Face à la sècheresse: Les femmes du Mali inventent la résilience
Pendant que la planète terre fait face à des défis environnementaux sans précédent, les femmes du Mali inventent la résilience pour faire face à la sècheresse, l’une des conséquences du dérèglement climatique.
Selon Dr Adiaratou Traoré, spécialiste environnementale, le changement climatique qui est aujourd’hui l’un des défis majeurs provoque des dérèglements extrêmes comme la sécheresse, des inondations et des vagues de chaleurs. « La déforestation, la pollution et l’urbanisme détruisent les habitats naturels de nombreuses espèces. Or, la biodiversité est essentielle au bon fonctionnement des écosystèmes, à la sécurité alimentaire et à la stabilité climatique ».
De l’avis de Dr Adiaratou Traoré, les femmes jouent un rôle fondamental dans la protection de l’environnement. Elles sont en premières ligne pour gérer l’eau, la nourriture, ou les déchets. Ce qui les rend très conscientes des enjeux écologiques, précise-t-elle. Face à la sécheresse en Afrique de l’Ouest, et particulièrement au Mali, explique la spécialiste environnementale, les femmes peuvent adopter plusieurs comportements et stratégies pour atténuer les impacts de cette crise environnementale.
Selon, Dr Adiaratou Traoré, les femmes doivent adopter de pratiques agricoles résilientes. « Elles peuvent se former à des techniques agricoles adaptées aux conditions de sécheresse, la culture de variétés de plantes résistantes à la sécheresse, l’utilisation de techniques de conservation des sols et l’irrigation goutte à goutte. Cela permet de maximiser la productivité tout en minimisant l’utilisation de l’eau ». Elle appelle les femmes à promouvoir « des pratiques de gestion durable de l’eau, comme la collecte des eaux de pluie, la construction de réservoirs ou l’utilisation de systèmes de filtration pour améliorer l’accès à l’eau potable ». À ses dires, « les femmes peuvent également jouer un rôle clé dans l’éducation de leur communauté sur les effets de la sécheresse et les pratiques durables. Elles peuvent organiser des ateliers pour partager des connaissances sur la gestion des ressources naturelles et les techniques de résilience ».
Selon Dr Adiaratou Traoré, la création de réseaux de solidarité est aussi un moyen efficace pour former des groupes de femme au sein desquels, elles peuvent partager des ressources, des informations et des stratégies pour faire face à la sécheresse. « Ces réseaux peuvent également faciliter l’accès à des financements ou à des formations ».
Mme Fatoumata Diallo est agricultrice. Elle cultive la terre depuis plus 30 ans pour couvrir ses besoins. « Le dérèglement climatique nous pose d’énormes dégâts ces derniers ans », souligne-t-elle. « Avec la sécheresse, je change de culture et adapte d’autres pour m’en sortir », dit-elle. Pendant le froid, elle cultive la salade et d’autres variétés qui peuvent survivre à cette situation. Pendant la saison des pluies, elle cultive le gombo, la ciboulette et d’autres espèces qui peuvent supporter plus d’eau. Me Fatoumata Diallo pointe du doigt aux inondations qui posent beaucoup de problèmes. Car les jardins qui sont au bord de la rivière sont souvent envahis par l’eau et sans solution
Âgée de 44 ans, Mme Awa Kanté vit de la terre depuis de sa naissance. Elle cultive le maïs, l’arachide et le haricot. « Je cultive le haricot en quantité car, j’ai deux ou trois bénéfices. Je vends le haricot, je retire la part familiale. Les tiges et les feuilles servent d’aliments de bétail que je vends aux éleveurs », commente-t-elle. Face au changement climatique, Mme Awa Kanté s’adapte pour continuer à mener son activité. « Il y a une ONG qui est venue nous former à des techniques agricoles telles que les Zaï, demi-lunes, les cordons pierreux etc. C’était pour nous aider à faire face aux défis du changement climatique. Ils nous ont également fournis des semences améliorées qui permettent de cultiver en tout le temps et d’avoir beaucoup de rendement durant une période plus courte. Ce qui nous a beaucoup aider durant les périodes de la sécheresse », nous confie Awa Kanté.
