Économie : Qu’est-ce qui se trame dans l’industrie du fer au Mali ?
Un pilier essentiel de l’industrie, le secteur du fer à béton, fournisseur de milliers d’emplois et contributeur majeur aux finances maliennes, est actuellement en proie à des secousses. La cause ? Les actions de la Direction générale du commerce, de la consommation et de la concurrence (DGCC), relevant du ministère de l’Industrie et du Commerce.
Récemment, Bamako a été secouée par des effondrements d’immeubles, provoquant des dégâts et des pertes humaines. Ces tragédies ont suscité une réaction émotionnelle du public, entraînant rapidement un questionnement sur la qualité du fer utilisé dans la construction de ces bâtiments. La DGCC et l’Agence malienne de métrologie (AMAM), se basant sur des « indices graves et concordants » et agissant sous les ordres du ministre de l’Industrie et du Commerce, ont lancé des opérations de contrôle visant principalement à lutter contre la fraude sur les dimensions du fer à béton. Les professionnels du secteur ont toutefois été surpris de voir une campagne de dénigrement de la production locale de fer à béton par voie de presse, sans enquête étayant ces allégations.
Selon eux, les causes des effondrements sont multiples et ne peuvent être attribuées uniquement à la qualité du fer produit localement. Ils dénoncent ces déclarations comme « calomnieuses, fausses et infondées », soulignant que les négligences telles que le non-respect des normes de construction, la vétusté, les infiltrations d’eau et le stockage de marchandises lourdes sont autant de facteurs contribuant aux effondrements.
Malgré cela, la DGCC, se prévalant de la « sécurité des Maliens » et de la nécessité de protéger les consommateurs, a pris des mesures draconiennes, notamment le retrait complet du fer du marché. Bien que cette décision ait suscité l’opposition des commerçants, la DGCC a maintenu sa position, convoquant ultérieurement les industriels du fer à béton et les sommant de reconnaître une fraude sur les mesures du fer, ainsi qu’une situation d’abus de faiblesse. Les industriels refusant de signer ces procès-verbaux, arguant du manque de dispositions légales à cet effet, ont soulevé la question de la légalité de telles mesures, étant donné l’absence de réglementation sur le diamètre et la longueur du fer au Mali.
La DGCC a ensuite exigé que les unités industrielles obtiennent un visa du notaire pour bénéficier des permis d’importation, une décision qualifiée d’« aberrante » par certains industriels. Cette mesure semble soulever des questions sur l’équité, car une société, IMAFER, semble échapper aux sanctions de la DGCC, suscitant des soupçons de concurrence déloyale.
Certains acteurs du secteur craignent que la société IMAFER, dans une manœuvre habile, pousse les autorités à augmenter les prix du fer, étouffant ainsi la concurrence. Ces manœuvres pourraient également entraîner une hausse significative des prix sur le marché, pénalisant les consommateurs déjà éprouvés par une conjoncture difficile, malgré la tendance mondiale à la baisse des cours de l’acier.
Face à ces menaces, les employés des unités industrielles du secteur du fer ont formé un Collectif des Travailleurs de l’Industrie du Fer (CTIF) pour préserver leur outil de travail et défendre leurs intérêts moraux contre les agissements de certaines structures du ministère de l’Industrie et du Commerce. La situation reste tendue, avec des enjeux importants pour l’avenir de ce secteur crucial au Mali.