authentifié par Al-Albani). Cela montre que l’épouse idéale en Islam est celle qui accorde une attention particulière à son foyer tout en respectant son mari.
Le mari et la femme doivent discuter et trouver un équilibre entre travail et famille. L’objectif est de préserver l’harmonie familiale tout en permettant à la femme de s’épanouir dans un cadre compatible avec sa foi.
Ainsi, l’essentiel pour une femme musulmane est de trouver un équilibre entre son rôle familial, sa spiritualité et son activité professionnelle. L’homme et la femme doivent construire leur relation sur l’équilibre, la compréhension et le respect mutuel, sans oppression ni injustice. La véritable dignité de la femme réside dans sa relation avec Allah et dans sa capacité à équilibrer ses différents rôles avec sagesse et discernement.
Propos recueillis par Kada Tandina
Mali24.info

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