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Feu vert des 27 sur le réarmement de l’Europe… mais la Hongrie rejette la stratégie de soutien à l’Ukraine

Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne ont donné un premier feu vert, jeudi à Bruxelles, au grand plan “Réarmer l’Europe” à 800 milliards d’euros. La Commission européenne est appelée à le développer en urgence, alors que les États-Unis ont amorcé un désengagement en Ukraine. Mais ils ne sont que 26 à avoir approuvé un texte ad hoc sur la stratégie de soutien à l’Ukraine, que le dirigeant hongrois Viktor Orban rejette.

C’est le fulgurant rapprochement des États-Unis de Donald Trump avec la Russie de Vladimir Poutine qui avait poussé le président du Conseil européen, Antonio Costa, à convoquer ce sommet extraordinaire. L’altercation, vendredi dernier à la Maison-Blanche, entre Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, suivie de la suspension par Washington de son aide militaire et en renseignement à Kiev, ont accentué l’urgence.

Quelles garanties de sécurité pour l’Ukraine ?

De nombreux pays de l’UE et de l’Otan ont déjà commencé à esquisser une coalition de pays de bonne volonté pour offrir des garanties de sécurité à un éventuel règlement de paix durable en Ukraine, à l’initiative notamment de la France et du Royaume-Uni. De son côté, Donald Trump continue de convoiter les minerais ukrainiens sans apporter de garanties de sécurité au pays agressé, une tâche qu’il semble vouloir laisser aux Européens.

Investissements militaires

Mardi, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a présenté un grand plan de l’UE devant aider les États membres à investir massivement dans leurs défenses. Il était attendu que l’unité des Européens reste forte sur ce volet des conclusions. Ce jeudi, les Vingt-sept ont donc “pris note” du principe d’un nouvel instrument commun de 150 milliards d’euros, que la Commission emprunterait aux marchés à taux avantageux pour prêter aux États membres qui y trouveraient leur intérêt. Les gouvernements nationaux pourraient ainsi investir dans une série d’armements prioritaires.

Armements prioritaires

L’identification de ces armements prioritaires est en soi une grande avancée européenne, selon plusieurs sources. Y figurent la défense antiaérienne et antimissile ; les systèmes d’artillerie, y compris les capacités de frappe de précision en profondeur ; les missiles et les munitions ; les drones et les systèmes anti-drones ; les développements stratégiques, y compris dans le spatial (les constellations de satellites) et la protection des infrastructures critiques ; la mobilité militaire ; le cyberespace ; l’intelligence artificielle et la guerre électronique.

Règles budgétaires assouplies

Une autre piste qui fait consensus concerne la flexibilité accrue des règles budgétaires européennes, pour éviter que l’augmentation des dépenses en défense ne déclenche ou ne pèse sur les procédures de déficit excessif. Les pays les plus endettés en sont particulièrement demandeurs, mais les conclusions prennent bien soin de souligner la nécessité de garantir la soutenabilité de la dette.

Jusqu’à 800 milliards d’euros

Trois autres pistes, à savoir l’utilisation de fonds structurels de cohésion à des fins de défense, la mobilisation de capitaux privés et l’extension à la défense des investissements de la BEI, peuvent aussi poursuivre leur chemin. Au total, ce premier paquet de mesures UE pourrait faire levier pour des montants allant jusqu’à 800 milliards d’euros, selon Mme von der Leyen. Les équipes de la Commission doivent maintenant développer les textes légaux, avec en point de mire le sommet “régulier” des 20 et 21 mars prochains. Davantage est à venir : la Commission doit aussi présenter un livre blanc sur la défense européenne le 19 mars. Des nouvelles mesures pourraient encore intervenir au sommet de juin.

À 27 moins Budapest sur le volet ukrainien

Les dirigeants ont abordé dans la foulée les lignes stratégiques de soutien à l’Ukraine, contre lesquelles le Premier ministre hongrois, aligné sur la politique de Donald Trump et en bons termes avec Vladimir Poutine, avait menacé de poser son veto. Cela n’a pas freiné la volonté des autres États membres d’avancer. Reprenant une astuce déjà utilisée par Charles Michel fin 2023 sur la révision du budget pluriannuel de l’UE, Antonio Costa a fait valider un texte à part, annexé aux conclusions, après s’être assuré d’avoir amadoué le Premier ministre slovaque Robert Fico. Ce dernier avait lui aussi fait planer la menace d’un refus. Il était surtout inquiet pour l’approvisionnement énergétique de son pays, désormais privé du gaz russe qui transitait par l’Ukraine. Un paragraphe a été ajouté à ce sujet, appelant à la recherche d’une solution.

La stratégie ukrainienne dans les grandes lignes

Les grands principes européens d’une éventuelle négociation de paix sont, quoi qu’il en soit, affirmés “fermement”, écrivent les Vingt-six, y compris l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières reconnues internationalement. Pas de négociation sur l’Ukraine sans l’Ukraine ; pas de négociation touchant à la sécurité de l’Europe sans impliquer l’Europe ; toute trêve ou cessez-le-feu ne peut avoir lieu que dans le cadre d’un processus menant à un accord de paix global ; ce dernier devra être accompagné de garanties de sécurité “crédibles et robustes”, afin de dissuader la Russie d’agression future. Les 26 signataires appellent aussi à accroître le soutien financier à l’Ukraine, tout en accélérant le versement des 30,6 milliards d’euros déjà prévus pour cette année.

Bart De Wever a dû quitter la réunion “d’urgence”

Le sommet n’était pas terminé pour autant. Les dirigeants européens poursuivaient leurs échanges de vues sur l’Ukraine autour du dîner. En l’absence cette fois du Premier ministre belge Bart De Wever, qui a dû quitter le cénacle “pour des raisons familiales urgentes”.

Source : AFP / Belga

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