Entre Nous: Les pouvoirs en Afrique
Le vendredi 22 août 2025, le représentant du Ministère public, le général Lucien René Likulia, a requis, devant les juges de la Haute Cour militaire, la peine de mort contre l’ancien Président Joseph Kabila, jugé par contumace pour « crimes de guerre » ; « trahison » et « organisation d’un mouvement insurrectionnel ». Il a aussi requis vingt ans de prison pour « apologie de crimes de guerre » et quinze ans de prison pour « complot » contre le prédécesseur de Félix Tshisekedi. Le fils de Laurent Désiré Kabila est accusé de complicité avec le groupe armé M23 qui mène une guerre implacable contre le régime de Kinshasa. Le secrétaire général adjoint du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), la formation politique de Joseph Kabila, a dénoncé à l’Agence France Presse (AFP) un « procès politique » de la part d’un « régime qui cherche à dissimuler son échec diplomatique et militaire ». Ironie du sort ! l’histoire retient, en effet, que c’est le même Joseph Kabila qui, au fort de sa puissance, a manœuvré pour transformer les résultats de l’élection présidentielle afin de déclarer Félix Tshisekedi vainqueur au détriment de Martin Fayulu, lequel avait gagné dans les urnes, selon plusieurs observateurs, notamment la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). Selon toute vraisemblance, le Président Kabila et son clan jugeaient le candidat Fayulu trop hostile à la sauvegarde de leurs intérêts. Et aujourd’hui, l’ancien Président est sous la menace d’une condamnation à la peine capitale, donc une exécution si la Cour suivait le ministère public dans son réquisitoire. Le pouvoir a ses raisons que la raison elle-même ignore. Dans le jeu trouble de son exercice, l’allié d’aujourd’hui peut devenir l’adversaire de demain. Tout comme l’adversaire d’aujourd’hui peut être l’allié de demain. Sinon qui pouvait imaginer que Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Delly Sesanga et Joseph Kabila se mettraient ensemble pour signer, le 1er mai 2025, une déclaration commune appelant au dialogue dans la résolution de la guerre ? Qui pouvait croire que Félix Tshisekedi traquerait Joseph Kabila au point de vouloir le faire passer à la guillotine ? Entre Félix et Joseph, il y a certainement un deal secret ignoré du peuple congolais. Un deal au cœur duquel se trouvait l’ancien président de la CENI de la RDC, non moins chef de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC), la branche politique du M23, Corneille Nangaa. Et aujourd’hui, il apparait clairement que quelqu’un n’a pas respecté ses engagements. Et si le Président Félix Tshisekedi dévoilait les termes de ce deal secret ? Ou si Joseph Kabila éclairait le peuple congolais sur ce qui n’a pas marché entre son successeur et lui ? Au rythme où évoluent les évènements, la République démocratique du Congo continuera à être un terrain de confrontations entre les différents protagonistes qui se battront jusqu’au bout pour garder le pouvoir ou en avoir le contrôle. Les populations resteront piégées au milieu d’une guerre obscure visant à satisfaire les intérêts d’un groupuscule d’individus, prêt à tout pour conserver ou reconquérir leur influence sur la marche du pays.
le challenger
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