Politique

Entre Nous : Qui pour donner l’exemple ?

Des stars spécialisées dans l’improvisation de louanges et autres   faiseurs de réputation ‘’arrosés’’ de millions de francs CFA. Parfois de l’or. Comme au bon vieux temps. Et puis, quoi encore ? Des véhicules ‘’dernier cri’’ dont la valeur vénale permettrait de construire et d’équiper des salles de classes ou doter des infrastructures sanitaires d’équipements et de médicaments. 

Mais à quelles occasions  ces hauts faits de descendants de Kankou Moussa? ‘’Baptême Mondial’’, ‘’Mariage Mondial’’, si ce n’est ‘’Méga Sumu Mondial’’….Ah oui, il faut que ça se raconte ! A coups de superlatifs ! Car y a pas deux dans le monde. Ou c’est sans précédent… 

Voilà un phénomène de société qui révèle l’incroyable talent du Malien, difficile à situer entre prétendue ‘’résilience’’ et l’insouciance pour ne pas écrire plus. Le contraste est si saisissant dans le contexte actuel qu’on se demande si la solidarité a un sens dans ce pays.  

Ces scènes d’exhibition mettent souvent aux prises des opérateurs économiques se disputant une notoriété à l’aune des commentaires  dans les grins, les réseaux sociaux et les medias. C’est à qui mieux mieux. Sensibles et réactifs aux louanges et chants de sirènes, ils n’ont cure des bruits de tubes digestifs dans un pays dont la majorité habitants vit en deçà du seuil de pauvreté. Philanthropie ? Circulez  y a rien à voir !

Entre nous, un opérateur économique qui s’acquitte correctement de ses obligations vis-à-vis du fisc et gagne à la régulière peut-il s’amuser ainsi avec le fruit de son travail ? N’est-ce pas intrigant qu’une personne, dont on ignore quelque activité génératrice de revenu que ce soit à son actif, fasse don de liasses de billets et de véhicules de luxe comme si c’étaient des cacahuètes ? 

Sous bien d’autres cieux, où c’est automatique, il y a bien de quoi inciter les pouvoirs publics à chercher à y voir clair. Surtout dans notre pays où la délinquance financière, dont le blanchiment d’argent,  est devenue un exploit dont on se vante ! Que nenni ! Que non, comme dirait un célèbre latiniste. L’argent n’est ni sale ni odorante au Mali. Ces scènes laissent de marbre les acteurs de la police économique et les parquets pourtant spécialisés dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière ou en charge de la répression du blanchiment d’argent.   

 «Il n’y a pas un grand opérateur économique qui ne vole pas les impôts» au moyen de faux bilans et de faux chiffres d’affaires pour échapper aux services du fisc révélait, au Mémorial Modibo Kéita le 26 juin 2019, Mamadou Bandiougou Diawara, alors Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de la commune III. C’était à l’occasion d’une formation de journalistes sur les rôles et responsabilités du Pôle économique et financier dans le cadre de l’exécution du Projet «Amélioration de la gouvernance et de la lutte contre la corruption» du Réseau Plaidoyer et Lobbying (Rpl). Le parquetier a souligné qu’en matière de fraude fiscale, l’opportunité de la poursuite appartient au ministre des Finances.  

 Alors pourquoi pas un petit regard sur ce registre ? Cela permettrait d’améliorer les recettes publiques pour plus d’actions de développement au profit des populations. Mais le préalable, qui est le changement de comportement, est exigé de tous, par l’acte et non par le verbe. Qui pour donner l’exemple ? Là, c’est le hic. 

Par Chiaka Doumbia

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