La journée internationale de l’environnement, célébrée le 5 juin, à travers le monde, fut une belle opportunité pour éveiller les consciences et à encourager certains gestes pour préserver notre environnement.
Kourotoume Doumbia
Ismahila Koumaré, Chef Service Climatologie et changement climatique à Mali Météo
« Les saisons semblent décalées parce que le climat mondial est en train de changer »
Ismahila Koumaré est Chef Service Climatologie et Changement climatique à l’agence Mali Météo. Il nous s’explique les liens entre météo et climat, le changement climatique et la variabilité climatique.
Pouvez-vous nous parler du rôle des météorologistes dans l’éducation climatique du public ?
La responsabilité d’un météorologiste ne s’arrête pas à la rigueur de ses prévisions. Elle s’étend à sa capacité à faire comprendre, à faire réfléchir, et peut-être, à faire agir. Ainsi, elle s’inscrit dans une dynamique durable de sensibilisation, de formation et d’engagement citoyen. Il s’agit aussi de contextualiser les événements extrêmes, de nommer les causes, de présenter les impacts concrets sur la biodiversité, sur la santé, sur les ressources, et d’ouvrir des pistes d’adaptation a laissé entendre.
Quelles régions de notre pays sont les plus vulnérables au changement climatique ?
Le Mali est confronté à une variété de défis climatiques qui varient selon les régions. Les zones sahariennes et sahéliennes du nord sont particulièrement vulnérables à la sécheresse et à la désertification, tandis que les régions du sud font face à des défis liés à l’agriculture et à la gestion des ressources naturelles (Érosion des sols, Variabilité climatique et Pression démographique). Les zones urbaines, comme Bamako, sont également exposées à des risques climatiques spécifiques (inondations récurrentes, conflits…).
Pourquoi les saisons semblent-elles se dérègler ces dernières années ?
Le principal moteur du dérèglement des saisons, c’est l’augmentation de la température moyenne de la terre due à l’accumulation de gaz à effet de serre (CO2, méthane, etc.). Cela modifie les cycles naturels des vents, des pluies et des températures. Ce qui fait que les périodes de chaleur ou de froid ne suivent plus les schémas habituels.
Modification des courants atmosphériques et océaniques. Les saisons sont régies par de grands mouvements atmosphériques (comme la mousson, les alizés, ou le jet-stream) et océaniques (comme El Niño/La Niña). Les courants deviennent de moins en moins stables, donc les pluies peuvent arriver plus tôt ou plus tard, ou tomber en plus en grande quantité sur une période courte.
Changements dans le cycle de l’eau. Le changement climatique perturbe l’évaporation et la formation des nuages. Ce qui fait que certaines zones reçoivent trop de pluie soudainement et d’autres pas assez du tout.
Des activités humaines comme la déforestation, la surexploitation des sols, l’industrialisation ou l’urbanisation contribuent également à dérégler les saisons et amplifient les effets du changement climatique mondial.
En résumé, les saisons semblent décalées parce que le climat mondial est en train de changer. Ce dérèglement est causé par le réchauffement climatique, qui modifie les équilibres naturels entre températures, vents, pluies et cycles agricoles.
Comment le changement climatique affecte-t-il les évènements météorologiques extrêmes (canicules, tempêtes, inondations etc.) ?
Le changement climatique ne crée pas directement tous les événements météorologiques extrêmes, mais il les rend plus fréquents, plus intenses et parfois plus dangereux.
Par exemple : Le réchauffement global augmente la température moyenne de l’air.
Résultat, les vagues de chaleur sont :
Plus fréquentes (plusieurs fois par an dans certaines régions).
Plus longues (elles durent plus de jours).
Plus intenses (avec des pics de chaleur plus élevés).
Le changement climatique aggrave les événements météorologiques extrêmes : plus de canicules, plus d’inondations soudaines, plus de tempêtes violentes, et plus de sécheresses sévères. Cela entraîne des conséquences graves sur la santé, l’agriculture, les habitations et la sécurité.
Propos recueillis par
Kourotoume Doumbia
mali24
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